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Nations unies

La nécessaire réforme <br> de la paix

Pour la deuxième fois dans l'histoire de l'ONU, le Conseil de sécurité s'est réuni au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement. Les 15 membres du Conseil, permanents et non permanents, ont voté à l'unanimité une résolution dans laquelle ils s'engagent à améliorer les missions de paix, en particulier vers l'Afrique.
Les échecs des dernières missions de maintien de la paix, que ce soit en Bosnie ou en Afrique, l'ont démontré, la réforme de ce type d'opération était incontournable. Dans le rapport du millénaire, écrit par Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU avait ainsi placé cette réforme au sein des priorités du sommet de New York. Les 15 membres du Conseil de sécurité qui étaient réunis jeudi pour leur premier sommet depuis plus de huit ans, ont fait écho à la préoccupation de Kofi Annan. Les grandes puissances se sont engagées à augmenter les moyens des missions de paix pour les rendre plus efficaces, notamment en Afrique.

Le rapport adopté par les Quinze fixe plusieurs lignes directrices. Il préconise l'augmentation des ressources nécessaires, une meilleure définition des mandats ainsi que la création d'une unité d'information et d'analyse. Dès le début du sommet, ces mesures avaient reçu le soutien des chefs d'Etat. Lors d'une réunion de la Francophonie, Jacques Chirac avait appelé les 50 pays francophones membre des Nations Unies, à apporter leur appui à cette réforme.

Lors de la réunion du Conseil de sécurité, Bill Clinton a également rappelé la nécessité de renforcer les capacités des casques bleus. «Les Nations Unies ont besoin d'être capables d'être des faiseurs de paix, capables de se déployer rapidement. Nous devons faire plus pour les équiper pour qu'elles fassent ce que nous leur demandons de faire», a-t-il dit. Satisfait de ces déclarations, Kofi Annan a tout de même encouragé les chefs d'Etat présents à ne pas s'en tenir aux mots mais à privilégier l'action, conscient du manque de crédibilité dont souffrent les Nations Unies aux yeux de l'opinion publique. Le secrétaire général de l'ONU voudrait éviter de nouvelles déconvenues pour les casques bleus. Il avait déjà fait son mea culpa face à l'incapacité de Nations Unies à empêcher les massacres du Rwanda en 1994 et de Srebrenica, en Bosnie, un an plus tard.

Améliorer la paix grâce au développement

Le continent placé au centre de ces discussions était bien sûr l'Afrique. La déroute des casques bleus, pris en otage et désarmés par des rebelles au Sierra Leone, avait constitué la base de la résolution adoptée par les Quinze. Bill Clinton a ainsi souligné les difficultés rencontrées par les soldats de la paix dans des pays comme la République Démocratique du Congo ou dans la Corne de l'Afrique. Mais pour le président américain, il faut également prendre en compte les nouveaux fléaux. Face à la progression du sida, il a également proposé d'inclure la maladie parmi la liste des menaces en matière de sécurité. Bill Clinton a rappelé que les Etats-Unis avaient déjà classé le sida parmi les menaces pour leur sécurité nationale, appelant à prendre des mesures «agressives» dans le domaine de la recherche et des soins contre la maladie.

Pour sa part, Jacques Chirac a montré du doigt les gouvernements fauteurs de guerre. Le président français préconise l'arrêt pur et simple de l'aide financière dont peuvent bénéficier ce type de gouvernement, sans exclure l'arme économique de l'embargo. Mais pour le président français, la seule solution pour redorer le blason onusien nécessite de remonter aux racines des conflits armés. Il estime que seule la mise en place d'un traitement global des guerres peut permettre un retour à la paix dans de bonnes conditions. Pour lui, il ne faut plus limiter les opérations des casques bleus au simple maintient de la paix. Il demande que leur mission soit élargie à la reconstruction, estimant que ces programmes «doivent absolument comporter des volets conséquents pour l'éducation, la formation, la santé, offrant des perspectives d'avenir aux jeunes des pays en crise». Dans l'avenir la première arme des casques bleus devrait donc être celle du développement.



par Michel  KHELIFA

Article publié le 08/09/2000