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Haïti

Aristide revient à la tête d'un pays en ruine

Elu à la tête d'Haïti le 26 novembre dernier avec 91,69 % de suffrages exprimés, le leader du mouvement Lavalas, Jean-Bertrand Aristide a pris ses fonctions de Président ce mercredi 7 février 2001.
A 47 ans, le nouveau Président Jean-Bertrand Aristide retrouve un pays en ruine gangrené par la corruption et les luttes politiques violentes qui paralysent le pays. Malgré les tentatives de dialogue-marathon ces dernières semaines sous l'égide d'une commission de facilitation, aucune solution de compromis n'a été trouvée entre le pouvoir Lavalas et l'opposition.

Suite à cet échec dans la négociation entre les protagonistes, la situation reste tendue dans le pays. La classe politique est plus que jamais minée par de violentes rivalités. La Convergence démocratique - une coalition de dix sept partis de l'opposition - a constitué à la veille de la passation de pouvoir entre René Préval, le président sortant, et Jean-Bertrand Aristide un gouvernement «provisoire» et nommé un président «parallèle».

La Convergence conteste les résultats des élections législatives du 21 mai 2000. Ce scrutin avait été remporté par la Fanmi Lavalas. Le mouvement de l'opposition qui a boycotté l'élection présidentielle ne reconnaît pas la légitimité de Jean-Bertrand Aristide élu à la tête du pays. Il demande de nouvelles élections et la constitution d'un nouveau Conseil Electoral Provisoire (CEP).

Haïti a une dette extérieure de plus d'un milliard de dollars

Le quinquennat de Jean-Bertrand Aristide s'annonce difficile. La communauté internationale est «déçue de la situation actuelle en Haïti». La mission d'encadrement des Nations Unies qui devait soutenir l'instauration de la démocratie dans le pays a plié bagages en raison du «climat de troubles et d'instabilité politique».

Les aides internationales ont été suspendues. «La perle des Antilles» s'enfonce de jour en jour, son économie n'est guerre prospère. L'exportation est quasiment inexistante, tous les produits de première nécessité sont importés. Haïti a une dette extérieure de plus d'un milliard de dollars. Le chômage touche plus 64 % de la population active. Chaque année le nombre d'habitants augmente de 2% (il est aujourd'hui de 8 millions) et risque d'atteindre les 11 millions en 2010. Trois habitants sur quatre vivent sous le seuil de la pauvreté, la mortalité infantile est élevée et plus de 50% de la population manque de soins les plus élémentaires. L'espérance de vie est de 54 ans. La criminalité et le trafic de drogue se développent, l'ordre public n'est plus respecté.

Le nouveau Président Jean-Bertrand Aristide a présenté un programme ambitieux afin de tenter d'enrayer la crise. Il a promis d'améliorer la vie de ses concitoyens en créant des emplois, en améliorant le système de la santé, le système éducatif (un habitant sur deux est analphabète) et en renforçant le secteur privéà Cependant les aides nécessaires pour tenter de redresser le pays est chiffré à plusieurs millions de dollars. Et en raison de la situation politique l'Union européenne et les Etats-Unis ont décidé de geler près de soixante dix millions d'euros «d'aide budgétaire directe».

Toutefois selon les Quinze, ces décisions d'interrompre les aides sont «temporaires et irréversibles». Pour retrouver la confiance de la communauté internationale et mener à bien son projet de développement, le nouveau Chef d'Etat devrait «reprendre les négociations avec l'opposition». Il doit «convaincre de sa volonté réelle à respecter les droits de l'homme et à assurer la paix et le pluralisme politique».



par Jean-Frédéric  Saumont

Article publié le 08/02/2001