Agriculture
Des champignons-tueurs contre les criquets
Quand un essaim de plusieurs millions, voire milliards, de criquets s'abat sur une région, il ne reste plus rien de la végétation et des cultures. Ces insectes représentent un véritable fléau. Pendant longtemps, seule l'utilisation des pesticides permettait de stopper les ravages des criquets. Aujourd'hui, la lutte biologique prend le relais.
En 1958, l'Ethiopie a perdu 167 000 tonnes de céréales à la suite d'une invasion de criquets. Soit l'équivalent de la nourriture d'un million d'hommes pendant un an. Ces chiffres donnent une idée de l'ampleur des dégâts causés par l'arrivée d'essaims de criquets en phase grégaire. Cultures ravagées, alimentation du bétail mais aussi des hommes compromise, sont autant de conséquences de la pullulation des criquets dans une région. Ces terribles insectes menacent une aire géographique qui recouvre 57 pays dans le monde, notamment en Afrique, au Moyen-Orient, dans les péninsules arabique et indo-pakistanaise, en Europe méditerranéenne. Une Conférence internationale organisée, à Montpellier, par le Cirad (Centre international en recherche agronomique pour le développement), doit s'intéresser du 19 au 22 août, aux moyens de lutte contre les criquets.
La dernière invasion de très grande ampleur à avoir ravagé l'Afrique date de 1987-1988. Il avait alors fallu traiter avec des insecticides près de 30 millions d'hectares de terre pour un coût d'environ deux milliards de francs. Mais la menace est toujours présente. En 1993-94, puis en 1998, d'autres alertes ont eu lieu. Ces déferlements d'acridiens ont pu être maîtrisés assez rapidement.
L'arme biologique
Les criquets sont d'autant plus difficiles à canaliser qu'ils se reproduisent et se déplacent à une vitesse fulgurante. La pluie mais aussi certaines pratiques agricoles (surpâturage, déforestation, irrigation), peuvent favoriser la multiplication de ces insectes aux mandibules destructrices qui sont présents dans les espaces à forte végétation. En Afrique, la zone d'inondation du fleuve Niger, au Mali, est l'une des principales aires de regroupement des criquets en essaims. La lutte commence par la surveillance dans les zones à risque grâce à des réseaux terrestres mais aussi aux satellites pour évaluer la situation dans les aires les plus reculées. En cas d'invasion de grande ampleur, les pesticides représentent le seul moyen de lutter en urgence pour stopper la propagation des criquets. La pulvérisation de ces substances chimiques s'effectue soit à pied, soit lorsque l'invasion est trop importante, à l'aide d'avions. Pour être efficace, il est nécessaire d'agir très rapidement en pulvérisant les zones de reproduction afin d'éviter l'éclosion des larves, la formation d'essaims incontrôlables et une destruction complète des cultures de la zone concernée.
Problème majeur: l'utilisation massive de pesticides est néfaste pour l'environnement. Elle est particulièrement nocives pour les espèces animales présentes sur le territoire mais aussi pour les hommes. C'est pourquoi, dans un premier temps, le produit le plus utilisé pendant des années, la dièldrine, a été abandonné au profit d'autres substances moins toxiques. Et dans un deuxième temps, la recherche s'est orientée vers la lutte biologique. Le «projet Lubilosa» (Lutte biologique contre les locustes et les sauteriaux) qui a démarré fin 1989, a permis la mise au point d'un mycopestcicide, le Green Muscle. Il s'agit d'un champignon obtenu à partir des spores d'un insecte mort. Il se présente sous deux formes: poudre sèche ou solution concentrée huileuse qui semble être la plus efficace et s'applique à l'aide d'un pulvérisateur. Des tests ont été réalisés, notamment dans la zone du lac Tchad, et ont permis d'évaluer l'efficacité du Green Muscle dont l'utilisation est maintenant recommandée par la FAO (Organisation des Nations unies pour l'Agriculture et l'Alimentation).
