Corse
Un assassinat qui menace le plan Jospin
L'ancien dirigeant nationaliste Jean-Michel Rossi a été assassiné le 7 août 2000, au lendemain des Journées internationales de Corte, rendez-vous traditionnel des nationalistes de l'Ile de beauté. Cette action sanglante pourrait porter un coup au projet gouvernemental visant à donner à la Corse une large autonomie, alors que d'autres mouvements régionalistes réclament des mesures similaires.
La violence politique s'est de nouveau manifestée en Corse, au lendemain même des Journées internationales de Corte, grand messe annuelle des nationalistes qui se tient dans la capitale historique de l'Ile. Lundi 7 août 2000 au matin, une fusillade a fait deux morts dans un bar de l'Ile-Rousse. Signe apparent des rivalités sanglantes au sein de la mouvance séparatiste, les victimes sont l'ancien dirigeant nationaliste Jean-Michel Rossi et son garde du corps. Jean-Michel Rossi était une figure historique du nationalisme corse, jusqu'à sa démission de la Cuncolta, vitrine légale du FLNC-Canal historique, en 1998, peu après l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac. Depuis, coauteur d'un livre sur les dérives mafieuses du nationalisme corse, il dénonçait l'action violente, même si certains le soupçonnaient d'être le fondateur de groupe clandestin Armata Corsa. Son assassinat a été condamné "fermement" par A Cuncolta et Corsica Nazione, le groupe des élus nationalistes à l'Assemblée territoriale. Si ce geste suscite l'inquiétude de la classe politique française, qui craint une nouvelle dérive sanglante en Corse, il pourrait également porter atteinte à l'accord de Matignon, censé précisément mettre un terme à la violence. Ce processus doit, à l'horizon 2004, et à condition que cessent les attentats nationalistes, octroyer aux élus corses le pouvoir d'adapter les lois sans contrôle du Parlement. Un texte avalisé par les élus corses le 28 juillet 2000, et abondamment commenté lors des Journées de Corte, non sans surenchère. Pour la plupart des nationalistes corses, ce plan va dans la bonne direction, mais il n'est qu'une étape vers l'indépendance.
En outre, il fait l'impasse sur les "prisonniers politiques", autrement dit les militants emprisonnés pour avoir commis des attentats. Jean-Guy Talamoni, chef du groupe Corsica Nazione, avertit que cette question devra être examinée rapidement, faute de quoi l'accord sera "nul et non avenu". Ces propos sont dénoncés par plusieurs partis politiques. Le porte-parole du RPR Patrick Devedjian estime que "le gouvernement aura des problèmes lorsqu'il sortira de l'ambiguïté". Le RPF de Charles Pasqua juge que le Premier ministre a mis le doigt dans "un engrenage infernal". Selon Georges Sarre, président délégué du MDC, le mouvement du ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement, "les nationalistes corses exploitent la brèche que l'abandon de la ligne républicaine par le gouvernement et l'impéritie du président de la République ont ouverte devant eux.(à). Ils n'ont pas renoncé à la violence clandestine, (à), ils bafouent la République en demandant l'amnistie des assassins et la remise en liberté des terroristes". La crainte de ces partis est d'autant plus vive que certains nationalistes ont laissé entendre qu'ils entendaient continuer à lutter "par tous les moyens". Et que d'autres mouvements régionalistes, conviés au rendez-vous de Corte, ne cachent pas leur intérêt pour le processus corse. Basques, Bretons, ou Catalans, ils voient dans le plan Jospin un précédent dont ils ont bien l'intention de s'inspirer. "Si de telles avancées sont possibles en Corse, déclare un responsable du mouvement breton Emgann, elles doivent être possibles en Bretagne et nous voulons nous engouffrer dans la brèche". Les Basques d'EMA (Mouvement patriote de gauche) pensent "que la question d'un statut d'autonomie pour le pays basque va évoluer grâce aux avancées obtenues par les Corses". C'est ce que la presse française appelle "la contagion", "l'effet boomerang", ou la "sainte alliance des nationalismes".
En outre, il fait l'impasse sur les "prisonniers politiques", autrement dit les militants emprisonnés pour avoir commis des attentats. Jean-Guy Talamoni, chef du groupe Corsica Nazione, avertit que cette question devra être examinée rapidement, faute de quoi l'accord sera "nul et non avenu". Ces propos sont dénoncés par plusieurs partis politiques. Le porte-parole du RPR Patrick Devedjian estime que "le gouvernement aura des problèmes lorsqu'il sortira de l'ambiguïté". Le RPF de Charles Pasqua juge que le Premier ministre a mis le doigt dans "un engrenage infernal". Selon Georges Sarre, président délégué du MDC, le mouvement du ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement, "les nationalistes corses exploitent la brèche que l'abandon de la ligne républicaine par le gouvernement et l'impéritie du président de la République ont ouverte devant eux.(à). Ils n'ont pas renoncé à la violence clandestine, (à), ils bafouent la République en demandant l'amnistie des assassins et la remise en liberté des terroristes". La crainte de ces partis est d'autant plus vive que certains nationalistes ont laissé entendre qu'ils entendaient continuer à lutter "par tous les moyens". Et que d'autres mouvements régionalistes, conviés au rendez-vous de Corte, ne cachent pas leur intérêt pour le processus corse. Basques, Bretons, ou Catalans, ils voient dans le plan Jospin un précédent dont ils ont bien l'intention de s'inspirer. "Si de telles avancées sont possibles en Corse, déclare un responsable du mouvement breton Emgann, elles doivent être possibles en Bretagne et nous voulons nous engouffrer dans la brèche". Les Basques d'EMA (Mouvement patriote de gauche) pensent "que la question d'un statut d'autonomie pour le pays basque va évoluer grâce aux avancées obtenues par les Corses". C'est ce que la presse française appelle "la contagion", "l'effet boomerang", ou la "sainte alliance des nationalismes".
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 16/08/2000