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Italie

Rutelli croit pouvoir «battre Berlusconi»

A trois semaines des élections législatives du 13 mai, la coalition de centre-gauche dirigée par l'ancien maire de Rome Francesco Rutelli s'est retrouvée au c£ur de la capitale italienne pour célébrer sa victoire il y a cinq ans, mais d'abord pour montrer qu'elle croit toujours pouvoir l'emporter de nouveau face à « l'épouvantail Berlusconi ». En dépit des sondages qui donnent toujours un net avantage à la coalition de centre-droite appelée « Maison des Libertés » qui comprend, outre le parti de Silvio Berlusconi (Forza Italia), celui d'Umberto Bossi (la Ligue du Nord, régionaliste et populiste), celui de Gianfranco Fini (Alliance nationale) et de petits partis issus de la défunte Démocratie chrétienne.
«Quelque chose est en train de changer et tous les sondages nous montrent en progrès : l'écart n'est plus que de trois points» a assuré Francesco Rutelli, devant quelques dizaines de milliers d'Italiens rassemblés Piazza del Popolo. «La partie est plus ouverte que jamais. Nous ne remettrons pas notre pays entre les mains des forces de l'avidité et des privilèges, à un régime d'égoïsme et de conflit d'intérêt», a-t-il ajouté, en faisant allusion à son adversaire Berlusconi, l'homme le plus riche de la péninsule et qui dispose d'un véritable empire audiovisuel, notamment de trois télévisions nationales, c'est-à-dire autant que le service public (RAI).

Tous les partis de la coalition de centre-gauche qui compose L'Olivier - des Démocrates de gauche (DS, ex-communistes) aux Verts, en passant par le Parti populaire (PPI, ex-gauche démocrate-chrétienne) étaient au côté d'un candidat aussi souriant et détendu que son adversaire, mais beaucoup plus jeune, et qui dispose de l'appui de nombreuses personnalités du monde du spectacle : Monica Vitti, Stefania Sandrelli, Ettore Scola, Paolo et Vittorio Taviani, Nanni Moretti et Mario Monicelli.

Une étrange conférence de presse de Berlusconi

A cette occasion l'ancien maire de Rome a dévoilé son programme intitulé: « rénovons l'Italie ensemble ». Il prévoit une réduction de la pression fiscale (qui devrait passer sous la barre des 40% du PIB), des aides aux petites entreprises, des primes pour l'emploi des jeunes et l'encouragement de la flexibilité. Rutelli a également annoncé qu'il relèverait «sans démagogie» les retraites minimum, mais aussi des mesures sévères à l'encontre de l'immigration clandestine et des « nouvelles mafias ». Enfin, il a annonce que, s'il est élu président du Conseil, il s'attaquera à Charybde et Scylla. Il s'engage à construire non seulement de nouvelles routes mais aussi un pont reliant la Calabre et la Sicile, enjambant le fameux détroit de Messine : un véritable serpent de mer qui a été maintes fois annoncé, à droite comme à gauche, mais jamais réalisé.

Rutelli a également annoncé que deux «poids lourds politiques» ont d'ores et déjà accepté de faire partie de son équipe gouvernementale, qui par ailleurs «comprendra le plus grand nombre de femmes de l'histoire de la République» : il s'agit des anciens présidents du Conseil Amato et D'Alema, qui jusque là étaient restés plutôt discrets. L'automne dernier ils n'avaient guère apprécié que L'Olivier choisisse comme candidat l'inattendu Francesco Rutelli, membre du Parti radical, puis des Verts, avant de devenir maire de Rome, au lieu de l'un des «ténors» du centre-gauche. Celui-ci aura d'autant plus besoin de l'aide de tous ses leaders que Silvio Berlusconi tente par tous les moyens de voler la vedette à Rutelli.

Ainsi, au moment même où s'ouvrait à Rome la Convention de L'Olivier, Berlusconi a convoqué une étrange conférence de presse, pour dénoncer «la haine» de la gauche à son encontre. En lisant un texte préparé à l'avance, il a annoncé que «si quelque chose de grave lui arrive, ce sera de la seule responsabilité de la gauche». «Je me sens menacé. Je sens croître autour de ma personne, et autour du mouvement que je dirige, un climat d'hostilité. Et je ne suis pas tranquille» a-t-il ajouté, avant de refuser de répondre aux questions des journalistes et de s'éclipser. S'agit-il d'une nouvelle «opération de propagande et de diversion» que le leader affectionne depuis quelques mois ? En tout cas le magnat de la télévision italienne n'a pas porté plainte, et a une nouvelle fois refusé de participer à des débats télévisés avec son adversaire.



par Elio  Comarin

Article publié le 22/04/2001