Serbie
Exécutions, disparitions<br>et provocations
Depuis la fin de la guerre de l'OTAN contre la Serbie, le régime de Slobodan Milosevic connaît une longue série de «règlement de comptes» qui n'ont guère été élucidés, et qui ne le seront vraisemblablement pas de sitôt. Des membres proches du «clan familial» du dictateur serbe comme des opposants de fraîche date ont été éliminés ou ont mystérieusement disparu. De l'exécution d'Arkan, homme de main et chef de bande à la récente disparition de Ivan Stambolic, autrefois président de la Fédération yougoslave, le régime de Slobodan Milosevic est entré dans une phase cruciale que l'opposition qualifie de fin de règne. Sans que l'on sache combien de temps elle peut encore durer ni quelles séquelles elle laissera sur la société civile serbe, plus que jamais désorientée et tiraillée entre la tentation de l'isolement et le désir d'un rapprochement avec le reste de l'Europe.
A l'approche des élections du 24 septembre, le président est visiblement passé à la vitesse supérieure en choisissant la provocation. Ainsi, il a annoncé le 1er septembre qu'il se rendrait en campagne électorale au Kosovo, défiant ainsi ouvertement l'ONU devenue désormais la cible privilégiée de ses flèches. Cette annonce ne sera probablement pas suivie d'effet, sa date n'ayant d'ailleurs pas été précisée, car Milosevic risquerait tout simplement d'y être arrêté. Le président Milosevic a en effet été inculpé par le TPI de La Haye, en mai 1999, pour crimes de guerre au Kosovo. Ce que n'ignore pas le maître de Belgrade, apparemment déterminé à «faire quelque chose» pour sortir de l'impasse dans laquelle son régime s'est engagé. Les mauvais sondages pourraient le pousser une fois de plus à faire des gestes politiquement imprévisibles dans le but de désorienter l'opposition et ses alliés que sont de facto les Occidentaux.
A cette fin, il a d'abord dépêché au Kosovo la secrétaire générale de son parti, le SPS. Madame Gorica Gajevic, une femme moderne et jolie, a ainsi effectué une visite surprise début septembre dans l'enclave serbe de Gracanica (près de Pristina), et a aussitôt promis devant de nombreux Serbesà le départ et de la MINUK et de la KFOR, car elles ont «humilié les principes des Nations unies, a-t-elle dit. La MINUK doit partir et elle partira beaucoup plus vite qu'elle ne le pense, soyez-en sûrs», a-t-elle précisé.
Ensuite Milosevic a fait savoir qu'une unité de l'armée yougoslave est prête à se déployer à tout moment au Kosovo. Sans préciser quand, comment et pourquoi. Elle a même quelque peu paradé devant des journalistes et des attachés militaires étrangers, près de Pirot, à l'est de la Serbie.
Enfin, la simple volonté de tenir ces élections générales au Kosovo comme partout ailleurs en Yougoslavie embarrasse visiblement l'ONU. Bernard Kouchner, en charge de l'administration civile d'un territoire qui reste formellement une province yougoslave en vertu de la résolution 1244, doit même composer avec des positions parfois divergentes de membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. Tandis que les USA sont catégoriquement opposés à tout feu vert à Milosevic, l'Union européenne û par la voix de son représentant Javier Solana û a dû reconnaître que les élections fédérales pouvaient être légalement organisées au Kosovo, comme certains pays européens qui ont exprimé des positions beaucoup moins catégoriques. Finalement, Bernard Kouchner a bien dû accepter la tenue de ces élections tout en préparant les municipales au Kosovo, prévues pour le 28 octobre. Sans toutefois aller jusqu'à les organiser, mais en acceptant d'« assurer la sécurité pendant ce scrutin, comme la KFOR le fait habituellement». Une position très inconfortable qui risque de laisser à Milosevic une marge de man£uvre et de provocation dont il ne rêvait sans doute plus.
A l'approche des élections du 24 septembre, le président est visiblement passé à la vitesse supérieure en choisissant la provocation. Ainsi, il a annoncé le 1er septembre qu'il se rendrait en campagne électorale au Kosovo, défiant ainsi ouvertement l'ONU devenue désormais la cible privilégiée de ses flèches. Cette annonce ne sera probablement pas suivie d'effet, sa date n'ayant d'ailleurs pas été précisée, car Milosevic risquerait tout simplement d'y être arrêté. Le président Milosevic a en effet été inculpé par le TPI de La Haye, en mai 1999, pour crimes de guerre au Kosovo. Ce que n'ignore pas le maître de Belgrade, apparemment déterminé à «faire quelque chose» pour sortir de l'impasse dans laquelle son régime s'est engagé. Les mauvais sondages pourraient le pousser une fois de plus à faire des gestes politiquement imprévisibles dans le but de désorienter l'opposition et ses alliés que sont de facto les Occidentaux.
A cette fin, il a d'abord dépêché au Kosovo la secrétaire générale de son parti, le SPS. Madame Gorica Gajevic, une femme moderne et jolie, a ainsi effectué une visite surprise début septembre dans l'enclave serbe de Gracanica (près de Pristina), et a aussitôt promis devant de nombreux Serbesà le départ et de la MINUK et de la KFOR, car elles ont «humilié les principes des Nations unies, a-t-elle dit. La MINUK doit partir et elle partira beaucoup plus vite qu'elle ne le pense, soyez-en sûrs», a-t-elle précisé.
Ensuite Milosevic a fait savoir qu'une unité de l'armée yougoslave est prête à se déployer à tout moment au Kosovo. Sans préciser quand, comment et pourquoi. Elle a même quelque peu paradé devant des journalistes et des attachés militaires étrangers, près de Pirot, à l'est de la Serbie.
Enfin, la simple volonté de tenir ces élections générales au Kosovo comme partout ailleurs en Yougoslavie embarrasse visiblement l'ONU. Bernard Kouchner, en charge de l'administration civile d'un territoire qui reste formellement une province yougoslave en vertu de la résolution 1244, doit même composer avec des positions parfois divergentes de membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. Tandis que les USA sont catégoriquement opposés à tout feu vert à Milosevic, l'Union européenne û par la voix de son représentant Javier Solana û a dû reconnaître que les élections fédérales pouvaient être légalement organisées au Kosovo, comme certains pays européens qui ont exprimé des positions beaucoup moins catégoriques. Finalement, Bernard Kouchner a bien dû accepter la tenue de ces élections tout en préparant les municipales au Kosovo, prévues pour le 28 octobre. Sans toutefois aller jusqu'à les organiser, mais en acceptant d'« assurer la sécurité pendant ce scrutin, comme la KFOR le fait habituellement». Une position très inconfortable qui risque de laisser à Milosevic une marge de man£uvre et de provocation dont il ne rêvait sans doute plus.
par Elio Comarin
Article publié le 11/09/2000