Iran
Reprise en main des conservateurs
L'ayatollah Khamenei est monté en première ligne en interdisant au nouveau parlement, majoritairement réformiste, d'examiner une loi libéralisant la presse.
C'est un véritable camouflet pour les réformateurs. Alors que les journaux modérés titraient victorieusement sur l'adoption «irréversible» de la loi sur la presse, préparée depuis plus d'un mois par les députés réformateurs, la lettre du guide de la République a fait l'effet d'une douche froide. «La proposition de changer la loi sur la presse et les modifications proposées par la commission du parlement ne sont ni dans l'intérêt du pays et du régime ni même légitime», a écrit le guide suprême. Avant d'ajouter: « la presse joue un rôle capital dans la formation de l'opinion publique et si les ennemis de l'islam, de la révolution et du régime prennent le contrôle des journaux ou s'y infiltrent ce sera un grand danger qui menacera la sécurité, l'unité et la foi du peuple». Du coup, le président du Majlis, l'hodjatoleslam Mehdi Karoubi a préféré retirer l'examen de la loi de l'ordre du jour du Parlement.
Ce retrait a provoqué une très vive réaction dans les rangs de la majorité réformatrice. «La modification de l'ordre du jour est contraire à la loi», a affirmé un député réformateur de province. « Cela n'est pas prévu par la Constitution», a affirmé le parlementaire Ali Mazroui. A ces critiques, le président du parlement a opposé une fin de non-recevoir. «La Constitution place le guide au-dessus de toutes les institutions et lui donne le pouvoir d'intervenir», ajoutait-il avec colère.
Au lendemain de ce camouflet, les réformateurs ne semblent pas vouloir baisser les bras. «Nous allons tenter de trouver les moyens légaux pour examiner la loi sur la presse», affirme Ahmad Pournejati, député et président de la commission culturelle, cité par le quotidien réformateur Bahar (Printemps). Pour sa part, Ali Shakouri Rad, membre du bureau de l'assemblée demandait une rencontre entre les députés et le guide pour lui soumettre, le point de vue de la majorité réformatrice au Majlis.
Khamenei fixe les «lignes rouges »
V£ux pieux ? C'est bien la question que l'on peut se poser. L'intervention directe de l'ayatollah Khamenei dans les débats du Majlis constitue un acte hautement politique. En effet, le guide disposait d'autres moyens d'intervention. Le Conseil de la surveillance de la Constitution, contrôlé par les conservateurs et chargé de vérifier la conformité des lois avec la Constitution mais aussi l'islam, aurait très bien pu rejeter cette loi. Mais visiblement, le guide a voulu tracer les lignes rouges que les réformateurs doivent respecter. Conséquence politique, son intervention limite considérablement le pouvoir du Majlis. De même, la pression contre les journaux modérés devrait encore augmenter. D'ailleurs, le journaliste Ahmad Zeyd Abadi vient d'être arrêté et plusieurs directeurs de journaux modérés ont été convoqués par la justice. Par ailleurs, après avoir « suspendu » plus de vingt-cinq journaux modérés de la capitale, la justice s'attaque maintenant à la presse de province.
Indéniablement, l'intervention de l'ayatollah Khamenei est un pas de plus dans la reprise en main générale. Depuis plusieurs semaines, le guide suprême ne cesse de répéter que la priorité du pays était les questions économiques et non l'ouverture politique et culturelle, comme l'affirme le président Khatami. L'ayatollah Khamenei a également appelé de ses v£ux la création d'un centre regroupant les représentants des différents organes du pouvoir pour définir les réformes. Les conservateurs avaient pris la balle au bond et ont tenté d'opérer une véritable OPA sur les réformes en affirmant que les amis du président Khatami ne faisaient que favoriser les réformes dictées par les Américains.
C'est sans doute pour remobiliser ses partisans et diminuer les pressions exercées par les conservateurs que le président Khatami a décidé, à la mi-juillet, de précipiter l'annonce de sa candidature pour les élections présidentielles de mai 2001. «Je vais présenter mes propositions de réformes... Je respecterai la décision des électeurs. Si quelqu'un d'autre a une opinion différente, il doit la soumettre au jugement de la population», avait-il dit.
Ce retrait a provoqué une très vive réaction dans les rangs de la majorité réformatrice. «La modification de l'ordre du jour est contraire à la loi», a affirmé un député réformateur de province. « Cela n'est pas prévu par la Constitution», a affirmé le parlementaire Ali Mazroui. A ces critiques, le président du parlement a opposé une fin de non-recevoir. «La Constitution place le guide au-dessus de toutes les institutions et lui donne le pouvoir d'intervenir», ajoutait-il avec colère.
Au lendemain de ce camouflet, les réformateurs ne semblent pas vouloir baisser les bras. «Nous allons tenter de trouver les moyens légaux pour examiner la loi sur la presse», affirme Ahmad Pournejati, député et président de la commission culturelle, cité par le quotidien réformateur Bahar (Printemps). Pour sa part, Ali Shakouri Rad, membre du bureau de l'assemblée demandait une rencontre entre les députés et le guide pour lui soumettre, le point de vue de la majorité réformatrice au Majlis.
Khamenei fixe les «lignes rouges »
V£ux pieux ? C'est bien la question que l'on peut se poser. L'intervention directe de l'ayatollah Khamenei dans les débats du Majlis constitue un acte hautement politique. En effet, le guide disposait d'autres moyens d'intervention. Le Conseil de la surveillance de la Constitution, contrôlé par les conservateurs et chargé de vérifier la conformité des lois avec la Constitution mais aussi l'islam, aurait très bien pu rejeter cette loi. Mais visiblement, le guide a voulu tracer les lignes rouges que les réformateurs doivent respecter. Conséquence politique, son intervention limite considérablement le pouvoir du Majlis. De même, la pression contre les journaux modérés devrait encore augmenter. D'ailleurs, le journaliste Ahmad Zeyd Abadi vient d'être arrêté et plusieurs directeurs de journaux modérés ont été convoqués par la justice. Par ailleurs, après avoir « suspendu » plus de vingt-cinq journaux modérés de la capitale, la justice s'attaque maintenant à la presse de province.
Indéniablement, l'intervention de l'ayatollah Khamenei est un pas de plus dans la reprise en main générale. Depuis plusieurs semaines, le guide suprême ne cesse de répéter que la priorité du pays était les questions économiques et non l'ouverture politique et culturelle, comme l'affirme le président Khatami. L'ayatollah Khamenei a également appelé de ses v£ux la création d'un centre regroupant les représentants des différents organes du pouvoir pour définir les réformes. Les conservateurs avaient pris la balle au bond et ont tenté d'opérer une véritable OPA sur les réformes en affirmant que les amis du président Khatami ne faisaient que favoriser les réformes dictées par les Américains.
C'est sans doute pour remobiliser ses partisans et diminuer les pressions exercées par les conservateurs que le président Khatami a décidé, à la mi-juillet, de précipiter l'annonce de sa candidature pour les élections présidentielles de mai 2001. «Je vais présenter mes propositions de réformes... Je respecterai la décision des électeurs. Si quelqu'un d'autre a une opinion différente, il doit la soumettre au jugement de la population», avait-il dit.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 07/08/2000