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Ghana

Le vent de l'alternance souffle sur Accra

Le successeur de «Captain Rawlings» à la présidence du Ghana ne sera probablement pas celui qui avait été désigné par le président sortant. John Kufuor, candidat du Nouveau parti patriotique (NPP), est arrivé en tête du premier tour des élections ghanéennes de jeudi dernier, avec 49% des suffrages, contre 45% à l'actuel vice-président John Atta Mills, le candidat du Congrès démocratique national (NDC) de Jerry Rawlings. Un deuxième tour sera donc organisé le 28 décembre prochain, mais le candidat du « changement » a toutes les chances de l'emporter.
Ce «vent de changement» après presque vingt années de «régime Rawlings» a soufflé aussi sur les législatives qui ont été organisées en même temps que les présidentielles : le NPP, avec 97 sièges, a manqué d'un cheveu la majorité absolue au parlement, tandis que le NDC (qui comptait 133 députés dans l'assemblée sortante) n'a remporté cette fois-ci que 93 sièges. L'alternance qui se profile à Accra confirme que le pays a accompli «un premier pas vers la consolidation du processus démocratique», selon un analyste ghanéen, en dépit d'un grave incident survenu dans le nord du pays, où des émeutes ont provoqué la mort de dix personnes.

«Le Ghana n'est pas la Côte d'Ivoire»

Alors qu'à la veille du scrutin l'opposition avait souvent parlé de fraude, et la rumeur publique faisait état de deux millions d'électeurs fantômes inscrits sur les listes électorales, le résultat de ces scrutins n'a été contesté par aucun parti, ce qui contraste avec la Côte d'Ivoire voisine. Celle-ci sert souvent de référence à de nombreux analystes ghanéens, qui aiment rappeler, cette fois-ci, que le Ghana ne pratique pas «la politique d'exclusion» de certains candidatsà

On s'attendait par ailleurs à ce que les deux cents observateurs internationaux présents avant et après le scrutin annoncent sous peu leur satisfaction et dressent un bilan positif de cette consultation très attendue. Ce qui pourrait débloquer une aide financière internationale indispensable pour sortir le pays du marasme économique actuel. Une crise ressentie surtout dans les grandes agglomérations - comme Accra - où l'opposition a réalisé une bonne percée, grâce notamment à des discours quelque peu populistes. «Il est impossible que le NPP puisse tenir ses promesses », a déclaré par la suite un ministre sortant ; il a donné des espoirs dangereux à l'électorat».

Quant à Jerry Rawlings, il quitte définitivement le pouvoir - tout en gardant le titre de président d'honneur de son parti, le NDC - et compte apparemment se consacrer à de tout autres tâches : la lutte contre le paludisme et le Sida. Ce qui a été aussitôt commenté, non sans humour, par un quotidien local : «C'est une mauvaise nouvelle pour les moustiques, mais une bonne nouvelle pour nous tous». Alternance oblige.



par Elio  Comarin

Article publié le 12/12/2000