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République tchèque

Télévision : la victoire des «rebelles»

Avec l'annonce de la démission de Jiri Hodac de son poste de directeur général de la Ceska Televize, jeudi 11 janvier et la réunion de la Chambre basse du Parlement tchèque vendredi 12, les journalistes «rebelles», qui avaient engagé un mouvement de protestation depuis le 20 décembre dernier, sont en passe de gagner leur bras de fer.
Jiri Hodac, le directeur général de la télévision publique tchèque Ceska Televize (CT) dont la nomination le 20 décembre dernier avait déclenché un conflit avec les journalistes de la chaîne qualifiés de «rebelles», a fini par annoncer sa démission jeudi 11 janvier. Cette décision a provoqué la joie des quelque 50 000 personnes réunies le même jour à Prague pour manifester contre lui. Si Hodac invoque des «raisons de santé» - il avait en effet été hospitalisé plusieurs jours après un malaise- la pression exercée de toute part pour obtenir son départ l'a très certainement incité à céder finalement. En effet, au fil des jours, la position de Jiri Hodac accusé d'être proche de la droite et d'avoir été nommé dans des conditions qui ne garantissaient pas une totale indépendance à la Ceska Televize, était devenue difficile à tenir.
Les journalistes qui avaient engagé le conflit et commencé à occuper les locaux de la CT, avaient obtenu très rapidement le soutien de la population du pays. Une première manifestation avait réuni, le 3 janvier, aux alentours de 100 000 personnes dans les rues de la capitale pour réclamer le départ de Jiri Hodac et des ses principaux collaborateurs. Mais aussi l'examen d'un nouveau projet de loi pour modifier le système actuel de nomination.

Soutien international aux grévistes

Le directeur général de la CT est, en effet, nommé par un conseil au sein duquel se trouvent des représentants des principaux partis du pays (trois pour le parti démocratique civique, ODS, de droite, quatre pour le parti social-démocrate,CSSD, au pouvoir, un pour l'Union chrétienne-démocrate). Ce fonctionnement qui aboutit à des nominations politiques ne paraît plus du tout satisfaisant aux journalistes qui ont refusé l'arrivée du nouveau dirigeant dans de telles conditions.
Devant l'obstination de certains membres du conseil de la télévision publique à défendre Jiri Hodac, le conflit s'est progressivement étendu : la Chambre des députés a voté une résolution demandant la destitution du directeur général que le conseil n'a pas suivie, plusieurs institutions internationales ont apporté leur soutien au mouvement des journalistes et des salariés de la CT comme la Commission européenne, la Fédération internationale des journalistes, ou le Conseil de l'Europe qui a adopté une recommandation sur l'indépendance des autorités de téléradiodiffusion. Le ministre de la Culture tchèque, Pavel Dostal, s'est quant à lui prononcé en faveur du remplacement de Jiri Hodac par un «directeur provisoire».
Les journalistes, et derrière eux l'opinion publique tchèque, sont aujourd'hui en passe de remporter une victoire importante. Car au-delà du départ de Jiri Hodac, condition sine qua non pour calmer la crise, on s'achemine vers la mise en place d'un conseil de la télévision publique indépendant et d'une procédure de nomination des dirigeants de la CT plus transparente si la Chambre des députés du Parlement adopte en «état d'urgence législative» les propositions qui ont été faites par le ministre de la Culture pour modifier le système actuel et «dépolitiser» la nomination des dirigeants de la CT et des membres du conseil qui ne devraient plus être neuf mais quinze.



par Valérie  Gas

Article publié le 12/01/2001