Afrique du Sud
Procès des maîtres chiens de la police
Le procès des six policiers blancs ayant brutalisé des immigrés noirs avec leurs chiens doit s'ouvrir devant la Haute cour de justice de Pretoria. Les six prévenus comparaissent libres.
De notre correspondante en Afrique du sud
Les images par lesquelles le scandale est arrivé, diffusées le 7 novembre 2000 sur l'une des trois chaînes de la télévision nationale sud-africaine, ont fait le tour du monde. A la limite du supportable, elles montraient six policiers blancs en train de s'acharner sur trois cobayes humains : des immigrés mozambicains emmenés contre leur gré dans un champ isolé, pour y être livrés en pâture à des bergers allemands en séance d'entraînement.
Ces violences, dénoncées par l'émission sud-africaine de documentaires «Envoyé Spécial», remontent à 1998. La cassette vidéo de la police, qui n'était pas suposée être divulguée au public, a longtemps fait le tour des commissariats. C'est pour des raisons peu avouables qu'elle a fini par atterrir sur un bureau de la South African Broadcasting Corporation (SABC), la télévision nationale. L'épouse de l'un des policiers filmés, en procédure de divorce, a fait d'une pierre deux coups: tout en causant du tort à son mari, elle aurait empoché la coquette somme de 50000 rands, en échange de la vidéo.
Sur le banc des accusés, les six policiers risquent de payer cher leur forfait. Les autorités veulent faire un exemple de leur cas, afin d'éradiquer le racisme qui sévit encore dans la police, une institution qui n'a longtemps eu d'autre vocation que d'opprimer les populations noires et les mouvements anti-apartheid. Sur ordre du directeur de la police nationale, Jackie Selebi, les six hommes ont été incarcérés le 7 novembre dernier, le jour même de la diffusion du documentaire. Ils ont été traduits en justice le 9 novembre, avec un chef d'inculpation sévère: tentative de meurtre et blessures infligées à des personnes sans défense.
La police pense toujours en noir et blanc
Le ministre de la Justice, Penuell Maduna, s'est lui-même opposé à une liberté conditionnelle. Les juges, eux, en ont décidé autrement. Au lieu d'un procès rapide débouchant sur des sanctions frappantes, deux reports ont déjà été décidés, et les inculpés ont bénéficié de mesures de libération sous caution. C'est qu'au pays de Nelson Mandela, la «révolution de velours» s'est faite sans séisme majeur. Des pans entiers de l'administration sont toujours aux mains de la communauté blanche, faute de limogeages massifs et de personnels noirs formés. Tel est le cas de la police, de l'armée, mais aussi de la justice. Souvent accusés de parti-pris raciaux - pour ne pas dire racistes -, les magistrats blancs dominent encore.
Ni le gouvernement ni l'opinion, majoritairement noire, ne peuvent rien à cette donne. D'autant moins que le choc provoqué par les images est passé. Malgré les campagnes gouvernementales contre la xénophobie, la plupart des Sud-Africains demeurent indifférents au sort qui est réservé dans leur pays aux immigrés africains. Aussi les peines encourues par les membres de l'unité spéciale des maîtres chiens pourraient-elles ne pas être exemplaires.
Les images par lesquelles le scandale est arrivé, diffusées le 7 novembre 2000 sur l'une des trois chaînes de la télévision nationale sud-africaine, ont fait le tour du monde. A la limite du supportable, elles montraient six policiers blancs en train de s'acharner sur trois cobayes humains : des immigrés mozambicains emmenés contre leur gré dans un champ isolé, pour y être livrés en pâture à des bergers allemands en séance d'entraînement.
Ces violences, dénoncées par l'émission sud-africaine de documentaires «Envoyé Spécial», remontent à 1998. La cassette vidéo de la police, qui n'était pas suposée être divulguée au public, a longtemps fait le tour des commissariats. C'est pour des raisons peu avouables qu'elle a fini par atterrir sur un bureau de la South African Broadcasting Corporation (SABC), la télévision nationale. L'épouse de l'un des policiers filmés, en procédure de divorce, a fait d'une pierre deux coups: tout en causant du tort à son mari, elle aurait empoché la coquette somme de 50000 rands, en échange de la vidéo.
Sur le banc des accusés, les six policiers risquent de payer cher leur forfait. Les autorités veulent faire un exemple de leur cas, afin d'éradiquer le racisme qui sévit encore dans la police, une institution qui n'a longtemps eu d'autre vocation que d'opprimer les populations noires et les mouvements anti-apartheid. Sur ordre du directeur de la police nationale, Jackie Selebi, les six hommes ont été incarcérés le 7 novembre dernier, le jour même de la diffusion du documentaire. Ils ont été traduits en justice le 9 novembre, avec un chef d'inculpation sévère: tentative de meurtre et blessures infligées à des personnes sans défense.
La police pense toujours en noir et blanc
Le ministre de la Justice, Penuell Maduna, s'est lui-même opposé à une liberté conditionnelle. Les juges, eux, en ont décidé autrement. Au lieu d'un procès rapide débouchant sur des sanctions frappantes, deux reports ont déjà été décidés, et les inculpés ont bénéficié de mesures de libération sous caution. C'est qu'au pays de Nelson Mandela, la «révolution de velours» s'est faite sans séisme majeur. Des pans entiers de l'administration sont toujours aux mains de la communauté blanche, faute de limogeages massifs et de personnels noirs formés. Tel est le cas de la police, de l'armée, mais aussi de la justice. Souvent accusés de parti-pris raciaux - pour ne pas dire racistes -, les magistrats blancs dominent encore.
Ni le gouvernement ni l'opinion, majoritairement noire, ne peuvent rien à cette donne. D'autant moins que le choc provoqué par les images est passé. Malgré les campagnes gouvernementales contre la xénophobie, la plupart des Sud-Africains demeurent indifférents au sort qui est réservé dans leur pays aux immigrés africains. Aussi les peines encourues par les membres de l'unité spéciale des maîtres chiens pourraient-elles ne pas être exemplaires.
par Anne K. SE
Article publié le 10/04/2001