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Environnement

Alerte à la pollution chimique<br>

Le cargo Ievoli Sun a sombré mardi matin dans la Manche après que son équipage eut été évacué. Le navire transportait des produits chimiques et toxiques. Les risques de pollution sont encore inconnus mais c'est l'ombre de l'Erika qui plane sur la côte ouest de la France.
Le cargo italien Ievoli Sun a sombré vers 9 heures (08h00 TU) mardi matin à 19 km au nord de l'île anglo-normande dµAurigny, dans la Manche, au nord-ouest de la France par 60 à 70 mètres de fond.

Dans un communiqué, la préfecture maritime de Cherbourg précise que sur les 6 000 tonnes de produits chimiques transportées par le cargo, 4 000 sont du styrène, qui est «insoluble dans l'eau, très toxique, très corrosif et déflagrant».

Aucune pollution n'était toutefois signalée sur les lieux du naufrage, une heure après que le cargo eût sombré. La Préfecture maritime travaillait en étroite collaboration avec le Centre de documentation, de recherche et de d'expérimentation sur la pollution des eaux, le CEDRE (http://www.ifremer.fr/cedre/) basé à Brest, pour évaluer tous risque de pollution et envisager les mesures à prendre.

La zone du naufrage se trouve à une quinzaine de kilomètres du cap de la Hague. Selon l'association écologiste Greenpeace, le cargo a sombré non loin «de la fosse des Casquets », une information confirmée par la préfecture selon laquelle il n'est «pas exclu» qu'il glisse dans cette fosse marine de 160 mètres de profondeur. Selon Greenpeace, «des fûts radioactifs et des munitions» y sont rejetés depuis plusieurs années, cette fosse servant de «dépôt officiel» aux produits radio actifs provenant de Grande-Bretagne et d'Irlande.

Le spectre de l'Erika

«Le bateau s'est brutalement enfoncé de l'avant vers 8H30» mardi, alors qu'il était remorqué vers les côtes, en direction d'un port de la Manche, a raconté le capitaine de corvette de la Préfecture maritime. En détresse dans une mer déchaînée par la tempête, le cargo avait émis un SOS vers 4h30 lundi matin, demandant assistance aux autorités maritimes françaises. Après une première liaison radio, celles-ci ont porté secours et évacué les quatorze membres d'équipage. Le remorqueur de haute mer, Abeille Flandre, prépositionné à Ouessant dès l'avis de tempête a fait route vers le Ievoli Sun tandis qu'un hélicoptère « super frelon » a procédé à l'hélitreuillage des marins. Les secouristes ont aussitôt repéré «une voie d'eau dans le double fond» du chimiquier.

Le naufrage du Ievoli Sun a aussitôt ressuscité dans les esprits le spectre de l'Erika, le pétrolier naufragé le 12 décembre 1999 au large des Côtes de la Bretagne (ouest de la France). Ce navire appartient à l'armateur italien Marnavi, basé à Naples. Il a été construit en 1989 et a une jauge de 7 200 tonnes pour 114 mètres de long. Il venait de Grande-Bretagne et s'apprêtait à se diriger vers le Montenegro en empruntant le rail d'Ouessant, cette autoroute de la mer mise en place en 1979 quelques mois après la catastrophe de l'Amoco cadiz.

Le dernier contrôle du Ievoli Sun a été réalisé en avril 2000 par le RINA, (le Registro italiano navale), la même société qui était chargée du contrôle de l'Erika. Le RINA contrôle environ 3000 navires. Dans le dossier Erika, il a été mis en examen pour «mise en danger de la vie d'autrui».





par Sylvie  Berruet

Article publié le 31/10/2000

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