Monténégro
Un gouvernement indépendantiste minoritaire
La coalition indépendantiste a décidé de former un gouvernement minoritaire qui sera soutenu par l'alliance libérale.
De notre correspondant dans les Balkans
Plus d'un mois après les élections législatives du 22 avril, le Monténégro devrait enfin avoir un gouvernement. Après de folles semaines de tractations secrètes, où les combinaisons les plus invraisemblables ont été envisagées, le Parlement devrait se réunir jeudi pour accorder sa confiance à un gouvernement minoritaire des partisans du Président Milo Djukanovic, qui jouira toutefois du soutien sans participation des indépendantistes convaincus de l'Alliance libérale (LSCG). L'option indépendantiste ressort pourtant bien affaiblie de la crise. Des jeunes gens ont entrepris de lacérer les affiches libérales qui décorent encore la plupart des cafés et des commerces de Cetinje, l'ancienne capitale royale du petit pays et bastion du LSCG. «Traîtres ! Les Libéraux étaient prêts à s'allier aux Tchétniks». L'annonce qu'un accord « contre-nature » était quasiment conclu entre le LSCG et l'opposition pro-serbe, le week-end dernier, a suscité toutes les passions.
Le but de l'opération aurait été de faire chuter le Président Djukanovic et de convoquer au plus vite un référendum, par lequel les citoyens se seraient prononcés en faveur de l'indépendance ou bien du maintien du cadre fédéral yougoslave. Cette surprenante entente a failli être conclue alors que les négociations entre le LSCG et la coalition «Victoire du Monténégro» des partisans de Milo Djukanovic venaient d'échouer. Les Libéraux avaient non seulement réclamé les ministères de l'Intérieur, de la Justice et de l'Information, le contrôle du système douanier et de la Banque centrale, ce qui fait beaucoup pour une formation ayant recueilli 8% des suffrages, mais ils voulaient également que la répartition des mandats au sein du futur Parlement soit revue en leur faveur. Un demande que le président de la Cour constitutionnelle du Monténégro a, bien évidemment, jugé «inconstitutionnelle». A partir de ce moment-là, toutes les combinaisons ont été envisagées, avec des possibilités d'alliance se renversant toutes les deux heures.
L'essoufflement de la vague indépendantiste
L'analyste Srdjan Darmanovic essayait de garder la tête froide, en estimant que «les Libéraux sont restés obnubilés par leur idée de détruire l'Etat-parti édifié par Milo Djukanovic, sans comprendre que leur radicalisme n'était pas du tout compris par l'opinion». Finalement, le sens des réalités est revenu aux uns et aux autres. Les Libéraux ont proposé leur soutien sans participation à un gouvernement minoritaire resserré autour des proches partisans de Milo Djukanovic, qui ont accepté cette situation peu confortable, puisque les Libéraux seront en mesure de faire tomber ce gouvernement à tout moment.
Au bout du compte, c'est l'option de l'indépendance qui sort grandement affaiblie de la crise. Le «bloc monténégrin», regroupant la coalition «Victoire du Monténégro», les Libéraux et les partis albanais, pouvait se targuer de peser à peu près 55% des voix. Or, la crise a révélé que ce «bloc» n'existe pas, ou du moins qu'il n'a aucune unité. Seuls, les partisans de Milo Djukanovic n'ont recueilli que 42% des suffrages, et se retrouvent en position d'extrême faiblesse pour négocier, aussi bien avec Belgrade qu'avec la communauté internationale. L'opposition pro-yougoslave peut se frotter les mains : non seulement ce sont ses adversaires qui ont semblé prêts à abandonner tous leurs principes, mais elle est convaincu que la fragilité politique du futur gouvernement débouchera rapidement sur de nouvelles élections qu'elle se croit assurée de gagner.
La vague montante qui semblait porter les partisans de l'indépendance a paru s'essouffler lors des élections du 22 avril, et ces derniers se sont eux-mêmes, depuis, largement discrédités.
Plus d'un mois après les élections législatives du 22 avril, le Monténégro devrait enfin avoir un gouvernement. Après de folles semaines de tractations secrètes, où les combinaisons les plus invraisemblables ont été envisagées, le Parlement devrait se réunir jeudi pour accorder sa confiance à un gouvernement minoritaire des partisans du Président Milo Djukanovic, qui jouira toutefois du soutien sans participation des indépendantistes convaincus de l'Alliance libérale (LSCG). L'option indépendantiste ressort pourtant bien affaiblie de la crise. Des jeunes gens ont entrepris de lacérer les affiches libérales qui décorent encore la plupart des cafés et des commerces de Cetinje, l'ancienne capitale royale du petit pays et bastion du LSCG. «Traîtres ! Les Libéraux étaient prêts à s'allier aux Tchétniks». L'annonce qu'un accord « contre-nature » était quasiment conclu entre le LSCG et l'opposition pro-serbe, le week-end dernier, a suscité toutes les passions.
Le but de l'opération aurait été de faire chuter le Président Djukanovic et de convoquer au plus vite un référendum, par lequel les citoyens se seraient prononcés en faveur de l'indépendance ou bien du maintien du cadre fédéral yougoslave. Cette surprenante entente a failli être conclue alors que les négociations entre le LSCG et la coalition «Victoire du Monténégro» des partisans de Milo Djukanovic venaient d'échouer. Les Libéraux avaient non seulement réclamé les ministères de l'Intérieur, de la Justice et de l'Information, le contrôle du système douanier et de la Banque centrale, ce qui fait beaucoup pour une formation ayant recueilli 8% des suffrages, mais ils voulaient également que la répartition des mandats au sein du futur Parlement soit revue en leur faveur. Un demande que le président de la Cour constitutionnelle du Monténégro a, bien évidemment, jugé «inconstitutionnelle». A partir de ce moment-là, toutes les combinaisons ont été envisagées, avec des possibilités d'alliance se renversant toutes les deux heures.
L'essoufflement de la vague indépendantiste
L'analyste Srdjan Darmanovic essayait de garder la tête froide, en estimant que «les Libéraux sont restés obnubilés par leur idée de détruire l'Etat-parti édifié par Milo Djukanovic, sans comprendre que leur radicalisme n'était pas du tout compris par l'opinion». Finalement, le sens des réalités est revenu aux uns et aux autres. Les Libéraux ont proposé leur soutien sans participation à un gouvernement minoritaire resserré autour des proches partisans de Milo Djukanovic, qui ont accepté cette situation peu confortable, puisque les Libéraux seront en mesure de faire tomber ce gouvernement à tout moment.
Au bout du compte, c'est l'option de l'indépendance qui sort grandement affaiblie de la crise. Le «bloc monténégrin», regroupant la coalition «Victoire du Monténégro», les Libéraux et les partis albanais, pouvait se targuer de peser à peu près 55% des voix. Or, la crise a révélé que ce «bloc» n'existe pas, ou du moins qu'il n'a aucune unité. Seuls, les partisans de Milo Djukanovic n'ont recueilli que 42% des suffrages, et se retrouvent en position d'extrême faiblesse pour négocier, aussi bien avec Belgrade qu'avec la communauté internationale. L'opposition pro-yougoslave peut se frotter les mains : non seulement ce sont ses adversaires qui ont semblé prêts à abandonner tous leurs principes, mais elle est convaincu que la fragilité politique du futur gouvernement débouchera rapidement sur de nouvelles élections qu'elle se croit assurée de gagner.
La vague montante qui semblait porter les partisans de l'indépendance a paru s'essouffler lors des élections du 22 avril, et ces derniers se sont eux-mêmes, depuis, largement discrédités.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 23/05/2001