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Bosnie

Succès des nationalistes

L'ensemble des partis nationalistes revendiquent la victoire aux élections qui se sont tenues dimanche chez les Croates, les Serbes et les musulmans de Bosnie.
De notre envoyé spécial en Bosnie Herzégovine

Un cortège de voitures sillonne les petites routes de montagne qui mènent à Pale, l'ancienne capitale de guerre des nationalistes serbes de Bosnie, drapeau serbe flottant au vent. Sur les véhicules, des portraits de Radovan Karadzic, l'ancien leader recherche par la justice internationale, à côté de portraits de Mirko Sarovic, le candidat du Parti démocratique serbe (SDS) à la présidence de la Republika Srpska - l'entité serbe qui constitue, avec la Fédération croato-bosniaque, l'Etat de Bosnie-Herzégovine. Le maire de Pale ne cache pas sa satisfaction. Vers 15 heures dimanche, le décompte des bulletins de vote a été achevé. Dans la commune, le candidat Sarovic obtient près de 80 % des voix, et il semble assuré de sa victoire dès le premier tour, face au Premier ministre sortant de la Republika Srpska, le candidat modéré et pro-occidental Milorad Dodik, dont le score ne dépasserait pas 30 % des voix dans toute la Republika Srpska.

Dès samedi soir, quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, l'ambassadeur Richard Barry, chef de mission à Sarajevo de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), organisatrice du scrutin, évoquait «une bonne journée pour la démocratie en Bosnie». Aucun incident majeur n'a été signalé tout au long de la journée électorale, marquée par une très forte participation. Le vote nationaliste majeur en Republika Srpska sonne pourtant comme un démenti des efforts de la communauté internationale pour reconstituer un espace bosniaque. Depuis des années, le Premier ministre Dodik, qui ne disposait que de majorités très relatives au sein du Parlement de la Republika Srpska, était ouvertement soutenu par l'administration internationale. Les électeurs ont pourtant clairement exprimé leur attachement à l'option nationaliste.

De même, dans les zones croates de la Fédération, le parti nationaliste croate HDZ crie victoire. Il prétendait dimanche être en tête dans cinq cantons de la Fédération, soit en Herzégovine orientale, mais aussi en Bosnie centrale, et il a, de toute manière, laminé les petites formations croates plus modérées. Le HDZ se félicite surtout du succès du référendum «d'autodétermination» qu'il a organisé, passant outre au veto opposé par la communauté internationale. Le HDZ a mené une campagne agressive, ses affiches - interdites par le Haut représentant international en Bosnie - proclamaient «autodétermination ou extermination».



par A Belgrade, Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 13/11/2000