Togo
L'ONU dénonce des violations des droits de l'homme <br>
La commission d'enquête internationale censée faire la lumière sur des allégations de massacres au Togo en 1998 confirme en partie les exécutions extrajudiciaires dénoncées en 1999 par Amnesty International. Elle fait par ailleurs état de violations systématiques des droits de l'homme dans le pays pendant cette période.
Le groupe d'experts de l'Onu et de l'OUA désigné par les deux organisations pour enquêter sur le massacre présumé de centaines de personnes au Togo, au cours de l'année 1998, vient de rendre un rapport qui ne devrait pas arranger les affaires des autorités de Lomé. Le document publié mercredi 21 février confirme en effet partiellement les accusations d'Amnesty International. En mai 1999, l'organisation de défense des droits de l'homme avait affirmé dans un rapport que des centaines de personnes, dont des militaires, avaient été exécutées de «manière extrajudiciaire». «Des corps ont été retrouvés sur les plages du Togo et du Bénin, des cadavres ont été vus en haute mer durant quatre jours», déclarait alors Amnesty.
La commission qui s'est rendue pendant cinq semaines, au Togo et au Bénin, entre novembre et décembre 2000, a, entre autre, interrogé de nombreux témoins, dont des pêcheurs et des habitants des zones où les corps sans vie auraient été aperçus. Autant d'informations obtenues, précise-t-elle, malgré les pressions et les tentatives de corruption du pouvoir à l'encontre des témoins et de certains journalistes.
Elle en conclut que «les allégations concernant les exécutions extrajudiciaires perpétrées au Togo devraient être prises en considération». Elle ajoute que celles-ci «ont visé spécialement les militants des partis politiques de l'opposition» mais que «certaines ont été également commises à l'occasion d'arrestations opérées à la suite de délits de droit commun».
Les forces de sécurité, la gendarmerie et les miciles en accusation
Les enquêteurs ne confirment en revanche pas les estimations d'Amnesty International: «Les témoignages concordent sur la réalité des cadavres qui auraient été trouvés par des pêcheurs.
Toutefois, les chiffres avancés par ceux-ci divergent, de sorte que la commission ne peut ni confirmer ni infirmer le nombre exact de ces cadavres.» Et s'ils affirment avoir vu plusieurs tombes où des cadavres trouvés ont été inhumés, ils précisent n'avoir pu procéder à des exhumations «faute de ressources humaines et scientifiques». Les membres de la commission recommandent toutefois la désignation d'une équipe d'experts chargés de poursuivre leurs investigations, notamment sur l'identité des victimes. Ils demandent par ailleurs aux autorités togolaises d'initier au plus vite une enquête pénale.
Mais ils ne s'arrêtent pas là. Dans ce document d'un peu plus de vingt pages, les enquêteurs indiquent avoir recueillis de nombreux témoignages d'exécutions extrajudiciaires dans plusieurs provinces du Togo, entre mars et juin 1998. On y parle également «d'allégations de disparitions forcées», dont au moins huit avérées. Et dans ses conclusions, la commission internationale pointe du doigt les forces de sécurité, la gendarmerie et des milices «travaillant de concert avec celles-ci» qui auraient commis des actes de tortures sur des personnes ainsi que des viols et des enlèvements de femmes. Elle évoque enfin le cas de miliciens armés proches du pouvoir qui se livreraient à des viols et à des enlèvements forcés de femmes.
Après la publication du rapport d'Amnesty international, le gouvernement avait dénoncé une grossière manipulation et accusé au premier chef l'opposition. En août 1999, il s'était finalement dit prêt à accueillir une commission d'enquête internationale. Il en avait même fait officiellement la demande aux secrétaires généraux de l'Onu et de l'OUA, en octobre suivant, espérant sans doute être blanchi. Les autorités de Lomé le souhaitaient d'autant plus ardemment qu'elles sont privées d'aide de l'Union européenne depuis 1993, pour cause d'atteinte aux libertés fondamentales et tentent difficilement de renouer avec Bruxelles.
La commission qui s'est rendue pendant cinq semaines, au Togo et au Bénin, entre novembre et décembre 2000, a, entre autre, interrogé de nombreux témoins, dont des pêcheurs et des habitants des zones où les corps sans vie auraient été aperçus. Autant d'informations obtenues, précise-t-elle, malgré les pressions et les tentatives de corruption du pouvoir à l'encontre des témoins et de certains journalistes.
Elle en conclut que «les allégations concernant les exécutions extrajudiciaires perpétrées au Togo devraient être prises en considération». Elle ajoute que celles-ci «ont visé spécialement les militants des partis politiques de l'opposition» mais que «certaines ont été également commises à l'occasion d'arrestations opérées à la suite de délits de droit commun».
Les forces de sécurité, la gendarmerie et les miciles en accusation
Les enquêteurs ne confirment en revanche pas les estimations d'Amnesty International: «Les témoignages concordent sur la réalité des cadavres qui auraient été trouvés par des pêcheurs.
Toutefois, les chiffres avancés par ceux-ci divergent, de sorte que la commission ne peut ni confirmer ni infirmer le nombre exact de ces cadavres.» Et s'ils affirment avoir vu plusieurs tombes où des cadavres trouvés ont été inhumés, ils précisent n'avoir pu procéder à des exhumations «faute de ressources humaines et scientifiques». Les membres de la commission recommandent toutefois la désignation d'une équipe d'experts chargés de poursuivre leurs investigations, notamment sur l'identité des victimes. Ils demandent par ailleurs aux autorités togolaises d'initier au plus vite une enquête pénale.
Mais ils ne s'arrêtent pas là. Dans ce document d'un peu plus de vingt pages, les enquêteurs indiquent avoir recueillis de nombreux témoignages d'exécutions extrajudiciaires dans plusieurs provinces du Togo, entre mars et juin 1998. On y parle également «d'allégations de disparitions forcées», dont au moins huit avérées. Et dans ses conclusions, la commission internationale pointe du doigt les forces de sécurité, la gendarmerie et des milices «travaillant de concert avec celles-ci» qui auraient commis des actes de tortures sur des personnes ainsi que des viols et des enlèvements de femmes. Elle évoque enfin le cas de miliciens armés proches du pouvoir qui se livreraient à des viols et à des enlèvements forcés de femmes.
Après la publication du rapport d'Amnesty international, le gouvernement avait dénoncé une grossière manipulation et accusé au premier chef l'opposition. En août 1999, il s'était finalement dit prêt à accueillir une commission d'enquête internationale. Il en avait même fait officiellement la demande aux secrétaires généraux de l'Onu et de l'OUA, en octobre suivant, espérant sans doute être blanchi. Les autorités de Lomé le souhaitaient d'autant plus ardemment qu'elles sont privées d'aide de l'Union européenne depuis 1993, pour cause d'atteinte aux libertés fondamentales et tentent difficilement de renouer avec Bruxelles.
par Christophe Champin
Article publié le 23/02/2001