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Union africaine

Quel avenir pour l'Union africaine?

Réunis à Lomé du 10 au 12 juillet, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA planchent sur le vieux rêve de fédération africaine, défendu en son temps par l'ancien président ghanéen Kwame Nkrumah et relancé récemment par Mouammar Kadhafi. Au programme également de ce sommet de l'Organisation de l'unité africaine : les questions du sida, de la dette extérieure et les conflits qui divisent le continent.
Les portraits géants de Mouammar Kadhafi qui ornent les rues de la capitale togolaise annoncent la couleur : le dirigeant libyen, en phase de réinsertion dans la communauté internationale, est la vedette de ce 36e sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Le projet d'Union africaine, sorte de fédération des pays du continent noir, qu'il soutient activement, est au centre de la conférence des chefs d'Etat, marginalisant quelque peu les autres sujets à l'ordre du jour.

Le Togo, qui va succéder à l'Algérie à la tête de l'organisation, le soutient fermement aux côtés d'autres pays d'Afrique de l'ouest, dont le Burkina Faso et le Tchad, qui bénéficient des largesses du numéro un libyen. Et le chef de l'Etat togolais, Gnassimbé Eyadema, qui compte bien sur sa présidence pour redorer une image internationale ternie, espère qu'un consensus sur ce projet sera obtenu à l'issue de la conférence. Selon des sources autorisées, Mouammar Kadhafi souhaite en effet une approbation de principe de son projet à Lomé, avant la tenue d'une réunion extraordinaire à Syrte. Rencontre qui précéderait le prochain sommet de l'organisation en 2001, dont le chef de la Jamahiriya voudrait bien voler la tenue à la Zambie et qui enterrerait définitivement l'OUA.

Les ministres étalent leurs divisions

Le grand projet panafricaniste de Kadhafi est pourtant loin de faire l'unanimité en Afrique. Ces derniers jours, les ministres des Affaires étrangères, réunis en prélude à l'ouverture du sommet, ont étalé leurs divisions. Plusieurs Etats, en particulier d'Afrique australe avec à leur tête l'Afrique du Sud, ont exprimé leurs réticences, soulignant " qu'on ne peut pas créer du jour au lendemain une union continentale à l'image de l'Europe avec 53 pays ". " Le projet libyen va très vite, renchérit un diplomate d'Afrique centrale, mais pour être franc, il suscite beaucoup d'inquiétudes, car il risque de couper l'OUA en deux. "Les débats sur l'Union africaine ont presque occulté les autres questions inscrites à l'agenda de ce 36e sommet, dont le sida, la dette ou les conflits régionaux, avec en tête de liste la concrétisation du fragile processus de paix entamé à Alger, le 18 juin dernier, entre l'Ethiopie et l'Erythrée, après deux ans de guerre. Un dossier dont le Togo souhaite qu'il reste entre les mains de l'Algérie, qui a réussi là où tous les autres médiateurs avaient échoué, et constitue l'un des rares succès de l'OUA dans le règlement des nombreux conflits africains, dont il est également question à Lomé.

Outre la situation en Sierra-Leone, aux Comores ou au Sahara occidental, celle du Congo démocratique devait être discutée, mais au sein d'une réunion restreinte, dont la portée est incertaine depuis l'annonce de l'absence de Laurent Désiré Kabila. Avec la Namibie, Kabila a finalement décidé de ne pas se rendre à Lomé par " solidarité " avec son allié angolais, absent pour cause de boycott, qui accuse le président Eyadema de soutenir l'opposition armée de l'UNITA aux côtés du Burkina Faso. Autre grand absent du sommet : la Côte d'Ivoire. Exclue de même que les Comores pour cause de coup d'Etat militaire, elle fait les frais de la nouvelle ligne que s'est fixée l'OUA à l'égard des régimes putschistes.

Parmi les autres dossiers africains, les participants se sont entendus pour écarter les soubresauts récents au Zimbabwe, qui a connu une très violente campagne électorale. Ils devaient en revanche discuter des suites à donner au premier sommet OUA-Union européenne du Caire, en avril dernier, dont la seconde édition est prévue pour 2003 au Portugal. Autre sujet de débat : le projet européen de Conférence sur la stabilité et la coopération dans la région des Grands Lacs, alors que l'OUA vient de publier son rapport sur le génocide rwandais de 1994. Enfin, plusieurs pays soumettent des propositions aux chefs d'Etat, comme l'Ouganda, qui milite pour une Convention régionale de coopération judiciaire et d'extradition, ou le Tchad qui souhaite la conclusion d'un accord entre l'OUA et le COMESA (Marché commun des Etats de l'Afrique orientale et australe).



par Christophe  Champin

Article publié le 10/07/2000