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Environnement

L'aide internationale au secours des Galapagos

Face à la marée noire qui a déjà touché des oiseaux dans l'archipel équatorien du Pacifique, plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne, ont décidé d'apporter leur aide pour circonscrire les conséquences du naufrage du Jessica.
A patrimoine international, sauvetage international. Pour secourir les Galapagos en danger, la Grande-Bretagne débloque 75000 dollars, le Canada 65000 dollars, plusieurs pays dont la France et l'Allemagne vont envoyer des experts de la lutte anti-pollution, la Commission européenne va fournir une assistance technique, et une dizaine de gardes-côtes américains sont déjà sur place. Autant de réponses à l' «appel à l'aide internationale» lancé mardi 23 janvier 2001 par le gouverneur des îles Galapagos, Fabian Parra, qui demande notamment des équipements anti-marée noire. «Si nous avions disposé ici de tels équipements, nous aurions pu prévenir l'extension du sinistre».

Pour l'heure, la menace demeure sur cet archipel du Pacifique, véritable trésor naturel classé patrimoine mondial par l'Unesco. L'échouement, voilà plus d'une semaine, du Jessica, un bateau de ravitaillement, à proximité des côtes de l'île de San Cristobal, a déclenché une marée noire qui a fait ses premières victimes, quatre pélicans morts empêtrés dans le mazout. Ce sont maintenant les iguanes marins qui sont en danger «à moyen et à long terme», selon un scientifique qui explique que ces animaux aux formes préhistoriques «s'alimentent d'algues marines dont certaines sont à présent imprégnées de fioul».

Le Jessica accuse une gîte de 50 degrés

600 tonnes d'hydrocarbures se sont déjà échappées des flancs du navire. 160 tonnes y restent emprisonnées, mais une seconde brêche a été détectée dans la coque, ce qui constitue «un nouveau danger de pollution», explique le ministre équatorien de l'Environnement, Rodolfo Rendon. Actuellement, l'orientation des vents est cependant favorable, repoussant la nappe de pétrole en direction du nord, en plaques éparses recouvrant au total 1200 km2. Ce qui soulage le maire de San Cristobal. «Grâce à Dieu, le courant refoule tout vers le large. (à) Nous craignions que toute la pollution atteigne la baie». Toutefois, des nappes de mazout ont touché l'île de Santa Cruz, au centre de l'archipel, mais on ignore encore quelles sont les répercussions sur la faune et la flore. A 30 milles au nord-ouest de San Cristobal, un minuscule îlot de 130 m2, le Plaza, où vivent des lions de mer et des iguanes terrestres, a également été atteint, sans qu'on connaisse, là non plus, l'étendue des dégâts.

Autre source d'inquiétude, le pompage des cuves du Jessica est rendu difficile par de fortes marées, lesquelles génèrent une houle puissante qui a couché le bateau. Celui-ci accuse maintenant une gîte très importante de 50 degrés. Les sauveteurs tentent de le redresser.

La mobilisation internationale sauvera-t-elle les Galapagos ? Les autorités équatoriennes ont mis en place un comité de crise chargé de gérer l'aide étrangère. Elles ont aussi décrété l'état d'urgence, ce qui permet d'affecter à la lutte anti-pollution les personnels et les moyens nécessaires sans entrave administrative. Sans parler de désastre, Fabian Para qualifie le coût de la marée noire d'«incalculable» pour l'archipel, ce paradis des célèbres tortues géantes (dont aucune n'est atteinte) dont la flore et la faune, aussi riches que fragiles, sont gravement menacées. L'opinion publique équatorienne, scandalisée, exige que les responsabilités soient établies. Le gouvernement a annoncé une nouvelle législation sur le transport de carburants. Il a également déposé plainte, ce qui devrait conduire le capitaine et l'armateur du Jessica devant la justice.



par Philippe  Quillerier-Lesieur (avec AFP)

Article publié le 24/01/2001