Balkans
Forte participation au scrutin
De notre envoyé spécial au Kosovo
Dès 7 heures du matin, des centaines de personnes faisaient la queue devant le lycée Rexhep Bektashi de Vucitrn, une ville de 50 000 habitants, située à une vingtaine de kilomètres de Pristina, la capitale du Kosovo. Durant dix ans, de 1989 à juin 1999, le bâtiment, désaffecté, abritait des réfugiés serbes de Croatie. Les Albanais avaient cours dans des maisons privées. La région Rhône-Alpes finance la réhabilitation du bâtiment, et les électeurs patientent entre les sacs de sables et les machines de chantier. «Voter n'est pas seulement un devoir, c'est une fête, nous avons attendu des années de vivre un tel moment», explique Rizah Bilalli, professeur de français du lycée qui attend depuis deux heures de pouvoir pénétrer dans le bâtiment.
Une fois entrés, les électeurs doivent présenter leur convocation à un premier point d'accueil avant d'être dirigé vers l'un des douze bureaux de vote installés dans le lycée. Là, leur identité est contrôlée une seconde fois, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ayant établi un fichier photographique de tous les électeurs potentiels. Ceux, très nombreux, qui ne figurent par sur les listes sont dirigés vers un treizième bureau, où ils peuvent exprimer un «vote conditionnel». Ces bulletins seront décomptés centralement par l'OSCE à Pristina et ne seront pas forcement pris en compte. Un observateur reconnaît que, parfois, il faut passer de longues minutes avant d'identifier léélecteur figurant sur d'interminables listes. Si les opérations de vote ne sont pas terminées à 19 heures, l'OSCE pourra prendre la décision de repousser l'heure de fermeture des bureaux de vote.
Conflit de générations
A Vucitrn, comme partout au Kosovo, la partie se joue essentiellement entre la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) d'Ibrahim Rugova et le Parti démocratique du Kosovo (PDK) d'Ashim Thaci. La bataille politique est aussi un conflit de générations. Des jeunes gens à peine en âge de voter arborent des badges du PDK tandis que quelques vieillards repèrent longuement le nom des candidats de la LDK, sur le mur ou sont affichés des bulletins semblables à ceux qu'il leur faudra cocher dans l'isoloir. A Vucitrn, les anciens guérilleros de l'UCK ont fait main basse sur les structures municipales. «Je respecte ceux qui ont combattu, mais la plupart des militants du PDK ne sont que des carriéristes», s'indigne Rizah Bilalli, militant de la LDK. Il se dit convaincu de la victoire de son parti, mais le PDK acceptera-t-il, dans ce cas de figure, de reconnaître sa défaite ? «Durant la campagne, les activistes du PDK ont multiplié les incidents et les provocations contre nous. Ce ne sont pas des démocrates, mais il revient à la communauté internationale de garantir le bon déroulement de ce scrutin, et ce sera à elle d'en faire respecter les résultats».
A quelques kilomètres du centre-ville, le bureau de vote du village de Preluzje, qui dépend de la commune de Vucitrn, reste par contre désespérément vide. Dans cette enclave serbe de près de 4 000 habitants, pas un électeur ne semble envisager de se rendre aux urnes. «J'ai voté le 24 septembre pour les élections yougoslaves, les élections de mon pays. Je ne vais participer à la farce électorale des Albanais», explique Svetozar, l'épicier du village. «Comment est-ce que je pourrais choisir entre Thaçi qui est pour la Grande Albanie tout de suite, et Rugova qui est pour la Grande Albanie demain ?» L'administration internationale nommera des représentants des minorités nationales au sein des futurs conseils municipaux, afin de pallier le boycottage observé par les Serbes.
Dès 7 heures du matin, des centaines de personnes faisaient la queue devant le lycée Rexhep Bektashi de Vucitrn, une ville de 50 000 habitants, située à une vingtaine de kilomètres de Pristina, la capitale du Kosovo. Durant dix ans, de 1989 à juin 1999, le bâtiment, désaffecté, abritait des réfugiés serbes de Croatie. Les Albanais avaient cours dans des maisons privées. La région Rhône-Alpes finance la réhabilitation du bâtiment, et les électeurs patientent entre les sacs de sables et les machines de chantier. «Voter n'est pas seulement un devoir, c'est une fête, nous avons attendu des années de vivre un tel moment», explique Rizah Bilalli, professeur de français du lycée qui attend depuis deux heures de pouvoir pénétrer dans le bâtiment.
Une fois entrés, les électeurs doivent présenter leur convocation à un premier point d'accueil avant d'être dirigé vers l'un des douze bureaux de vote installés dans le lycée. Là, leur identité est contrôlée une seconde fois, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ayant établi un fichier photographique de tous les électeurs potentiels. Ceux, très nombreux, qui ne figurent par sur les listes sont dirigés vers un treizième bureau, où ils peuvent exprimer un «vote conditionnel». Ces bulletins seront décomptés centralement par l'OSCE à Pristina et ne seront pas forcement pris en compte. Un observateur reconnaît que, parfois, il faut passer de longues minutes avant d'identifier léélecteur figurant sur d'interminables listes. Si les opérations de vote ne sont pas terminées à 19 heures, l'OSCE pourra prendre la décision de repousser l'heure de fermeture des bureaux de vote.
Conflit de générations
A Vucitrn, comme partout au Kosovo, la partie se joue essentiellement entre la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) d'Ibrahim Rugova et le Parti démocratique du Kosovo (PDK) d'Ashim Thaci. La bataille politique est aussi un conflit de générations. Des jeunes gens à peine en âge de voter arborent des badges du PDK tandis que quelques vieillards repèrent longuement le nom des candidats de la LDK, sur le mur ou sont affichés des bulletins semblables à ceux qu'il leur faudra cocher dans l'isoloir. A Vucitrn, les anciens guérilleros de l'UCK ont fait main basse sur les structures municipales. «Je respecte ceux qui ont combattu, mais la plupart des militants du PDK ne sont que des carriéristes», s'indigne Rizah Bilalli, militant de la LDK. Il se dit convaincu de la victoire de son parti, mais le PDK acceptera-t-il, dans ce cas de figure, de reconnaître sa défaite ? «Durant la campagne, les activistes du PDK ont multiplié les incidents et les provocations contre nous. Ce ne sont pas des démocrates, mais il revient à la communauté internationale de garantir le bon déroulement de ce scrutin, et ce sera à elle d'en faire respecter les résultats».
A quelques kilomètres du centre-ville, le bureau de vote du village de Preluzje, qui dépend de la commune de Vucitrn, reste par contre désespérément vide. Dans cette enclave serbe de près de 4 000 habitants, pas un électeur ne semble envisager de se rendre aux urnes. «J'ai voté le 24 septembre pour les élections yougoslaves, les élections de mon pays. Je ne vais participer à la farce électorale des Albanais», explique Svetozar, l'épicier du village. «Comment est-ce que je pourrais choisir entre Thaçi qui est pour la Grande Albanie tout de suite, et Rugova qui est pour la Grande Albanie demain ?» L'administration internationale nommera des représentants des minorités nationales au sein des futurs conseils municipaux, afin de pallier le boycottage observé par les Serbes.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 28/10/2000