Ouganda
Election disputée pour Museveni
L'élection présidentielle s'annonce serrée. Yoweri Museveni, l'actuel président va devoir affronter l'un de ses proches, Kiiza Besigye. Le scrutin va se tenir alors que l'organisation Human Rights Watch met en garde contre des risques de manipulation.
De notre correspondant en Ouganda
Après quinze ans de pouvoir, le président Museveni peut s'enorgueillir d'avoir transformé l'espace politique de son pays. L'Ouganda n'est plus comme aux temps d'Obote et d'Idi Amin Dada divisée entre les protestants, les catholiques et les musulmans. Le Nord et le Sud. Une tribu ou une autre. S'il existe toujours un profond clivage au sein de l'électorat, il s'agit d'un clivage neuf, suscité par le système politique mis en place par Museveni et les progrès économiques de ces 14 dernières années.
Une seule organisation politique est reconnue en Ouganda : le «Mouvement de Résistance Nationale» (NRM). Museveni soutient qu'il ne s'agit pas d'un parti politique mais d'un mouvement dans lequel tous les Ougandais se reconnaissent. Ce système a été plébiscité en juin dernier quand plus de 90% des Ougandais se sont prononcés contre le retour au multipartisme. En l'absence de toute contestation politique organisée, Museveni avait confortablement gagné les élections présidentielles en 1996 avec 74% des voix.
Mais le prochain scrutin s'annonce plus serré. Le président sortant est suivi de près dans les sondages par son ancien médecin, le colonel Kiiza Besigye. Tous deux font parti des membres fondateurs du NRM. Ils ont combattu ensemble pour renverser le président Obote. Mais le fait qu'ils appartiennent à la même famille politique a donné à cette campagne toute l'âpreté des questions d'héritage.
Des risques de fraude électorale
Le colonel Besigye ne remet pas en question l'existence du NRM. Ses critiques se concentrent sur la direction de ce mouvement qui, selon lui, est corrompue et clientéliste. Conséquence : le président Museveni est acculé. Reconnaître que le mouvement qu'il a mis en place est capable de fonctionner sans lui serait admettre qu'une défaite électorale est possible. Or de nombreux signes montrent qu'il n'est pas prêt à abandonner le pouvoir.
«Le gouvernement ougandais a constamment tenté ces dernières semaines de manipuler ces élections» dénonce Human Right Watch. Cette organisation des droits de l'homme basée à New York fait notamment état d'«irrégularités dans l'enregistrement des électeurs et dans l'adjudication de l'impression des bulletins».
Pour Museveni, qui cherche un ultime mandat de cinq ans, il s'agit de consolider. Consolider l'armée d'abord en la rendant plus professionnelle. Consolider également les acquis économiques, notamment à travers à la création d'un marché régional. Enfin, mettre en place un mécanisme pour une succession ordonnée du pouvoir.
Mais l'influence de la Banque mondiale et du FMI a marqué les récents progrès économiques. Des pans entiers de l'économie ont été privatisés. Quelques privilégiés vivant dans l'orbite des bailleurs de fonds se sont effrontément enrichis tandis que la pauvreté, surtout dans les villes, est devenue plus visible.
Les candidats de l'opposition exploitent ce mécontentement. Outre la corruption et le népotisme, ils dénoncent en c£ur la persistance des mouvements rebelles en Ouganda et l'implication militaire dans les pays voisins.
Selon des diplomates à Kampala, l'incertitude qui entoure les résultats du prochain scrutin a rendu Museveni nerveux. Ces dernières semaines, des supporters de Besigye ont été enlevés par l'armée, arrêtés, parfois assassinés. «L'on peut douter que ces élections seront libres et transparentes», s'inquiète Human Right Watch.
Après quinze ans de pouvoir, le président Museveni peut s'enorgueillir d'avoir transformé l'espace politique de son pays. L'Ouganda n'est plus comme aux temps d'Obote et d'Idi Amin Dada divisée entre les protestants, les catholiques et les musulmans. Le Nord et le Sud. Une tribu ou une autre. S'il existe toujours un profond clivage au sein de l'électorat, il s'agit d'un clivage neuf, suscité par le système politique mis en place par Museveni et les progrès économiques de ces 14 dernières années.
Une seule organisation politique est reconnue en Ouganda : le «Mouvement de Résistance Nationale» (NRM). Museveni soutient qu'il ne s'agit pas d'un parti politique mais d'un mouvement dans lequel tous les Ougandais se reconnaissent. Ce système a été plébiscité en juin dernier quand plus de 90% des Ougandais se sont prononcés contre le retour au multipartisme. En l'absence de toute contestation politique organisée, Museveni avait confortablement gagné les élections présidentielles en 1996 avec 74% des voix.
Mais le prochain scrutin s'annonce plus serré. Le président sortant est suivi de près dans les sondages par son ancien médecin, le colonel Kiiza Besigye. Tous deux font parti des membres fondateurs du NRM. Ils ont combattu ensemble pour renverser le président Obote. Mais le fait qu'ils appartiennent à la même famille politique a donné à cette campagne toute l'âpreté des questions d'héritage.
Des risques de fraude électorale
Le colonel Besigye ne remet pas en question l'existence du NRM. Ses critiques se concentrent sur la direction de ce mouvement qui, selon lui, est corrompue et clientéliste. Conséquence : le président Museveni est acculé. Reconnaître que le mouvement qu'il a mis en place est capable de fonctionner sans lui serait admettre qu'une défaite électorale est possible. Or de nombreux signes montrent qu'il n'est pas prêt à abandonner le pouvoir.
«Le gouvernement ougandais a constamment tenté ces dernières semaines de manipuler ces élections» dénonce Human Right Watch. Cette organisation des droits de l'homme basée à New York fait notamment état d'«irrégularités dans l'enregistrement des électeurs et dans l'adjudication de l'impression des bulletins».
Pour Museveni, qui cherche un ultime mandat de cinq ans, il s'agit de consolider. Consolider l'armée d'abord en la rendant plus professionnelle. Consolider également les acquis économiques, notamment à travers à la création d'un marché régional. Enfin, mettre en place un mécanisme pour une succession ordonnée du pouvoir.
Mais l'influence de la Banque mondiale et du FMI a marqué les récents progrès économiques. Des pans entiers de l'économie ont été privatisés. Quelques privilégiés vivant dans l'orbite des bailleurs de fonds se sont effrontément enrichis tandis que la pauvreté, surtout dans les villes, est devenue plus visible.
Les candidats de l'opposition exploitent ce mécontentement. Outre la corruption et le népotisme, ils dénoncent en c£ur la persistance des mouvements rebelles en Ouganda et l'implication militaire dans les pays voisins.
Selon des diplomates à Kampala, l'incertitude qui entoure les résultats du prochain scrutin a rendu Museveni nerveux. Ces dernières semaines, des supporters de Besigye ont été enlevés par l'armée, arrêtés, parfois assassinés. «L'on peut douter que ces élections seront libres et transparentes», s'inquiète Human Right Watch.
par Gabriel Kahn
Article publié le 10/03/2001