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Epidémie

Le virus Ebola en 8 questions

Colette Berthoud, spécialiste des questions de santé à RFI, fait le point sur les connaissances actuelles concernant le virus Ebola. Un début d'épidémie de cette fièvre hémorragique frappe actuellement le nord de l'Ouganda.

Historique du virus

La littérature médicale fait remonter les premiers cas de fièvre d'Ebola à 1976. Entre juillet et novembre, deux épidémies sont survenues presque simultanément à 1 000 km de distance, l'une au Sud Soudan et l'autre au Nord Zaïre, ainsi l'appelait-on encore, dans la région de Yambuku et de Bumba. A l'époque, la panique s'est emparée des populations locales ce qui a disséminé le virus. On a eu beaucoup de peine à le contrôler.

On allait finir par isoler ce virus auprès d'une rivière zaïroise appelée Ebola, d'où le nom. Aujourd'hui encore, on ne connaît pas le réservoir naturel du virus Ebola.

La transmission du virus

Les chercheurs estiment qu'il faut remonter jusqu'à certains bouleversements de la nature provoqués par l'homme : déboisement entre autres ou conflits qui ont soudain permis le contact entre l'homme et des microorganismes inconnus qui vivaient dans un écosystème bien fermé.

Ce virus a surpris car il a une morphologie qui ne l'apparente à aucun autre. On a même longtemps douté de la nature virale de la maladie parce que ce virus se présente sous la forme de longs filaments de longueur variable et d'aspect différent. La première épidémie avait fait au Soudan 150 morts sur 284 cas.

C'est un des virus les plus redoutables qui soient puisqu'il entraîne la mort très rapidement entre 8 et 9 jours chez 50 à 90% des malades.

Les symptômes

C'est d'abord un mal qui a une durée d'incubation variable entre 2 à 21 jours.
Comme son nom l'indique, ça commence d'abord par une montée de fièvre très brusque, le malade se sent en faiblesse, il a des douleurs musculaires, des maux de tête et de gorge. Puis surviennent des vomissements, la diarrhée, une éruption, le stade suivant l'insuffisance rénale et hépatique suivies d'hémorragies internes et externes. Mais, je précise tout de même qu'il y a plusieurs formes du virus d'Ebola. Et, par conséquent, d'autres manifestations que celles que je viens de décrire, la recherche sur celles-ci est en cours.
Toutefois, récemment, en Côte d'Ivoire, des personnes se sont infectées en manipulant des chimpanzés malades ou morts porteurs du virus. C'est une piste.


Il existe d'autres fièvres hémorragiques

Il existe, en effet, des virus différents de ceux d'Ebola qui occasionnent des fièvres hémorragiques, on a d'ailleurs déjà trouvé le réservoir pour certains d'entre eux qui provoquent les fièvres hémorragiques d'Argentine et de Bolivie, ce sont des rongeurs qui aiment vivre au contact de l'homme qui viennent contaminer ses objets, ses aliments avec leurs urines souillées. Là, on a pu lutter contre le mal en détruisant les rongeurs.

Le diagnostic

Il faut hélas des épreuves de laboratoires très spécialisés. Donc, pas de test dans le commerce. Sur des échantillons de sang, on recherche des antigènes ou des anticorps spécifiques qui confirmeraient la rencontre du malade avec ce virus. Ou mieux, qui permettraient de l'isoler. Ces examens de laboratoires font courir un risque énorme aux biologistes car ils doivent être pratiqués dans des conditions de confinement si rigoureux qu'il faut des structures spécifiques. Les biologistes, les médecins comme les équipes sanitaires sont en première ligne pour contracter la fièvre d'Ebola.

Le traitement de la maladie

Rien de spécifique hélas ! Pas de traitement, ni de vaccin. On met les cas les plus graves dans une unité de soins intensifs car ils sont souvent déshydratés, il faut placer des perfusions. On a essayé des sérums de protection (hyperimmuns sur des animaux de laboratoire). La protection à long terme n'a pas marché. Des études l'ont démontré.
On donne notamment de l'interféron.

Les urgences

Le plus urgent face à l'irruption d'une épidémie d'Ebola, c'est d'isoler les malades. D'informer tout le personnel soignant sans exception de la nature de la maladie et de protéger ses manipulations sur le malade : blouses, gants, masques individuels, désinfectés après chaque passage auprès d'un malade. Désinfecter tout le matériel : seringue, etc. Ce qu'il ne faut pas, c'est toucher le sang, les sécrétions ou les liquides biologiques des malades. Ceux qui ont eu des contacts physiques étroits avec ces malades doivent être placés sous surveillance rigoureuse avec prises de température pendant trois semaines. Le personnel sanitaire, lui aussi, est sous haute surveillance. Quand vous considérez la précarité des soins hospitaliers dans la plupart des pays africains, on se rend compte du drame que représente cette épidémie.
Il faut une structure spécialisée qui vienne prêter main forte. D'autant que personne n'est pressé d'accueillir ces malades dans un autre pays, même mieux équipé, en raison des risques de contagion qu'il fait courir à la communauté.

Ebola, c'est aussi un drame familial

Particulièrement, quand il s'agit de rendre les derniers devoirs à la personne morte d'Ebola. Les rituels locaux de toilette des morts et autres cérémonies risquent d'envoyer toute la famille dans l'autre monde au moment des funérailles. C'est déjà arrivé.
Désormais, il est recommandé par l'OMS que les morts soient rapidement enterrés ou incinérés car ils demeurent contagieux, même après avoir trépassé.



par Colette  Berthoud

Article publié le 19/10/2000