Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Mauritanie

Découverte pétrolière prometteuse

La société australienne Woodside a effectué un forage pétrolier très prometteur en Mauritanie, révèle la revue spécialisée Pétrostratégies. Selon la compagnie pétrolière, la Mauritanie serait une «région pétrolière majeure». Entretien avec Pierre Terzian, directeur de Pétrostratégies.
RFI : Quelle est l'ampleur de la découverte ?
Pierre Terzian :
Il s'agit de pétrole avec peut-être un peu de gaz. La découverte a été effectuée au large des côtes mauritaniennes en mer profonde. Le premier puits a été foré par 800 mètres de fond. La couche d'hydrocarbures ne serait pas elle-même très profonde (2 600 mètres approximativement). L'opérateur, la société australienne Woodside, se montre prudente. Elle dit que probablement, le puits de découverte a mis en évidence une «province pétrolière majeure», selon les propres dires de Woodside. Pour le moment, elle ne veut pas avancer de chiffres de réserve car elle en est à son premier puits, mais elle promet de donner des estimations beaucoup plus ciblées lorsque tous les tests de production auront été réalisés sur le premier puits et lorsque le deuxième puits, qu'elle s'apprête à forer dans quelques semaines, aura été mené à bien. Néanmoins, elle pense qu'avec ces deux premiers puits, elle pourra prouver la présence de 370 millions de barils d'hydrocarbures. C'est un volume très intéressant pour un pays comme la Mauritanie.

RFI : La région était connue pour être une zone pétrolière ?
PT :
C'est la toute première fois que l'on découvre du pétrole en Mauritanie, et plus généralement, dans cette région. Cela ouvre des perspectives très intéressantes à la fois pour la Mauritanie, un pays pauvre à qui cela fera du bien de disposer de ressources nouvelles sous forme de revenus pétroliers, et pour d'autres pays de la région, tels que le Maroc qui a connu des déconvenues en matière d'exploration terrestre, mais qui, peut-être, aura plus de chance en mer.

RFI : Est-ce que ça ne peut pas être aussi un facteur de tensions entre les pays voisins, si les nappes d'hydrocarbure sont à cheval sur les frontières ?
PT :
Bien entendu, si des gisements sont identifiés dans des zones actuellement litigieuses, la solution du problème frontalier sera encore plus difficile à trouver.

RFI : Est-ce du pétrole facile à récupérer ou son coût d'extraction est-il, au contraire, prohibitif ?
PT :
C'est du pétrole tout à fait classique à récupérer compte tenu des technologies actuelles. Il y a dix ans, 800 mètres de profondeur auraient pu être considérés comme difficilement abordables ; aujourd'hui, c'est devenu tout à fait classique. Les coûts de production seront légèrement supérieurs à ce qu'ils sont dans l'offshore peu profond et à ce qu'ils sont à terre, et encore : une découverte à terre aux fins fonds d'un désert qu'il faudrait évacuer en creusant un oléoduc très long coûterait plus cher qu'une découverte réalisée dans des eaux profondes mais à proximité des côtes, ce qui est le cas en l'occurrence. Ce n'est même pas la peine d'acheminer les hydrocarbures jusqu'à la côte, on peut ancrer des très gros navires qui servent à la fois d'unités de production, de stockage et d'exportation.



par Propos recueillis par Olivier  Da Lage

Article publié le 18/05/2001