Francophonie
La diversité contre la mondialisation
Les 14 et 15 juin, à Cotonou, la conférence francophone des ministres de la Culture examine les nouvelles orientations de la communauté francophone en matière de culture. Avec un maître-mot: la «diversité» culturelle.
Dix ans après la précédente conférence du genre, à Liège, les ministres francophones de la Culture se retrouvent à Cotonou, au Bénin. Dix ans après: autant dire que le paysage a changé. L'essor du concept de la mondialisation (et ses conséquences) est passé par là, et sans prétendre chevaucher à son tour le destrier de l'anti-mondialisation, la communauté francophone se préoccupe de défendre des valeurs culturelles bien menacées. En plaçant la réunion de Cotonou sous l'égide de la «diversité», la francophonie entend aussi prendre date sur un débat qui ne fait que commencer: le futur sommet francophone de Beyrouth, axé sur le «dialogue des cultures» ne parlera pas d'autre chose, et l'Unesco, parmi d'autres instances internationales, se prépare à investir à son tour la notion-refuge de la diversité culturelle, qui devrait être au menu de sa prochaine grande conférence annuelle.
La diversité culturelle, note Roger Dehaybe, est une idée qui pourrait aller de soi, lorsqu'on parle de francophonie: «lorsque nous avons créé la Francophonie intergouvernementale, le projet était clairement d'organiser, grâce à une langue de partage, le français, l'affirmation de la diversité culturelle. Et je dirai que les fondateurs de l'agence ont mis davantage l'accent sur la différence, que sur l'unité au sein de la communauté. On l'a un peu perdu de vue, en faveur d'une vision culturelle un peu trop nordiste, voire parisienne, de la francophonie...»
La francophonie n'est pas le seul opérateur
Pour autant, les francophones semblent conscients de la nécessité de franchir un cap dans l'affirmation de la diversité. La défense d'une langue commune, le français, a longtemps occulté le rôle des «langues partenaires», parlées par des millions de locuteurs dans l'espace francophone. Il faut désormais réserver à celles-ci une place plus respectable, se soucier notamment de leur insertion dans les systèmes éducatifs nationaux, aider les Etats à construire des politiques multilinguistiques, favoriser la présence des langues dans la création. La création est précisément l'autre domaine où l'on attend de la Francophonie une impulsion: en organisant, en prélude à Cotonou, des ateliers thématiques avec les créateurs et les producteurs culturels, l'Agence intergouvernementale de la francophonie a pu prendre la mesure de leurs attentes et de leurs frustrations, qu'il s'agisse de l'accès aux marchés culturels, de la circulation des £uvres et des artistes, de l'aide à la création...
Sur bien des aspects, la francophonie n'est pas le seul opérateur à pouvoir apporter des réponses décisives. Mais elle peut prendre position, initier des actions concrètes. C'est le cas en matière de préservation du patrimoine: la question, lancinante, du rapatriement des £uvres d'art spoliées dans les pays du Sud, figure ainsi au programme de Cotonou.
Une conférence qui se tient à une époque d'explosion des nouvelles technologies de l'information: sur le plan théorique, il s'agit là d'un outil puissant pour la promotion de la diversité culturelle. En pratique, bien des pays francophones pauvres ont toutes les raisons de s'inquiéter, quand ils constatent leur difficulté d'insertion dans le monde des nouvelles technologies et de l'internet. La francophonie se doit, là encore, d'apporter son appui et d'esquisser des solutions concrètes.
A l'issue de la conférence de Cotonou, les institutions francophones se devront aussi de faire leur propre examen de conscience. Au-delà du slogan, la défense de la diversité suppose, à tout le moins, des moyens décuplés. A défaut, il faut sans doute envisager de profondes réorientations en matière de programmes et de priorités stratégiques.
La diversité culturelle, note Roger Dehaybe, est une idée qui pourrait aller de soi, lorsqu'on parle de francophonie: «lorsque nous avons créé la Francophonie intergouvernementale, le projet était clairement d'organiser, grâce à une langue de partage, le français, l'affirmation de la diversité culturelle. Et je dirai que les fondateurs de l'agence ont mis davantage l'accent sur la différence, que sur l'unité au sein de la communauté. On l'a un peu perdu de vue, en faveur d'une vision culturelle un peu trop nordiste, voire parisienne, de la francophonie...»
La francophonie n'est pas le seul opérateur
Pour autant, les francophones semblent conscients de la nécessité de franchir un cap dans l'affirmation de la diversité. La défense d'une langue commune, le français, a longtemps occulté le rôle des «langues partenaires», parlées par des millions de locuteurs dans l'espace francophone. Il faut désormais réserver à celles-ci une place plus respectable, se soucier notamment de leur insertion dans les systèmes éducatifs nationaux, aider les Etats à construire des politiques multilinguistiques, favoriser la présence des langues dans la création. La création est précisément l'autre domaine où l'on attend de la Francophonie une impulsion: en organisant, en prélude à Cotonou, des ateliers thématiques avec les créateurs et les producteurs culturels, l'Agence intergouvernementale de la francophonie a pu prendre la mesure de leurs attentes et de leurs frustrations, qu'il s'agisse de l'accès aux marchés culturels, de la circulation des £uvres et des artistes, de l'aide à la création...
Sur bien des aspects, la francophonie n'est pas le seul opérateur à pouvoir apporter des réponses décisives. Mais elle peut prendre position, initier des actions concrètes. C'est le cas en matière de préservation du patrimoine: la question, lancinante, du rapatriement des £uvres d'art spoliées dans les pays du Sud, figure ainsi au programme de Cotonou.
Une conférence qui se tient à une époque d'explosion des nouvelles technologies de l'information: sur le plan théorique, il s'agit là d'un outil puissant pour la promotion de la diversité culturelle. En pratique, bien des pays francophones pauvres ont toutes les raisons de s'inquiéter, quand ils constatent leur difficulté d'insertion dans le monde des nouvelles technologies et de l'internet. La francophonie se doit, là encore, d'apporter son appui et d'esquisser des solutions concrètes.
A l'issue de la conférence de Cotonou, les institutions francophones se devront aussi de faire leur propre examen de conscience. Au-delà du slogan, la défense de la diversité suppose, à tout le moins, des moyens décuplés. A défaut, il faut sans doute envisager de profondes réorientations en matière de programmes et de priorités stratégiques.
par Thierry Perret
Article publié le 13/06/2001