Ce produit représente une avancée intéressante car il est beaucoup moins nocif pour l'environnement que les pesticides et évite les risques d'intoxication des hommes et des animaux. Mais le délai nécessaire à son action, de quatre à dix jours, ne lui permet pas de stopper la destruction d'une récolte car les insectes traités ont le temps de dévorer les cultures avant de mourir. Par contre, le Green Muscle permet une éradication plus durable des criquets et paraît parfaitement adapté à la lutte préventive dans les zones de reproduction. Mais pour que l'utilisation de cette arme biologique se généralise en Afrique, deux conditions restent à remplir: parvenir à obtenir une production industrielle de produit suffisante pour subvenir aux besoins et octroyer des subventions pour permettre aux paysans d'y avoir accès.
La dernière invasion de très grande ampleur à avoir ravagé l'Afrique date de 1987-1988. Il avait alors fallu traiter avec des insecticides près de 30 millions d'hectares de terre pour un coût d'environ deux milliards de francs. Mais la menace est toujours présente. En 1993-94, puis en 1998, d'autres alertes ont eu lieu. Ces déferlements d'acridiens ont pu être maîtrisés assez rapidement.
L'arme biologique
Les criquets sont d'autant plus difficiles à canaliser qu'ils se reproduisent et se déplacent à une vitesse fulgurante. La pluie mais aussi certaines pratiques agricoles (surpâturage, déforestation, irrigation), peuvent favoriser la multiplication de ces insectes aux mandibules destructrices qui sont présents dans les espaces à forte végétation. En Afrique, la zone d'inondation du fleuve Niger, au Mali, est l'une des principales aires de regroupement des criquets en essaims. La lutte commence par la surveillance dans les zones à risque grâce à des réseaux terrestres mais aussi aux satellites pour évaluer la situation dans les aires les plus reculées. En cas d'invasion de grande ampleur, les pesticides représentent le seul moyen de lutter en urgence pour stopper la propagation des criquets. La pulvérisation de ces substances chimiques s'effectue soit à pied, soit lorsque l'invasion est trop importante, à l'aide d'avions. Pour être efficace, il est nécessaire d'agir très rapidement en pulvérisant les zones de reproduction afin d'éviter l'éclosion des larves, la formation d'essaims incontrôlables et une destruction complète des cultures de la zone concernée.
Problème majeur: l'utilisation massive de pesticides est néfaste pour l'environnement. Elle est particulièrement nocives pour les espèces animales présentes sur le territoire mais aussi pour les hommes. C'est pourquoi, dans un premier temps, le produit le plus utilisé pendant des années, la dièldrine, a été abandonné au profit d'autres substances moins toxiques. Et dans un deuxième temps, la recherche s'est orientée vers la lutte biologique. Le «projet Lubilosa» (Lutte biologique contre les locustes et les sauteriaux) qui a démarré fin 1989, a permis la mise au point d'un mycopestcicide, le Green Muscle. Il s'agit d'un champignon obtenu à partir des spores d'un insecte mort. Il se présente sous deux formes: poudre sèche ou solution concentrée huileuse qui semble être la plus efficace et s'applique à l'aide d'un pulvérisateur. Des tests ont été réalisés, notamment dans la zone du lac Tchad, et ont permis d'évaluer l'efficacité du Green Muscle dont l'utilisation est maintenant recommandée par la FAO (Organisation des Nations unies pour l'Agriculture et l'Alimentation).
Ce produit représente une avancée intéressante car il est beaucoup moins nocif pour l'environnement que les pesticides et évite les risques d'intoxication des hommes et des animaux. Mais le délai nécessaire à son action, de quatre à dix jours, ne lui permet pas de stopper la destruction d'une récolte car les insectes traités ont le temps de dévorer les cultures avant de mourir. Par contre, le Green Muscle permet une éradication plus durable des criquets et paraît parfaitement adapté à la lutte préventive dans les zones de reproduction. Mais pour que l'utilisation de cette arme biologique se généralise en Afrique, deux conditions restent à remplir: parvenir à obtenir une production industrielle de produit suffisante pour subvenir aux besoins et octroyer des subventions pour permettre aux paysans d'y avoir accès.
par Valérie Gas
Article publié le 18/08/2001