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Union africaine

L'Angola entraîne la RDC et la Namibie dans son boycott

L'Angola boycotte le sommet de Lomé, malgré les efforts déployés par le gouvernement togolais. Luanda entraîne dans son sillage la RDC et la Namibie. Le président angolais Dos Santos entend protester contre l'arrivée à la tête de l'OUA du président Eyadema qu'il accuse de collusion avec les rebelles armés de l'UNITA.
Une fois de plus les conflits en Afrique û au Sierra Leone, en RDC, en Angola, dans la Corne de l'Afrique ou au Soudan û sont à l'ordre du jour du sommet annuel de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) qui se tient du 10 au 12 juillet à Lomé. Mais les autorités togolaises n'ont pas réussi à convaincre les Angolais d'y participer alors que Luanda a largement échoué dans ses efforts d'obtenir un boycottage du Togo dont le chef d'Etat Gnassingbe Eyadema, appelé à devenir le prochain président en exercice de l'OUA, a été mis en cause dans un rapport des Nations-Unies pour ses liens avec l'opposition armée angolaise.

Soucieux d'avoir une participation importante de chefs d'Etat ou de gouvernements africains et de contrer l'appel au boycott angolais, le Togo a envoyé des émissaires un peu partout y compris à Luanda. L'Angola qui s'y est pris "trop tard, alors qu'il pouvait déjà agir au sommet euro-africain du Caire", selon des diplomates occidentaux, a vainement essayé de persuader les pays africains de demander la tenue du sommet ailleurs qu'à Lomé, voire de ne pas se rendre dans la capitale togolaise. Il a fait valoir que le rapport du canadien Robert Fowler ordonné par le Conseil de sécurité de l'ONU avait mentionné le nom du président Eyadema, comme celui du Burkinabé Blaise Compaoré, parmi les personnes impliquées dans des trafics de diamants et d'armes avec l'UNITA en violation de l'embargo décidé par la communauté internationale.

Windhoek et Kinshasa "solidaires" de l'Angola

Luanda a notamment essayé de peser auprès de ses voisins d'Afrique australe et centrale, envoyant ses représentants dans plusieurs pays africains. Parmi les pays de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe), deux ont toutefois prêté une oreille complaisante aux griefs de l'Angola : la Namibie, qui s'estimant lâchée par l'Afrique du Sud et le Mozambique a annoncé après hésitation qu'elle boycottait le sommet, et surtout la RDC, dont le président Kabila ne fait pas non plus le voyage de Lomé par "solidarité" avec Luanda, son allié militaire dans la guerre contre la rébellion en cours dans son pays.

Luanda a aussi dépêché auprès du sommet extraordinaire de la CEEAC (Communauté économique des Etats d'Afrique centrale), fin juin à Libreville, son ministre des Affaires étrangères Joao Miranda qui a présenté le point de vue de son pays. Si les participants ont exprimé leur solidarité avec l'Angola et lancé un appel pour que les pays africains respectent les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, ils ont recommandé que la question "fasse l'objet d'un examen approfondi" au sommet de Lomé, point de vue partagé par les pays d'Afrique australe. Le communique final du sommet relève "les tendances de certains pays d'autres sous-régions d'Afrique à contribuer à la déstabilisation et à l'insécurité en Afrique centrale en général et en Angola en particulier" et lance un "appel pressant à tous les Etats africains afin que cessent ces actes contraires au respect des principes de fraternité et de solidarité inscrits dans la charte de l'OUA".

Le Togo a aussi fait des gestes, jugés insuffisants par Luanda. Les autorités ont ainsi annoncé avoir expulsé 56 Angolais dont des enfants ou de jeunes étudiants proches de l'UNITA. Le ministre togolais des Affaires étrangères Joseph Koffigoh a souligné que le président Eyadema avait décidé de créer les meilleures conditions pour que le sommet de Lomé atteigne ses objectifs. Il a précisé que tous ceux qui étaient associés à l'UNITA devaient quitter le Togo afin que toutes les délégations y compris celle de l'Angola se "sentent à l'aise". "L'Angola n'est pas satisfait avec ce qui a été fait à le gouvernement angolais ne considère pas que le Togo est de bonne foi", ont indiqué des responsables à Luanda. Selon des diplomates étrangers, les contacts entre les deux pays ne sont néanmoins pas complètement interrompus.



Article publié le 10/07/2000