Travail
«<i>C'est un mode de management</i>»
Marie-Christine Soula est médecin-inspecteur du travail. Selon elle, le harcèlement est une nouvelle manière de gérer les salariés et de les pousser à la faute afin qu'ils démissionnent et qu'ils ne perçoivent donc pas d'indemnités.
RFI : De nos jours, le harcèlement moral est-il reconnu comme une maladie professionnelle ?
Marie-Christine Soula : Il n'est pas reconnu dans le sens administratif du terme car les maladies professionnelles sont déterminées précisément au sens juridique. En revanche, le harcèlement est reconnu par les médecins du travail qui l'assimilent de plus en plus à une atteinte à la santé soit par le biais d'humiliations individuelles soit collectives.
RFI : Y a-t-il plus de harcèlement moral aujourd'hui qu'auparavant ?
MC.S : Il y a toujours eu du harcèlement moral et il y en aura toujours. Il semblerait, en effet, qu'il y en ait davantage maintenant peut-être à cause de la médiatisation. Néanmoins, il y a actuellement de nouvelles formes d'organisation du travail qui ont facilité la mise en place de ce procédé de gestion du personnel. Il y a une rupture des collectifs de travail, il n'y a plus de cohésion, de solidarité entre les gens. Pourquoi y a-t-il cette tolérance, pourquoi les gens courbent-ils l'échine ? Certains disent que c'est la peur du chômage mais moi je crois que c'est faux. Il y a autant de harcèlement moral dans la fonction publique que dans le privé, or dans le public il est rare de perdre son emploi. C'est trop facile de se réfugier derrière la peur du chômage et de se dire que c'est la reprise économique qui va gommer tout ça. A mon avis, il y a un plus gros malaise dans la société qui conduit à plus de soumission.
RFI : Le harcèlement moral est-il un nouveau mode de gestion du personnel ?
MC.S : J'en suis intimement persuadée. Le harcèlement moral est bel et bien un nouveau mode de gestion du personnel. C'est facile ! Si on humilie quelqu'un, on le fait se plier aux exigences. Vous savez, le harcèlement est enseigné dans des séminaires de management aux Etats-Unis et cette méthode arrive peu à peu en Europe. Il y a toujours eu le petit chef ou le pervers. On a toujours connu ça ! Mais en ce moment, on assiste à une montée de ce phénomène. Il faut cependant se poser une question en amont : «Qu'est ce qui, dans la société d'aujourd'hui, a fait que l'on arrive à ce type d'organisation du travail ?»
Marie-Christine Soula : Il n'est pas reconnu dans le sens administratif du terme car les maladies professionnelles sont déterminées précisément au sens juridique. En revanche, le harcèlement est reconnu par les médecins du travail qui l'assimilent de plus en plus à une atteinte à la santé soit par le biais d'humiliations individuelles soit collectives.
RFI : Y a-t-il plus de harcèlement moral aujourd'hui qu'auparavant ?
MC.S : Il y a toujours eu du harcèlement moral et il y en aura toujours. Il semblerait, en effet, qu'il y en ait davantage maintenant peut-être à cause de la médiatisation. Néanmoins, il y a actuellement de nouvelles formes d'organisation du travail qui ont facilité la mise en place de ce procédé de gestion du personnel. Il y a une rupture des collectifs de travail, il n'y a plus de cohésion, de solidarité entre les gens. Pourquoi y a-t-il cette tolérance, pourquoi les gens courbent-ils l'échine ? Certains disent que c'est la peur du chômage mais moi je crois que c'est faux. Il y a autant de harcèlement moral dans la fonction publique que dans le privé, or dans le public il est rare de perdre son emploi. C'est trop facile de se réfugier derrière la peur du chômage et de se dire que c'est la reprise économique qui va gommer tout ça. A mon avis, il y a un plus gros malaise dans la société qui conduit à plus de soumission.
RFI : Le harcèlement moral est-il un nouveau mode de gestion du personnel ?
MC.S : J'en suis intimement persuadée. Le harcèlement moral est bel et bien un nouveau mode de gestion du personnel. C'est facile ! Si on humilie quelqu'un, on le fait se plier aux exigences. Vous savez, le harcèlement est enseigné dans des séminaires de management aux Etats-Unis et cette méthode arrive peu à peu en Europe. Il y a toujours eu le petit chef ou le pervers. On a toujours connu ça ! Mais en ce moment, on assiste à une montée de ce phénomène. Il faut cependant se poser une question en amont : «Qu'est ce qui, dans la société d'aujourd'hui, a fait que l'on arrive à ce type d'organisation du travail ?»
par Propos recueillis par Clarisse VERNHES
Article publié le 09/04/2001 Dernière mise à jour le 08/04/2001 à 22:00 TU