Trafic d''enfants
Le Bénin, l'arbre qui cache la forêt<br>
La tragique odysée des enfants esclaves béninois met au grand jour une pratique courante dans les pays du Sud. Il y a deux ans, Marc Béziat, du Comité contre l'esclavage moderne avait enquêté au Bénin sur le trafic d'enfants .
RFI :Le Bénin est-il l'une des plaques tournantes du trafic d'enfants en Afrique de l'Ouest ?
Marc Béziat : Par plaque tournante il faut entendre plutôt pays de transit et pourvoyeur d'enfants, du fait de l'extrême pauvreté dans laquelle vivent une grande majorité des Béninois. Dans ce sens là on peut parler de plaque tournante mais ce n'est pas du tout le seul pays de la région touché. Tous les pays de la région sont touchés.
RFI : S'agit-il de réseaux bien organisés ?
M. B : Ce ne sont pas des réseaux organisés de manière criminelle. Ce sont des réseaux qui restent assez informels même si toutefois on peut parler de réseaux dans le sens où des Béninois installés dans d'autres pays font venir des enfants et organisent les passages. Ils commanditent des intermédiaires qui vont se rendre dans les villages les plus reculés du Bénin et aussi du Togo et vont leurrer des parents illettrés et analphabètes qui ne connaissent pas la région dans laquelle ils vivent. Ils se présentent généralement sous de beaux atours, avec une moto, bien habillés, etcà ils vont promettre cette même chance aux parents de ces enfants et bien entendu ils vont éventuellement remettre une petite somme d'argent en avance d'un salaire hypothétique. Ils ne diront jamais à ces parents que ces enfants vont être exploités, qu'ils ne seront pas payés et qu'ils seront souvent maltraités. Toute la problématique de ce trafic est de lutter contre cette exploitation.
RFI : Quels sont les risques encourus par les passeurs ?
M. B : Ils encourent des peines de prison d'après une loi qui date de 1961 mais qui a été modifiée en 1975. Mais dans les faits tous les intermédiaires qui ont été arrêtés n'ont jamais été condamnés à d'autres peines que des peines avec sursis. Il n'y a donc aucun exemple qui ait marqué l'opinion publique au Bénin.
RFI : Les pouvoirs publics ont-ils les moyens de lutter contre le trafic d'enfants ?
M. B : Au Comité contre l'esclavage moderne, on étudie un projet de lutte contre le trafic d'enfants au Bénin dont on cherche les financements. C'est un problème global auquel il faut s'attaquer : d'abord l'aspect législatif, la loi en vigueur n'est pas suffisante. Il faut s'appuyer sur tous les textes ratifiés par le Bénin et mettre des passerelles entre les conventions internationales et le droit béninois. Il faut renforcer les moyens de police. Pourquoi ne pas créer une cellule de « traite des êtres humains et de trafic d'enfants » au sein de chaque Parquet ? Et puis il y a un problème énorme d'information dans les milieux ruraux les plus reculés, les plus démunis. Il faudrait aussi un soutien nécessaire à la scolarisation des enfants, c'est le lien qui les maintient au village et dans leurs familles. Autre question délicate : les parents. Ils n'ont jamais été jugés responsables de ce trafic alors que de fait, il y a une complicité. Mais dans la plupart des cas, ils ne savent pas où vont leurs enfants. Et puis c'est un phénomène qui est tellement accepté par la société béninoiseà Si on ne fait rien aujourd'hui, demain des réseaux criminels vont s'engouffrer là-dedans. Aujourd'hui ce sont essentiellement des Béninois qui s'occupent des Béninois, qui les emmènent en Côte d'Ivoire ou au Gabon mais rien n'empêche qu'à terme, si c'est juteux et impuni, des Gabonais viennent chercher des Togolais etcà et là on entrerait dans un système mafieux.
Marc Béziat : Par plaque tournante il faut entendre plutôt pays de transit et pourvoyeur d'enfants, du fait de l'extrême pauvreté dans laquelle vivent une grande majorité des Béninois. Dans ce sens là on peut parler de plaque tournante mais ce n'est pas du tout le seul pays de la région touché. Tous les pays de la région sont touchés.
RFI : S'agit-il de réseaux bien organisés ?
M. B : Ce ne sont pas des réseaux organisés de manière criminelle. Ce sont des réseaux qui restent assez informels même si toutefois on peut parler de réseaux dans le sens où des Béninois installés dans d'autres pays font venir des enfants et organisent les passages. Ils commanditent des intermédiaires qui vont se rendre dans les villages les plus reculés du Bénin et aussi du Togo et vont leurrer des parents illettrés et analphabètes qui ne connaissent pas la région dans laquelle ils vivent. Ils se présentent généralement sous de beaux atours, avec une moto, bien habillés, etcà ils vont promettre cette même chance aux parents de ces enfants et bien entendu ils vont éventuellement remettre une petite somme d'argent en avance d'un salaire hypothétique. Ils ne diront jamais à ces parents que ces enfants vont être exploités, qu'ils ne seront pas payés et qu'ils seront souvent maltraités. Toute la problématique de ce trafic est de lutter contre cette exploitation.
RFI : Quels sont les risques encourus par les passeurs ?
M. B : Ils encourent des peines de prison d'après une loi qui date de 1961 mais qui a été modifiée en 1975. Mais dans les faits tous les intermédiaires qui ont été arrêtés n'ont jamais été condamnés à d'autres peines que des peines avec sursis. Il n'y a donc aucun exemple qui ait marqué l'opinion publique au Bénin.
RFI : Les pouvoirs publics ont-ils les moyens de lutter contre le trafic d'enfants ?
M. B : Au Comité contre l'esclavage moderne, on étudie un projet de lutte contre le trafic d'enfants au Bénin dont on cherche les financements. C'est un problème global auquel il faut s'attaquer : d'abord l'aspect législatif, la loi en vigueur n'est pas suffisante. Il faut s'appuyer sur tous les textes ratifiés par le Bénin et mettre des passerelles entre les conventions internationales et le droit béninois. Il faut renforcer les moyens de police. Pourquoi ne pas créer une cellule de « traite des êtres humains et de trafic d'enfants » au sein de chaque Parquet ? Et puis il y a un problème énorme d'information dans les milieux ruraux les plus reculés, les plus démunis. Il faudrait aussi un soutien nécessaire à la scolarisation des enfants, c'est le lien qui les maintient au village et dans leurs familles. Autre question délicate : les parents. Ils n'ont jamais été jugés responsables de ce trafic alors que de fait, il y a une complicité. Mais dans la plupart des cas, ils ne savent pas où vont leurs enfants. Et puis c'est un phénomène qui est tellement accepté par la société béninoiseà Si on ne fait rien aujourd'hui, demain des réseaux criminels vont s'engouffrer là-dedans. Aujourd'hui ce sont essentiellement des Béninois qui s'occupent des Béninois, qui les emmènent en Côte d'Ivoire ou au Gabon mais rien n'empêche qu'à terme, si c'est juteux et impuni, des Gabonais viennent chercher des Togolais etcà et là on entrerait dans un système mafieux.
par Propos recueillis par Sylvie Berruet
Article publié le 16/04/2001