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Guyane

Chirac en pré-campagne dans les îles

Jacques Chirac a achevé dimanche une visite officielle de quatre jours dans l'Océan Indien. Ce voyage à La Réunion et à Mayotte a été l'occasion pour le président français d'exposer sa «vision personnelle de l'outre-mer» et de baigner dans une atmosphère de pré-campagne électorale, bien qu'il s'en défende.
Durant quatre jours, Jacques Chirac n'a cessé de souligner, à La Réunion et à Mayotte, son «profond attachement» à l'ensemble des terres françaises d'outre-mer, a multiplié les bains de foule et les rencontres avec les populations locales, louant leur «hospitalité», leur «accueil chaleureux» et leur «profond ancrage» dans la République. Malgré les efforts de son entourage, qui a tenté de donner à ce voyage officiel un aspect purement républicain, le chef de l'Etat a succombé à plusieurs reprises aux charmes de la bataille électorale, bien qu'il s'en défende : «cette vision des choses, c'est un peu tordu» a-t-il déclaré, agacé.

Outre les bains de foule, Jacques Chirac, accompagné notamment de Christian Paul, le secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, a participé à plusieurs réunions de travail consacrées aux problèmes des DOM-TOM : chômage très élevé, problèmes de transports vers la métropole, absence d'avenir pour la jeunesse, évolution trop rapide des sociétés traditionnelles. A bien des égards, il s'est révélé que le président français partageait les visions de son gouvernement, même en période de cohabitation. Si certains, comme Jean-Jacques Queyranne, ancien secrétaire d'Etat à l'outre-mer, ont vu dans cette position, un «coup de chapeau au gouvernement», le président a insisté sur le fait qu'il présentait lors de ce voyage sa «vision personnelle de l'outre-mer».

Un «statut à la carte» pour les DOM-TOM

A Saint-Denis de La Réunion, le président français a présenté un discours-programme dans lequel il a proposé une révision de la Constitution permettant de doter chaque collectivité «d'un statut à la carte» tout en posant des conditions : rester dans le cadre de la République, respecter les droits de l'Homme, des libertés publiques et du droit du travail, approuver les changements éventuels par référendum. Il a préconisé des mesures sociales allant bien au-delà de la loi d'orientation votée à l'automne dernier par l'Assemblée nationale. Jacques Chirac a également insisté sur le développement économique et social des DOM : «Au delà des mesures de la loi d'orientation (à) seule une loi programme, d'une durée minimum de 10 ans, serait de nature à rétablir la confiance des investisseurs et de tous les acteurs économiques».

Selon le président français, on ne «peut plus imposer un avis» à ces territoires qui doivent pouvoir choisir le statut qui leur convient, dans le respect de la Constitution française. Et la question du statut se pose avant tout à Mayotte, seule île de l'archipel des Comores n'ayant pas choisi son indépendance en 1976. La population préférant largement le maintien de leur île dans la République française.

Malgré son retard conséquent en matière économique, sanitaire et sociale sur le reste des DOM-TOM, Mayotte devrait évoluer vers un statut de collectivité départementale. Jacques Chirac a d'ailleurs assuré à plusieurs reprises que «Mayotte est française et le restera aussi longtemps que sa population confirmera ce voeu». Il a également défendu cette dernière position quant à l'épineuse question de la bidépartementalisation de La Réunion. Le chef de l'Etat y est favorable à condition que ce soit le choix fait par les Réunionnais.



Article publié le 21/05/2001