Islamisme
Les réseaux Ben Laden en Afrique
En août 1998, les attentats anti-américains au Kenya et en Tanzanie révélaient le rôle de l'organisation d'Oussama Ben Laden en Afrique orientale. Depuis, on s'interroge sur la présence de ses fidèles dans le reste du continent.
Depuis les attentats meurtriers contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, le 7 août 1998, on sait qu' Al-Qaïda, l'organisation d'Oussama Ben Laden, a essaimé en Afrique orientale. Khalfan Khamis Mohamed, l'un des responsables des explosions qui avaient fait 224 morts, condamné à la prison à vie aux Etats Unis en juillet dernier, est tanzanien. Mais le procès qui s'est déroulé début 2001 a aussi permis d'y voir plus clair sur la présence de fidèles de Ben Laden dans d'autres Etats de la région ces dix dernières années.
Un témoin à charge d'origine soudanaise, Djamal Al-Fadl, ancien proche du chef terroriste, avait confirmé un grand nombre d'informations concernant son réseau dans cette partie du monde. Al-Fadl a notamment révélé avoir effectué, entre 1989 et 1993, des missions en Somalie et en Erythrée, emportant avec lui jusqu'à 100 000 dollars destinés à promouvoir la cause et les membres d'Al-Qaïda dans ces pays. Selon lui, une partie de ces fonds étaient destinés au «Jamaht e Jihal el Eritrea», un mouvement luttant contre le gouvernement érythréen.
La main de Ben Laden dans l'échec américain en Somalie
Ce procès riche en enseignements au regard de la catastrophe qui vient de toucher les Etats-Unis, a par ailleurs confirmé une information capitale concernant le rôle des réseaux Ben Laden dans l'enchaînement d'événements ayant entraîné le départ des troupes américaines de Somalie, où elles participaient à l'opération de maintien de la paix de l'ONU. En 1993, année du premier attentat contre le World Trade Center, entièrement détruit le 11 septembre dernier, des membres d'Al-Qaida ont ainsi entraîné des miliciens somaliens opposés à l'intervention onusienne, dans des camps d'entraînement basés au Soudan. Ces mêmes miliciens auraient ensuite mené, en octobre 1993, l'attaque au cours de laquelle 18 soldats américains furent tués dans les rues de Mogadiscio.
Par la suite, Oussama Ben Laden a quitté le Soudan, en 1996, et les autorités de Khartoum jurent désormais que le temps où leur territoire servait de base arrière à son organisation, de même qu'à d'autres réseaux terroristes, est révolu. Plus tard, Washington a, plusieurs fois, émis des soupçons non seulement contre le Soudan, avec lequel elle commençait tout juste à renouer ces dernières semaines, mais aussi contre des ressortissants d'autres pays africains. Début janvier 2000, un ressortissant mauritanien soupçonné d'appartenir à Al-Qaïda a ainsi été arrêté au Sénégal, puis expulsé sur demande des Etats-Unis, rapporte notre envoyé spécial permanent à Dakar. En témoignant devant la justice américaine, Djamal Al-Fadl avait également confié avoir collaboré avec des membres du réseau Ben Laden, entre autres, du Nigeria.
Ce dernier dispose-t-il pour autant d'implantations en Afrique de l'Ouest ? Le suspect numéro un des attentats de New York et Washington y a au moins quelques admirateurs. Au Nord du Nigeria, des membres d'organisations fondamentalistes ont ainsi fêté la tragédie qui frappe les Etats-Unis. Et au Niger, selon le leader d'un petit parti islamiste interrogé sur RFI, certains n'hésitent pas à placarder des photos de Ben Laden sur leur véhicule à l'intérieur du pays, signifiant leur admiration pour un «brave» luttant contre la domination de l'Occident. Certes minoritaires, ces manifestations de soutien ont toute de même de quoi faire réfléchir.
Un témoin à charge d'origine soudanaise, Djamal Al-Fadl, ancien proche du chef terroriste, avait confirmé un grand nombre d'informations concernant son réseau dans cette partie du monde. Al-Fadl a notamment révélé avoir effectué, entre 1989 et 1993, des missions en Somalie et en Erythrée, emportant avec lui jusqu'à 100 000 dollars destinés à promouvoir la cause et les membres d'Al-Qaïda dans ces pays. Selon lui, une partie de ces fonds étaient destinés au «Jamaht e Jihal el Eritrea», un mouvement luttant contre le gouvernement érythréen.
La main de Ben Laden dans l'échec américain en Somalie
Ce procès riche en enseignements au regard de la catastrophe qui vient de toucher les Etats-Unis, a par ailleurs confirmé une information capitale concernant le rôle des réseaux Ben Laden dans l'enchaînement d'événements ayant entraîné le départ des troupes américaines de Somalie, où elles participaient à l'opération de maintien de la paix de l'ONU. En 1993, année du premier attentat contre le World Trade Center, entièrement détruit le 11 septembre dernier, des membres d'Al-Qaida ont ainsi entraîné des miliciens somaliens opposés à l'intervention onusienne, dans des camps d'entraînement basés au Soudan. Ces mêmes miliciens auraient ensuite mené, en octobre 1993, l'attaque au cours de laquelle 18 soldats américains furent tués dans les rues de Mogadiscio.
Par la suite, Oussama Ben Laden a quitté le Soudan, en 1996, et les autorités de Khartoum jurent désormais que le temps où leur territoire servait de base arrière à son organisation, de même qu'à d'autres réseaux terroristes, est révolu. Plus tard, Washington a, plusieurs fois, émis des soupçons non seulement contre le Soudan, avec lequel elle commençait tout juste à renouer ces dernières semaines, mais aussi contre des ressortissants d'autres pays africains. Début janvier 2000, un ressortissant mauritanien soupçonné d'appartenir à Al-Qaïda a ainsi été arrêté au Sénégal, puis expulsé sur demande des Etats-Unis, rapporte notre envoyé spécial permanent à Dakar. En témoignant devant la justice américaine, Djamal Al-Fadl avait également confié avoir collaboré avec des membres du réseau Ben Laden, entre autres, du Nigeria.
Ce dernier dispose-t-il pour autant d'implantations en Afrique de l'Ouest ? Le suspect numéro un des attentats de New York et Washington y a au moins quelques admirateurs. Au Nord du Nigeria, des membres d'organisations fondamentalistes ont ainsi fêté la tragédie qui frappe les Etats-Unis. Et au Niger, selon le leader d'un petit parti islamiste interrogé sur RFI, certains n'hésitent pas à placarder des photos de Ben Laden sur leur véhicule à l'intérieur du pays, signifiant leur admiration pour un «brave» luttant contre la domination de l'Occident. Certes minoritaires, ces manifestations de soutien ont toute de même de quoi faire réfléchir.
par Christophe Champin
Article publié le 14/09/2001