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Handicap et Internet

Handinautes et cybercitoyens

Même si les sites web font désormais partie de la panoplie du candidat en campagne, la cyberpolitique cherche encore ses marques. Pour la première fois dans le microcosme politique français, un mouvement citoyen à l'origine virtuel, s'est constitué en parti politique. Son nom : le Collectif des Démocrates Handicapés (CDH).
Internet va renouveler le débat citoyen, améliorer les possibilités d'expression directe, créer des liens plus étroits entre électeurs et élus. Si l'on en croit certains utopistes, le réseau, c'est l'instrument de démocratisation politique absolue. Internet est-il en passe de devenir un véritable outil de citoyenneté ? Il semble que oui. Le Collectif des Démocrates Handicapés (CDH) est né grâce à Internet. Le CDH qui présente une quarantaine de candidats aux municipales de 2001 sur des listes de gauche et de droite, a choisi le réseau des réseaux comme terre d'élection, ou de pré-élection.

En élisant domicile sur Internet, les handinautes apportent un message nouveau. Avec pour objectif : défendre les droits des 5 millions de personnes handicapées et citoyens français, comme l'explique son président Jean-Christophe Parisot, myopathe fondateur de la Ligue nationale des étudiants handicapés : «Les handicapés ont des droits et des devoirs : droit de ne pas subir le diktat sanitaire et social (apartheid institutionnel quasi consensuel instauré par l'administration publique, droit d'étudier, de se déplacer, de travailler comme tout le monde, devoir de voter, se présenter, faire du lobbying». Cette offensive s'est traduite par un programme de 100 mesures nationales pour lutter contre toutes les formes de discrimination. Le CDH entend bientôt fédérer tous les handicapés européens (près de 50 millions).

Contre «l'apartheid institutionnel»

On doit à un spécialiste des communautés virtuelles, Franck Veillon, d'avoir recherché dans Internet le fondement pour créer ce mouvement cybercitoyen, mais aussi d'avoir mesuré l'importance du réseau pour affirmer la citoyenneté de ces handinautes. Pour lui, cette démarche n'a rien de médiatique. Auteur de jeux ludo-éducatifs, chercheur universitaire, frère d'un handicapé, Franck Veillon observe avec une acuité particulière les problèmes rencontrés au quotidien. Et d'expliquer en quoi Internet peut être une chance pour l'exercice de la citoyenneté de certains exclus : «En 1998, France-Handicap a lancé un sondage sur le thème : faut-il créer un parti défendant les droits des personnes handicapées? Il est alors apparu que de nombreux militants handicapés n'attendaient que cela pour se faire entendre. Pour rétablir leur parole confisquée, nous avons d'abord eu l'idée de créer un espace thématique sous forme de liste de discussion. Pendant plusieurs mois, un nombre croissant de sourds, myopathes, aveugles,IMC, parents de personnes handicapées ou personnes valides solidaires de notre action a grossi notre liste et permis de lancer officiellement sur Internet en mars 2000 le CDH. Plus de 10 000 personnes nous ont contactés via notre site web».

Du virtuel, le CDH est passé au réel. Avec un programme de revendications communes, un bureau politique, des statuts, et enfin une ligne politique. Le CDH -et ce n'est sans doute pas le moindre de ses mérites- illustre l'intelligence collective du réseau et invente de nouvelles pratiques de pouvoir. Mais le but du CDH n'est pas de se substituer aux grandes associations nationales d'handicapés. Il veut êre un catalyseur, un turbo dans la vie politique.



par Myriam  Berber

Article publié le 15/03/2001