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Trafic d''armes

Portrait d'un homme très discret

Jacques Monsieur a passé deux décennies dans le commerce des armes en cultivant la discrétion et ses relations avec les services de renseignements.
Un gentleman. Discret, poli et peu causant selon ses voisins. La mèche blonde barrant un front volontaire, un léger sourire énigmatique : c'est l'unique photo que l'on possède de Jacques Monsieur, citoyen belge et marchand d'armes. Par son calme, l'homme en a imposé aux enquêteurs qui l'ont interrogé, des enquêteurs auxquels il ne cessait de répéter que l'affaire serait étouffée par ses protecteurs. L'une de ses femmes de ménage avait surtout remarqué la pile de cartes de visite, négligemment posée dans la cuisine, à l'en-tête de la République du Congo. Au centre, son nom suivi du titre "Conseiller en commerce auprès du Président de la République" (Pascal Lissouba).

Contrairement à Pierre Falcone, autre marchand d'armes désormais bien connu, Jacques Monsieur ne bénéficie pas d'une couverture officielle comme celle de la Sofremi (société d'exportation de matériel de sécurité du ministère de l'Intérieur). C'est un indépendant, avec une réputation de gentleman, c'est-à-dire un homme qui vend uniquement aux gouvernements légitimes, pas aux mouvements de rébellion ou aux guérillas.

Des appuis à la DST

Gentleman, indépendant, mais très entouré : outre les hommes d'Elf pour l'ingénierie financière, il s'associe à des spécialistes des «coups tordus». Pierre-Yves Gilleron, ancien commissaire de la DST, fondateur d'Iris, une officine de sécurité privée très active en Afrique, Pierre Ferrario, un armurier parisien qui se dit très proche de la Direction de la Surveillance du Territoire. Sans oublier les relais "européens", proches des fournisseurs d'armes d'occasion que sont devenus les pays de l'Est. Marty Cappiau, à la fois représentant en Croatie et homme de terrain et Andrezj Izdebski, associé slovaque de Jacques Monsieur au sein de la société Joy Slovakia.

Pour les protections, l'homme d'affaires joue sur son passé. Juriste de formation, il commence sa carrière dansà l'armée belge, au service fourniture. Il noue de nombreux contacts avec le SDRA, service de renseignements militaire belge et dans les milieux atlantistes. Il est d'ailleurs toujours commandant dans les unités blindées de réserve de l'OTAN. De quoi lui assurer une certaine tranquillité pendant les années 80, au moment où la Belgique ûle scandale de l'Irangate le démontrera amplement- est une plaque-tournante pour le commerce d'armes aux destinations inavouables. En France, ses associés penchent plutôt en faveur de la DST que vers la Direction générale de la sécurité extérieure, les renseignements militaires. Evidemment, les derniers développements judiciaires de cette affaire laissent supposer que le Belge a perdu ses appuis politiques.

Dernière pirouette, lorsqu'il a quitté la France pour l'Iran, Jacques Monsieur avait prévu de faire un simple aller-retour. Depuis, ses chevaux portugais, très réputés chez les dresseurs de cirque, attendent patiemment le retour du maître. Un maître bien mystérieux.



par David  Servenay

Article publié le 04/04/2001 Dernière mise à jour le 03/04/2001 à 22:00 TU