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Peine de mort

Jacques Chirac demande l'abolition mondiale

Devant la commission des droits de l'homme de l'Onu à Genève, le président français s'est prononcé, vendredi 30 mars, pour la suppression «universelle» de la peine capitale.
«Sur la peine de mort, nous devons progresser. Plus de cent pays l'ont abolie, rejoints chaque année par trois ou quatre nouveaux Etats, à mesure que s'enracine la conviction qu'en aucun cas la mort ne peut constituer un acte de justice». C'est au cours de la 57ème session de la commission des droits de l'homme de l'Onu, que Jacques Chirac a prononcé, vendredi 30 mars 2001 à Genève, en Suisse, un discours consacré essentiellement à la peine capitale et à la torture.

Premier président français à s'exprimer devant cette instance consultative chargée de promouvoir les droits de l'homme et d'examiner leurs violations à travers le monde, il a émis une proposition spectaculaire: «j'en appelle à l'abolition universelle de la peine de mort, dont la première étape serait un moratoire général. (...) Nulle justice n'est infaillible et chaque exécution peut tuer un innocent. Et que dire des exécutions de mineurs ou de personnes souffrant de déficience mentale?». Une allusion à peine voilée aux Etats-Unis, où 38 Etats ont rétabli la peine de mort depuis 1976, date à laquelle la Cour suprême fédérale a décidé que la Constitution n'en interdisait pas l'application. Depuis, plus de 700 condamnés y ont été exécutés. L'arrivée à la Maison Blanche de George W. Bush, partisan résolu de la peine capitale, ne laisse guère entrevoir de perspectives positives dans ce domaine.

Fidèle à ses convictions

En tout cas, Jacques Chirac rejoint le combat des parlementaires, associations et personnalités de l'Union européenne qui, en octobre 2000, ont lancé une campagne contre l'application de la peine capitale aux Etats-Unis. Il est, en cela, fidèle à ses convictions. En 1981, le député Chirac avait voté le projet de loi abolissant la peine de mort en France.

Le discours du président français s'est également attaqué à la torture, dénonçant «la persistance et l'étendue de cette pratique légale ou de fait». Il a estimé qu'il fallait «compléter la convention contre la torture par un protocole international de visite». Poursuivant son inventaire des violations des droits de l'homme dans le monde, Jacques Chirac a condamné aussi «la pratique trop courante des disparitions forcées.(...) Je souhaite que la Commission se mobilise contre ce crime odieux et que les gouvernements des pays concernés qui, comme celui de Colombie, ont décidé de le combattre, l'appuient dans cet effort».

Le chef de l'Etat français a enfin souligné «la force symbolique» de la prochaine conférence mondiale contre le racisme, qui se déroulera à Durban (Afrique du Sud) en septembre prochain. A cette occasion, «nul doute que sera rappelé le devoir de mémoire lié aux horreurs de la traite et aux souffrances inouïes endurées par des générations arrachées à leur terre et réduites en esclavage».



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 30/03/2001