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Drogue

Afrique : les femmes et les enfants d'abord

La toxicomanie progresse de façon inquiétante chez les femmes et les enfants en Afrique, constate le rapport annuel de l'Organe international de contrôle des stupéfiants. Selon l'organisme onusien «les troubles civils et les guerres, la pauvreté, le virus du sida, la corruption et la criminalité sont en relation étroite avec le problème de contrôle des drogues dans la région».
De notre correspondant à New York

Selon l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), la consommation de drogue semble être en hausse dans la plupart des pays d'Afrique. «L'âge d'initiation à la drogue baisse et le nombre de femmes et d'enfants qui prennent de la drogue augmente» note le rapport. L'usage d'héroïne par injection est en nette prgression, selon l'organisme onusien, qui estime que le phénomène est «particulièrement préoccupant, étant donné que dans la région, la prévalence du sida est élevée». Même si généralement, tempère l'OICS, le taux d'abus par injection est relativement faible, par rapport à d'autres continents.

Davantage même que le khat, le cannabis reste la drogue vedette en Afrique : il y est abondamment consommé et produit, même si les superficies de culture sont mal connues. Le Maroc est le premier fournisseur de résine de cannabis à destination d'Europe de l'Ouest, note l'OICS : «70 à 80 % de la résine de cannabis saisie en Europe et à peu près la moitié de la quantité saisie dans le monde en 1999 provenaient du Maroc». Les pays d'Afrique de l'Ouest sont de grands cultivateurs, notamment le Ghana, dont le cannabis est très prisé. Mais l'OICS estime que l'Afrique du Sud est l'un des principaux producteurs mondiaux de feuilles de cannabis.

«La prévalence annuelle de l'abus de cannabis en pourcentage de la population âgée de 15 ans et plus en Afrique de l'Ouest est une des plus élevée au monde», déplore le rapport. Le continent africain est le point de transit de la cocaïne en provenance du Brésil et à destination de l'Europe. Au passage, en Afrique du sud, la consommation de crack (forme cristalline) augmente, sous un effet de «contagion» des trafics sur la consommation locale. Fait récent, on trouve dans ce pays de l'ecstasy en provenance de Grande Bretagne et des Pays Bas.

L'héroïne et la cocaïne progressent fortement dans les zones urbaines

En l'absence de contrôle approprié sur les produits pharmaceutiques, des stupéfiants et des psychotropes continuent d'être distribués sans ordonnance, et sont également abondamment consommés. Récemment, l'abus d'héroïne et de cocaïne a fortement progressé dans les zones urbaines. Le phénomène est selon l'OICS particulièrement préoccupant en Afrique subsaharienne où le cours de ces substances a chuté, détournant vers le marché local une partie du trafic international.

En dépit d'une forte augmentation des saisies de drogue en 1999, relève l'OICS, «les quantités totales saisie continuent d'être comparativement faibles et ne reflètent probablement pas l'ampleur du trafic, ni la disponibilité, ni l'abus de ces produits dans la région». Mais comme le précise l'Organe, «le manque de ressources demeure le principal obstacle à la lutte contre les cultures illicites, ainsi que la production et le trafic».

D'après l'OICS, les cartels de la drogue ouest-africains, forts de leur expérience dans la contrebande de cannabis et d'héroïne, «recherchent activement de nouveaux contacts en Amérique latine et étendent le trafic de cocaïne à l'ensemble de la sous-région de l'Afrique subsaharienne et surtout aux pays de l'Afrique australe et de l'Afrique de l'Ouest». L'Afrique de l'Est est alimentée par la mer, où les drogues arrivent dissimulées dans des conteneurs, par Djibouti, l'Erythrée et la Tanzanie. Selon l'OICS, des navires long-courriers croisent au large dans les eaux internationales et distribuent leurs cargaisons à de petits navires qui déchargent sur le littoral, et notamment en Somalie, où aucun pouvoir central ne peut contrôler le phénomène.



par Philippe  Bolopion

Article publié le 25/02/2001