Tabac
Les complots <br> des fabricants de cigarettes
Les industriels du tabac ont mené des "activités souterraines, invisibles, secrètes" pendant des années afin de torpiller les programmes de lutte contre le tabagisme. Les multinationales du secteur ont effectué "une tentative de subversion", dénonce le rapport rédigé par un comité d'experts indépendants mandatés par l'OMS (Organisation mondiale de la santé).
C'est une véritable machination que dénoncent les quatre experts du comité indépendant mis sur pied par l'OMS (organisation mondiale de la santé). Dans un rapport de 260 pages, ils accusent l'industrie mondiale du tabac de "tentative de subversion" visant les programmes de lutte contre le tabagisme de l'OMS.
En se basant sur les documents internes des multinationales révélés lors des différents procès qui ont eu lieu ces dernières années aux Etats-Unis, les experts estiment qu'un "petit groupe de sociétés tente de saper les efforts de l'OMS" et qu'il s'agit d'une "tentative de subversion bien financée, sophistiquée et généralement invisible".
Parmi les exemples cités dans le rapport, on note le cas de scientifiques ou de journalistes qui ont pu travailler temporairement dans certains comités de l'OMS sur le tabagisme et qui ont été manipulés par les multinationales. Par ailleurs, certains experts ont participé à des activités de l'OMS sans révéler qu'ils étaient par ailleurs rémunérés par l'industrie du tabac.
Les services de ces "agents d'influence" des multinationales du tabac étaient payés "de 70 000 à 100 000 dollars", estime Thomas Zeller, le principal auteur du rapport qui est aussi le directeur de l'Office suisse de la santé. Dans une interview au quotidien helvétique Le Matin, il cite l'exemple du Centre international de recherche contre le cancer à Lyon. Selon Thomas Zeller, "des scientifiques de cet organisme ont approché l'OMS pour tenter de modifier les résultats d'études sur le tabagisme passif. On a appris ensuite que ces scientifiques étaient mandatés par l'industrie du tabac".
L'OMS est la cible n°1 des industriels du tabac
L'OMS constitue un objectif prioritaire pour les industriels du tabac, mais elle n'est pas la seule cible. D'autres institutions comme la Banque mondiale ou l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ont également été soumises aux "pressions" de l'industrie du tabac.
Parmi les principales firmes mises en causes dans le rapport figurent deux géants de l'industrie du tabac: BAT (British American Tobacco) et Philip Morris. Cette dernière multinationale est notamment mise en cause suite à la découverte du Boca Raton action plan. Ce plan d'action de Boca Raton (du nom de la ville de Floride dans laquelle il a été rédigé) fixe la stratégie secrète de Philip Morris à la fin des années 80. D'après le rapport de l'OMS, ce plan d'action confidentiel fait du "programme de contrôle du tabac de l'OMS la première des 26 menaces identifiées" par cette multinationale.
Aujourd'hui, "nous avons changé", plaident les fabricants de cigarettes. Les pratiques déloyales que dénoncent les experts de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) appartiennent au passé expliquent-ils en substance, estimant du même coup qu'une ancienne faute avouée peut être à moitié pardonnée. Il n'en est rien, rétorque le principal auteur du rapport. La majorité des faits dénoncés dans le rapport remontent aux années 1990-95, explique Thomas Zeller.
Dans les mois qui viennent, les industriels du tabac vont avoir de nouvelles occasions de tenter de discréditer ou freiner l'action de l'OMS. L'Organisation mondiale de la santé doit superviser à partir du mois d'octobre les négociations en vue d'élaborer le premier traité international limitant l'usage du tabac et interdisant sa publicité.
En se basant sur les documents internes des multinationales révélés lors des différents procès qui ont eu lieu ces dernières années aux Etats-Unis, les experts estiment qu'un "petit groupe de sociétés tente de saper les efforts de l'OMS" et qu'il s'agit d'une "tentative de subversion bien financée, sophistiquée et généralement invisible".
Parmi les exemples cités dans le rapport, on note le cas de scientifiques ou de journalistes qui ont pu travailler temporairement dans certains comités de l'OMS sur le tabagisme et qui ont été manipulés par les multinationales. Par ailleurs, certains experts ont participé à des activités de l'OMS sans révéler qu'ils étaient par ailleurs rémunérés par l'industrie du tabac.
Les services de ces "agents d'influence" des multinationales du tabac étaient payés "de 70 000 à 100 000 dollars", estime Thomas Zeller, le principal auteur du rapport qui est aussi le directeur de l'Office suisse de la santé. Dans une interview au quotidien helvétique Le Matin, il cite l'exemple du Centre international de recherche contre le cancer à Lyon. Selon Thomas Zeller, "des scientifiques de cet organisme ont approché l'OMS pour tenter de modifier les résultats d'études sur le tabagisme passif. On a appris ensuite que ces scientifiques étaient mandatés par l'industrie du tabac".
L'OMS est la cible n°1 des industriels du tabac
L'OMS constitue un objectif prioritaire pour les industriels du tabac, mais elle n'est pas la seule cible. D'autres institutions comme la Banque mondiale ou l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ont également été soumises aux "pressions" de l'industrie du tabac.
Parmi les principales firmes mises en causes dans le rapport figurent deux géants de l'industrie du tabac: BAT (British American Tobacco) et Philip Morris. Cette dernière multinationale est notamment mise en cause suite à la découverte du Boca Raton action plan. Ce plan d'action de Boca Raton (du nom de la ville de Floride dans laquelle il a été rédigé) fixe la stratégie secrète de Philip Morris à la fin des années 80. D'après le rapport de l'OMS, ce plan d'action confidentiel fait du "programme de contrôle du tabac de l'OMS la première des 26 menaces identifiées" par cette multinationale.
Aujourd'hui, "nous avons changé", plaident les fabricants de cigarettes. Les pratiques déloyales que dénoncent les experts de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) appartiennent au passé expliquent-ils en substance, estimant du même coup qu'une ancienne faute avouée peut être à moitié pardonnée. Il n'en est rien, rétorque le principal auteur du rapport. La majorité des faits dénoncés dans le rapport remontent aux années 1990-95, explique Thomas Zeller.
Dans les mois qui viennent, les industriels du tabac vont avoir de nouvelles occasions de tenter de discréditer ou freiner l'action de l'OMS. L'Organisation mondiale de la santé doit superviser à partir du mois d'octobre les négociations en vue d'élaborer le premier traité international limitant l'usage du tabac et interdisant sa publicité.
par Philippe Couve
Article publié le 08/08/2000