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Rwanda

Mandat d'arrêt contre l'ancien Premier ministre<br>

Kigali a lancé un mandat d'arrêt international contre l'ancien Premier ministre du Rwanda, Pierre Célestin Rwigema, accusé d'avoir participé au génocide de 1994.
2279 : c'est le numéro de dossier de Pierre Célestin Rwigema qui figure sur une liste établie par les autorités rwandaises. Cette liste est la troisième version établie par Kigali depuis l'entrée en vigueur, en août 1996, de la loi qui organise les poursuites contres les responsables de crimes de génocide et crimes contre l'humanité commis au Rwanda. Elle compte 2989 noms, «la plupart de ces personnes vivant à l'étranger», selon l'avocat général du Parquet, Emmanuel Rukangira, cité par l'AFP.

Le mandat d'arrêt a été lancé le 6 mars dernier et transmis à Interpol en vue de son arrestation et de son extradition rapporte l'AFP, citant cette fois le procureur général Gérard Gahima. Pierre Célestin Rwigema, 47 ans, serait «actuellement en fuite aux USA».

«Les accusations contre lui ne datent pas d'aujourd'hui, il est accusé depuis 1996, seulement son dossier n'était pas encore rempli», a précisé le procureur général. Aujourd'hui le dossier est «consistant» et s'appuie «sur les témoignages d'anciens collaborateurs, de l'ancien ministre, de génocidaires et de rescapés».

«Suspects de première catégorie»

On reproche à l'ancien Premier ministre, personnalité du quartier de Biryogo, dans la banlieue de Kigali, d'avoir distribué des armes à feu et des grenades aux membres des milices extrémistes hutus qui massacraient les tutsis d'avril à juillet 1994. La justice rwandaise l'accuse d'avoir «distribué des armes, participé à des réunions préparant le génocide, participé à la mise en place des barrières dans son secteur, et d'avoir joué de son influence».

Pierre Célestin Rwigema, membre du Mouvement démocratique républicain (MDR, principal parti hutu), avait été nommé ministre de l'Education nationale en juillet 1994, après la prise de pouvoir par le Front Patriotique Rwandais. Nommé Premier ministre en août 1995, il a démissionné en janvier 2000, à la suite d'accusations de corruption, de détournement de fonds et d'abus de pouvoir. Il a quitté son pays en juin 2000, s'est rendu en Allemagne et aux Etats-Unis où il a demandé l'asile politique.

Le 19 mars dernier, une liste réactualisée des «suspects de première catégorie», considérés comme planificateurs et organisateurs du génocide avait été publiée au journal officiel. Actuellement, quelque 30 000 suspects croupissent dans les géôles rwandaises, en attendant leur jugement.



par Sylvie  Berruet (avec AFP)

Article publié le 11/04/2001