Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Fièvre aphteuse

Qui représente les paysans français ?

Les élections aux chambres d'agriculture permettront de mesurer le rapport de forces entre la FNSEA très largement majoritaire et la Confédération paysanne, dans un contexte de remise en cause d'un certain modèle productiviste.
Deux agricultures, deux cultures, deux visions aussi de la société. Et un rapport de force jusqu'à présent très en faveur de la FNSEA. En 1995, forte de ses 60% de voix, elle pesait trois fois plus que la Confédération paysanne. Les pourfendeurs du productivisme semblaient alors d'aimables utopistes et leur discours ultra-minoritaire apparaissait bien archaïque. Le contexte a désormais changé.

La crise de la vache folle a joué un rôle essentiel, contre-exemple emblématique, révélateur des dérives des politiques agricoles. Les coups d'éclat de José Bové ont fait de lui l'éleveur de brebis le plus célèbre de la planète. Le refrain qu'il martèle depuis un quart de siècle est désormais bien dans l'air du temps: agriculture bio contre plantes transgéniques, petits producteurs contre gros exploitants, terroir contre malbouffe.

Face à cette explosion médiatique de son rival, le puissant président de la FNSEA, Luc Guyau, longtemps présenté comme l'apôtre d'une pensée unique agricole modère désormais ses propos. Il se dit soucieux de trouver un point d'équilibre entre les exigences de l'économie et celles de l'écologie.

Leurs discours demeurent pourtant largement antagonistes, sur ce qui fait aujourd'hui débat, la crise de la Politique agricole commune. Longtemps considérée comme le socle d'une Europe puissance, exportatrice et autosuffisante, la PAC se retrouve au banc des accusés. Les coûts de la lutte contre la maladie menacent d'être faramineux. L'union européenne prend conscience de la nécessité d'intégrer la dimension sanitaire à son agriculture.

D'autant que les opinions publiques sont lasses des scandales à répétition; veau aux hormones, porcs gavés d'antibiotiques, pollution des eaux, herbivores auxquels des apprentis sorciers prétendaient faire manger des farines carnées. Au point d'en oublier qu'entre une agriculture productiviste et le bio inaccessible au plus grand nombre, il y a sans doute place pour une production qui conjugue qualité et compétitivité. Alors, si c'était la société civile qui se prononçait demain, la confédération paysanne de José Bové prendrait sans doute du galon. Son porte-parole est terriblement tendance. Mais le monde agricole lui, est souvent insensible aux modes.



par Geneviève  Goetzinger

Article publié le 31/01/2001