Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Corruption

Les limites de l'évaluation par sondages<br>

Transparency international, association de lutte contre la corruption dans le monde, publie un classement des pays, selon l'intégrité de leurs pouvoirs publics et administrations. Comment calcule-t-on la corruption?
Transparency reconnaît qu'il serait «inapproprié que la presse publie en gros titre que tel pays inscrit dans l'index est le plus corrompu du monde, alors que nous n'avons pas de données sur tous les pays»..
En effet, l'index ne prend en compte que 90 pays en 2000, contre 99 en 1999, des 185 Etats membres de l'Organisation des Nations unies. Pour les autres, Transparency estime ne pas disposer d'un nombre suffisant d'informations. Ce qui ne veut pas dire, bien évidemment, que les pays absents au classement soient exempts de tout phénomène de corruption. Toutefois, les principales nations commerçantes et un bon nombre de pays qui reçoivent un afflux important de capitaux étrangers sont passés au crible.
D'autre part, l'index de Transparency ne porte que sur la corruption dans le secteur public, au sens de l'action d'abuser d'une charge publique en vue d'un bénéfice personnel (pots-de-vin, détournements de fonds publics). Il ne concerne pas la fraude dans le secteur privé et le monde des affaires en général, sachant que les entreprises exportatrices contribuent largement au développement de la corruption à l'extérieur de leurs frontières, même quand elles s'imposent un comportement irréprochable chez elles.
Enfin, le classement s'intitule clairement "index de perception de la corruption". Il ne mesure donc pas le niveau réel de la corruption mais l'opinion qu'en ont les hommes d'affaires, les spécialistes du risque-pays et le grand public dans un pays donné. C'est pourquoi cette organisation précise avec prudence que si un pays obtient un score de 10, on ne peut pour autant affirmer que la corruption y est inexistante. Le chiffre indiqué signifie simplement que la plupart des personnes interrogées estime que ce pays échappe dans une large mesure à la corruption. Transparency ajoute que la corruption n'est pas, il suffit de consulter le classement, comme un fléau réservé aux pays en développement. Certains, en Europe centrale et orientale sont très mal classés et le score de plusieurs pays industrialisés montre qu'ils sont largement confrontés au problème.

Méthodologie

L'index de perception de la corruption, créé en 1995 par Transparency international - une Ong installée à Berlin (Allemagne) - est établi avec le concours de l'Université de Göttingen. Il repose sur un ensemble de sondages reflétant la perception du phénomène de corruption par une série d'acteurs sociaux : hommes d'affaires, spécialistes du risque-pays, journalistes et grand public. Les scores s'échelonnent de 10 (pays très propres) à 0 (pays très corrompus). Les différents sondages confrontés pour aboutir à l'index sont établis par différentes sources au rang desquelles la Banque mondiale, Economist Intelligence unit, Gallup international, l'université de Harvard, Political Risk Services etc...
Lorsque les différents sondages, réalisés sur des échantillons et avec des méthodes diverses, vont dans le même sens, Transparency émet l'hypothèse qu'ils reflètent la réalité, même si aucune des sources utilisées ne peut, individuellement, échapper à la critique.
Afin de défendre la validité de son travail, Transparency international souligne que les évaluations portent sur les résultats des trois dernières années, afin de réduire les variations de perception liées à des scandales récents et fortement médiatisés. D'autre part, on prend en compte l'écart-type entre les différents sondages : plus cet écart est élevé plus les évaluations fournies par les sources divergent et sont sujettes à caution. Or, la corrélation entre les différentes sources à tendance à s'accroître d'année en année.



par Francine  Quentin

Article publié le 14/09/2000