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Argentine

Carlos Menem assigné à résidence

L'ancien président argentin a été assigné a résidence. Il est poursuivi pour une affaire de corruption et de trafic d'armes.
En 1991, le président argentin Carlos Menem signe deux décrets numéroté 1697 et 2283 qui autorisent la vente à Panama de 6 500 tonnes d'armements lourds: des fusils, des munitions et de la poudre. En 1995, il signe le décret n° 103 qui mentionne la vente de 75 tonnes d'armes au Venezuela. Ces décrets sont rendus obligatoires par la Constitution car l'armée ne peut pas elle même exporter de l'armement.

Le problème est qu'en cette même année 1995, un avocat d'affaires, Ricardo Monner Sans, découvre que le Venezuela n'a jamais acheté d'armes à l'Argentine. Cet armement est retrouvé en Croatie, lors de la guerre des Balkans, grâce à une enquête du grand quotidien de Buenos Aires Clarin qui publie même des photos. Le dépôt d'une plainte par l'avocat constitue le début de la procédure qui permet de retrouver également de l'armement argentin en Equateur, pays engagé dans une brève et énième guerre des frontières avec le Pérou.

Une banale affaire de corruption

Panama, pays sans armée, confirme également qu'il n'a jamais acheté d'armes à l'Argentine. Le plus curieux dans cette affaire est que ces opérations illicites ont eut lieu alors que l'Argentine accomplissait des missions de paix dans les deux cas, avec des troupes parmi les casques bleus des Nations unies dans les Balkans et comme garante des traités limitrophes entre le Pérou et l'Equateur. L'explication la plus plausible, et généralement avancée par les bons connaisseurs de l'argentine, est qu'il s'agit d'une banale affaire de corruption en faveur de l'armée. Au moment des premiers décrets, en 1991, Carlos Menem venait de mettre fin à une troisième tentative de coup d'Etat des militaires, dont certaines unités avaient investis des casernes pendant plusieurs jours.

Dans ce cadre, et alors que le budget de l'armée est maintenu à un faible niveau, il faut trouver des financements nouveaux pour les hauts dignitaires des trois armes et il n'est pas impossible que ces ventes d'armes illicites soient le moyen utilisé par Carlos Menem pour maintenir l'armée dans ses quartiers. Notons au passage qu'outre Carlos Menem, d'autres personnalités sont citées dans cette affaire. il s'agit des ministres qui ont co-signé les décrets: ceux qui se sont succédés à la Défense Antonio Erman Gonzalez et Oscar Camilion, et celui des Relations extérieures Guido Di Tella. En revanche, le ministre de l'Economie de l'époque Domingo Cavallo est le seul à ne pas être cité. Il est vrai qu'il occupe de nouveau aujourd'hui le même poste dans le gouvernement du président de centre-gauche Fernando de la Rua, avec la lourde tâche de relever l'état déplorable de l'économie et des finances argentines.



par Eric  Bataillon

Article publié le 08/06/2001