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France: présidentielle 2002

Chirac joue «le vert»

Le président français était ce jeudi à Orléans où il a prononcé un discours sur les questions environnementales. Jacques Chirac entend mobiliser les électeurs sensibles à l'environnement qui pour certains d'entre eux ne rechigneraient pas à voter à droite aux prochaines échéances électorales de 2002.
L'intérêt de Jacques Chirac pour l'environnement va crescendo. Depuis quelques temps, il multiplie les interventions sur ce thème qui, avec la sécurité et l'emploi, pourrait bien être l'un des grands enjeux de la campagne présidentielle de 2002. En effet, en novembre dernier à La Haye lors de la conférence internationale sur les changements climatiques, il avait appelé à la mobilisation contre le réchauffement de la planète et avait également invité les Etats-Unis à tenir leurs engagements. Quelques mois plus tard, le président français plaidait auprès du président Georges W. Bush pour que la nouvelle administration américaine revienne sur sa décision d'enterrer le protocole de Kyoto. Tout récemment, le 30 mars, le chef de l'Etat demandait à la Commission des droits de l'homme des Nations Unies de réfléchir aux éléments d'un droit à l'environnement.

Cette thématique a été une nouvelle fois largement développée ce jeudi par Jacques Chirac, à Orléans, dans le centre de la France, où il a prononcé un discours traçant les grandes lignes d'une politique de l'environnement conciliant préoccupations écologiques et impératifs liés au progrès. Il a défendu une approche nouvelle de l'écologie, une écologie «humaniste» fondée sur la responsabilité et l'action. Une façon de se démarquer de l'écologie contestataire de gauche.

Parmi les propositions du chef de l'Etat, l'élaboration d'une «charte de l'environnement par le Parlement dont les principes fondamentaux seraient reconnus par les lois de la République», ou encore la création d'une Organisation mondiale de l'environnement sur le modèle de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ou de l'Organisation internationale du travail afin de faire avancer l'écologie à l'échelle internationale.

Le monopole de l'écologie

Avant même le discours du chef de l'Etat, les réactions politiques de la majorité plurielle ne se sont pas faites attendre. Interrogé sur LCI ce jeudi matin, le député Vert Noël Mamère a affirmé que Jacques Chirac «prenait les Français pour des gogos» en «instrumentalisant l'écologie pour faire de la politique politicienne». «Nous n'attendons pas quelques mois avant les élections pour découvrir subitement que l'écologie peut être un outil politique pour la cohésion sociale, la protection de la planète et le développement durable», a déclaré le député, en lice pour la candidature des Verts à la présidentielle.

Le ministre de l'Economie, Laurent Fabius, a également déclaré ce jeudi sur Europe 1 qu'il ne fallait pas «confondre respect de l'environnement et électoralisme», faisant apparemment à la fois allusion au débat au sein de la majorité plurielle sur l'écotaxe et aux propositions en matière d'écologie qu'allait faire le président Jacques Chirac dans l'après-midi. «J'ai l'impression que pour des raisons politiques on est en train de chercher des questions écologiques», a estimé Laurent Fabius.

Sur toutes les questions environnementales, il est vrai que l'on observe aujourd'hui une sensibilité de l'opinion publique beaucoup plus accrue que dans le passé: naufrages de l'Erika et du Ievoli Sun, dérèglements climatiques (tempêtes de 1999, inondations récentes), débat sur les OGM et sécurité alimentaire. L'environnement sera-t-il le prochain cheval de bataille de la droite après la «fracture sociale»?



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 03/05/2001