Tunisie
Le procès Marzouki embarrasse Ben Ali
De nouvelles violations des droits de l'homme sont sur le point d'ébranler le régime autoritaire tunisien : le professeur Moncef Marzouki devait comparaître samedi 15 décembre devant la justice pour « propagation de fausses nouvelles » et « diffamation de l'ordre public ». Finalement le Tribunal de première instance a décidé de reporter ce procès au 30 décembre.
Après la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), dont les activités ont été « gelées » début décembre par le pouvoir, c'est au tour du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) d'être en ligne de mire du régime policier du président Ben Ali. Son porte-parole, le docteur Moncef Marzouki, comparaît ce samedi 16 décembre devant le Tribunal de première instance : il risque jusqu'à vingt de prison, selon ses avocats, pour « propagation de fausses nouvelles », « diffamation de l'ordre public » et surtout « maintien d'une association non reconnue », à savoir la CNLT. Marzouki, un médecin de renommée internationale, est également accusé de « diffusion de tracts de nature à troubler l'ordre public » et de « incitation à la sédition », à cause d'un document interne diffusé lors du congrès des défenseurs arabes des droits de l'homme, qui s'est tenu au Maroc en octobre dernier.
"La santé publique passe par le respect des droits de l'homme"
Le docteur Marzouki et la CNLT sont dans le collimateur de Ben Ali depuis de nombreuses années. Après avoir été privé de son passeport cinq années durant, le docteur Marzouki avait pu le récupérer en mai dernier ; mais tout récemment il s'est vu signifier de nouveau par un juge d'instruction l'interdiction formelle de voyager à l'étranger. En juillet il avait été perdu son emploi d'enseignant à la Faculté de Médecine de Sousse (centre-est), pour « abandon de poste », selon les autorités tunisienne.
Cette nouvelle affaire a d'ores et déjà provoqué de nombreuses réactions sur le plan international, à commencer par l'ONU. Celle-ci, par l'intermédiaire de Madame Jilani, représentante spéciale de Koffi Annan pour les droits d l'homme, a exprimé officiellement « sa vive préoccupation ». Le Parlement européen s'est lui aussi alarmé du « harcèlement » et de la « répression » qui visent les militants tunisiens qui se battent en faveur des libertés fondamentales, et a demandé aux autorités tunisiennes « d'arrêter immédiatement toute forme de harcèlement et de répression » à l'encontre de la LTDH et du CNLT. Les députés européens ont même demandé que la prochaine réunion du conseil d'association Union européenne-Tunisie, prévue en février 2001, se penche « spécialement » sur la situation qui prévaut en Tunisie.
Le docteur Marzouki, dans une récente déclaration au Monde, a dit : « Je suis une nouvelle fois poursuivi pour les deux crimes principaux que l'on peut commettre dans ce pays : la liberté d'expression et la liberté d'association. En Tunisie personne n'a jamais été condamné pour terrorisme ou violence, mais pour l'exercice de ces deux droits fondamentaux ». Empêché de se rendre à Paris, il avait fait parvenir récemment un texte, lors d'une réunion de l'Union des Associations européennes de santé publique, dans lequel il disait : « la santé publique passe d'abord par le respect des droits de l'homme ».
C'est pour cela que dès septembre dernier un Comité de soutien a été créé en Tunisie, à l'initiative de tous ceux qui connaissent la valeur des recherches effectuées à Sousse par le docteur Marzouki : une pétition en sa faveur a été signée par près de cinq cent personnes, dans un pays où le climat d'intimidation instauré par la police n'empêche plus certains Tunisiens courageux de défier le régime autoritaire de Ben Ali. Notamment depuis que le journaliste Taoufik Ben Brick a osé, en avril dernier, dénoncer les restrictions imposées aux médias par une longue grève de la faim qui a profondément ébranlé le régime. Un exemple qui a été suivi peu après par de nombreux islamistes détenus dans les prisons tunisiennes.
"La santé publique passe par le respect des droits de l'homme"
Le docteur Marzouki et la CNLT sont dans le collimateur de Ben Ali depuis de nombreuses années. Après avoir été privé de son passeport cinq années durant, le docteur Marzouki avait pu le récupérer en mai dernier ; mais tout récemment il s'est vu signifier de nouveau par un juge d'instruction l'interdiction formelle de voyager à l'étranger. En juillet il avait été perdu son emploi d'enseignant à la Faculté de Médecine de Sousse (centre-est), pour « abandon de poste », selon les autorités tunisienne.
Cette nouvelle affaire a d'ores et déjà provoqué de nombreuses réactions sur le plan international, à commencer par l'ONU. Celle-ci, par l'intermédiaire de Madame Jilani, représentante spéciale de Koffi Annan pour les droits d l'homme, a exprimé officiellement « sa vive préoccupation ». Le Parlement européen s'est lui aussi alarmé du « harcèlement » et de la « répression » qui visent les militants tunisiens qui se battent en faveur des libertés fondamentales, et a demandé aux autorités tunisiennes « d'arrêter immédiatement toute forme de harcèlement et de répression » à l'encontre de la LTDH et du CNLT. Les députés européens ont même demandé que la prochaine réunion du conseil d'association Union européenne-Tunisie, prévue en février 2001, se penche « spécialement » sur la situation qui prévaut en Tunisie.
Le docteur Marzouki, dans une récente déclaration au Monde, a dit : « Je suis une nouvelle fois poursuivi pour les deux crimes principaux que l'on peut commettre dans ce pays : la liberté d'expression et la liberté d'association. En Tunisie personne n'a jamais été condamné pour terrorisme ou violence, mais pour l'exercice de ces deux droits fondamentaux ». Empêché de se rendre à Paris, il avait fait parvenir récemment un texte, lors d'une réunion de l'Union des Associations européennes de santé publique, dans lequel il disait : « la santé publique passe d'abord par le respect des droits de l'homme ».
C'est pour cela que dès septembre dernier un Comité de soutien a été créé en Tunisie, à l'initiative de tous ceux qui connaissent la valeur des recherches effectuées à Sousse par le docteur Marzouki : une pétition en sa faveur a été signée par près de cinq cent personnes, dans un pays où le climat d'intimidation instauré par la police n'empêche plus certains Tunisiens courageux de défier le régime autoritaire de Ben Ali. Notamment depuis que le journaliste Taoufik Ben Brick a osé, en avril dernier, dénoncer les restrictions imposées aux médias par une longue grève de la faim qui a profondément ébranlé le régime. Un exemple qui a été suivi peu après par de nombreux islamistes détenus dans les prisons tunisiennes.
par Elio Comarin
Article publié le 18/12/2000