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Indonésie

Le système Suharto<br>

Il fut un temps, en Indonésie, où faire ses courses dans un centre commercial, aller à l'hôtel, passer un coup de fil sur son portable ou même fumer une cigarette, c'était enrichir, directement, la famille Suharto. De l'immobilier aux aéroports, de l'automobile aux télécommunications, jusqu'au monopole du clou de girofle: l'empire de la famille dirigeante était presque sans limites. On est allé jusqu'à estimer leur fortune à 100 milliards de dollars, soit la moitié du Produit national brut du pays.
Pendant 32 ans, jusqu'en 1998, l'histoire économique du pays et sa croissance, se sont confondues avec les comptes en banque du président Suharto, de sa femme, surnommée "Madame 10%", de ses fils et de ses filles Le népotisme institutionnalisé a été toléré tant que l'Indonésie pouvait se targuer d'une croissance de 7%. Mais la crise économique de la fin des années quatre-vingt-dix est venue perturber cette machine bien huilée. En recevant une assistance internationale de plus de 30 milliards de dollars, Suharto a reçu pour consigne de fermer des établissements familiaux qui coûtaient nettement plus qu'ils ne rapportaient. Peu de temps après, il quittait le pouvoir sous la pression de la rue. Il aura fallu deux ans pour que l'autoproclamé père du développement se retrouve en position d'accusé.





par Lucas  Menget

Article publié le 03/08/2000