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Temple solaire : 5 ans de prison requis

Après les plaidoiries des parties civiles jeudi, le procès de l'Ordre du Temple Solaire (OTS) s'est achevé vendredi avec les plaidoiries de la défense et le réquisitoire. Cinq ans de prison ferme ont été requis contre Michel Tabachnik, chef d'orchestre franco-suisse et seul prévenu dans l'affaire.
Michel Tabachnik poursuivi pour «participation à une association de malfaiteurs» ayant entraîné la mort de 74 adeptes de la secte de l'Ordre du Temple Solaire (OTS) entre 1994 et 1997 en Suisse, au Canada et en France, a écouté, vendredi, le réquisitoire du procureur de la République de Grenoble : une peine de cinq ans d'emprisonnement ferme a été requise contre lui. Pierre-Marie Cuny a estimé que le chef d'orchestre franco-suisse avait «créé une dynamique homicide» dans le suicide collectif d'adeptes de la secte. «Vous avez donné caution et crédit aux actes de conditionnement en mettant dans la tête des adeptes qu'ils faisaient partie d'une élite investie d'une mission rédemptrice» a déclaré le magistrat considérant que Michel Tabachnik était à l'origine des tragédies par son enseignement et sa participation à la vie de la secte durant 17 ans.

D'autre part, le procureur de Grenoble a estimé que l'enseignement du prévenu et les rituels qu'il conduisait au sein de l'OTS visaient à persuader les adeptes qu'ils devaient abandonner leur enveloppe matérielle pour un état purement spirituel. En somme Pierre-Marie Cuny a accusé le musicien d'avoir donné le coup d'envoi des massacres de 1994, faisant référence à deux discours dans lesquels Tabachnik annonçait la fin de l'OTS : «Vous avez donné le sésame, le message de l'au-delà selon lequel il est temps de quitter la Terre (à) pour gagner la planète de connaissance. Vous avez donné le signal en sachant ce que cela signifiait, même si vous ignoriez la dimension et l'ampleur exacte».

Peu de preuves matérielles

Depuis le 17 avril, date du début du procès, Michel Tabachnik s'est efforcé de rejeter toutes les accusations portées contre lui. Il a présenté son enseignement comme purement symbolique et a rejeté la responsabilité des massacres sur le gourou de la secte, Joseph Di Mambro, décédé en Suisse en 1994.

Après l'annonce des cinq ans de prison requis contre Michel Tabachnik, Alain Vuarnet qui a perdu sa mère et son frère dans la tuerie-suicide s'est dit insatisfait du réquisitoire. L'association antisecte, l'UNADFI a pour sa part estimé que «les réquisitions brillantes du procureur ont rendu pour la première fois cette affaire compréhensible alors qu'elle était jusque là inexpliquée (à) Tout le monde a désormais bien compris que l'enseignement professé par Tabachnik n'avait rien de symbolique».

Jeudi, les avocats des parties civiles n'avaient pas caché leur crainte de voir le chef d'orchestre échapper à une condamnation conforme aux souhaits de leurs clients au terme d'un procès qui se voulait pédagogique. Toutes ont reconnu la culpabilité morale du musicien mais ont cependant déploré que les preuves matérielles contre lui soient très faibles.

Après la plaidoirie de la défense, dans l'après-midi de vendredi, le jugement a été mis en délibéré au 25 juin. Maître Szpiner a demandé la relaxe de son client affirmant que ce dernier n'avait été qu'un compagnon de route de l'OTS et que ses écrits n'avaient rien à voir avec les drames. Rappelons que la justice suisse a rendu un non-lieu concernant les deux suicides collectifs sur son territoire.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 27/04/2001

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