Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Droits de l''Homme

Camouflet pour Washington aux Nations Unies

La Commission del'ONU pour les droits de l'homme, dont le siège se trouve à New York, n'a pas renouvelé le siège des Etats-Unis à cette haute instance, dont ils faisaient pourtant partie depuis sa création il y a plus d'un demi-siècle, en 1947. Pour les observateurs, cette éviction des Etats-Unis constitue un camouflet diplomatique cinglant pour le président Bush et son équipe.
C'est la première fois que les Etats-Unis, qui faisaient partie de cette commission depuis 1947, ont vu leur candidature rejetée lors d'un vote à l'ONU, à New York. Les trois sièges attribués au groupe occidental lors d'un renouvellement partiel de la commission sont allés à la France, l'Autriche et la Suède, trois pays qui ont obtenu plus de voix que les Etats-Unis. Washington a exprimé sa «grande déception» face à ce revers diplomatique dans une instance fréquemment utilisée par les Etats-Unis pour exprimer leurs griefs contre de nombreux pays en matière des droits de l'homme, comme Cuba ou la Chine. Pourtant, le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, avait indiqué que Washington avait reçu des assurances de «plus de 40 pays», sur les 54 votants, qu'ils voteraient pour les Etats-Unis. Et de pointer du doigt, sans les citer, certains pays de l'Union européenne. Du coup, le républicain ultra-conservateur Jesse Helms, qui est à la tête de l'influente Commission des affaires étrangères du Sénat, n'a pas hésité d'accuser «certains pays européens d'avoir man£uvré pour exclure les Etats-Unis».

«machination des bureaucrates internationaux»

Pourquoi cette éviction américaine ? Si certains observateurs parlent de «machination des bureaucrates internationaux», les analystes raisonnent différemment, et parfois ne cachent pas ce qu'ils considèrent comme être la véracité des faits. C'est ainsi, par exemple, que les organisations humanitaires et de défense des droits de l'Homme considèrent que les Etats-Unis sont parfois loin des valeurs dont ils se font pourtant les porte-parole sur la scène internationale. En particulier en ce qui concerne le brûlant dossier de la peine de mort. Avec plus de 700 exécutions capitales depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976, les Etats-Unis, affirment ces mêmes organisations, les Etats-Unis auraient dans ce domaine un bilan qui les rapprocheraient plus de l'Iran ou du Soudan que des démocraties occidentales, qui ont pour la plupart aboli la peine capitale.

Par ailleurs, certains rappellent que les Etats-Unis sont également un des rares pays à ne pas avoir ratifié la convention des droits de l'enfant, en raison de la possibilité d'exécuter des personnes mineures au moment des faits qui leur sont reprochés.

Alors que Colin Powell, le secrétaire d'Etat américain, critique la Russie sur la question des droits de l'homme en Tchétchénie, l'éviction américaine de la commission des Nations-Unies en charge de ce dossier constitue un camouflet cinglant sur le plan diplomatique pour le successeur de Bill Clinton. Un échec qui ne manquera pas de donner des arguments à l'aile conservatrice du Congrès des Etats-Unis, traditionnellement critique à l'égard de l'ONU, qui s'indigne de voir siéger dans cette commission des pays peu réputés pour leurs scrupules en matière de droits de l'Homme, comme par exemple le Soudan.



par Pierre  DELMAS

Article publié le 06/05/2001