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Attentats: la riposte

Opération «<i>justice infinie</i>»

Les Etats-Unis envisagent une riposte multiforme aux attentats du 11 septembre. Pas question, affirme-t-on dans l'entourage de George Bush, de se limiter à des frappes classiques contre un ennemi d'un nouveau type. Washington a toutefois entrepris le redéploiement d'une grande partie de ses forces en direction de la Méditerranée et du Golfe Persique.
Les hauts responsables américains n'ont cessé de le répéter ces derniers jours, la «guerre» contre les commanditaires des attentats du 11 septembre sera de «longue haleine» et multiforme. Elle se jouera sur plusieurs fronts, a précisé mercredi Condoleeza Rice, la conseillère pour la Sécurité nationale de George Bush, «parfois sur le front financier, parfois sur celui de l'information, parfois sur le militaire, parfois sur d'autres». Pour autant, les Etats-Unis n'écartent manifestement pas des actions classiques. Washington a ainsi entrepris le redéploiement de ses forces armées pour soutenir une frappe éventuelle, même «chirurgicale», contre les partisans d'Oussama Ben Laden ou de ses protecteurs talibans. L'opération a déjà un nom: «Justice infinie».

Une centaine d'avions militaires ûdont des chasseurs F15 et F16, des bombardiers B52 et B1 ainsi que des avions de ravitaillement et des avions radars AWACS -devaient s'envoler, ce jeudi, en direction du Golfe Persique. La veille, les premiers navires du groupe aéronaval du porte-avions Theodore Roosevelt (15 000 hommes) ont appareillé pour la Méditerranée et, sans doute, le Golfe. Ils doivent renforcer la présence militaire américaine, déjà importante, dans la région. Deux porte-avions, l'USS Enterprise et l'USS Carl Vinson, transportant à eux deux 210 avions de combats et de soutien, sont déjà en mission dans l'Océan Indien. Plusieurs autres navires américains ont par ailleurs quitté le Japon ces derniers jours, dont le croiseur Vincennes, le destroyer Curtis Wilbur et le croiseur Cowpens. De plus, Washington dispose de plusieurs bases, pour certaines partagées avec les Britanniques, dans le Golfe Persique, notamment au Qatar, au Koweit et en Arabie Saoudite, susceptibles de servir de point d'appui à d'éventuelles représailles militaires. Il faut, bien sûr, y ajouter les bases de l'Otan en Méditerranée, en particulier à Chypre et en Turquie.

La France propose ses installations militaires à Djibouti.

Dans le même temps, le correspondant de RFI en Afrique du Sud, Bruno Minas, rapporte que l'armée américaine a lancé un appel d'offre pour le transport dans les meilleurs délais de 250 000 barils de carburant vers l'île de Diego Garcia, une base aérienne stratégique située au milieu de l'océan Indien, qui a beaucoup servi pendant la guerre du Golfe. On y compte, en permanence, quinze B-52 pouvant transporter vingt missiles chacun. Mais en cas de crise, elle peut en accueillir une trentaine. On y trouve aussi des Boeing de ravitaillement en vol KC135, ainsi que les fameux avions furtifs, F117.

Dans la région, Washington peut également compter sur un soutien, au moins logistique, de ses alliés européens. Outre celles qu'elle partage avec les Etats-Unis, la Grande Bretagne dispose d'une base aérienne à Bahreïn. En outre, la France pourrait offrir les facilités militaires, notamment navales et aériennes, dont elle dispose à
Djibouti. Point de jonction entre la Mer Rouge et l'Océan Indien, ce petit pays coincé entre l'Erythrée, l'Ethiopie et la Somalie a servi de base arrière pour les opérations militaires en Irak, il y a dix ans. L'armée française y dispose en permanence d'environ 2 700 hommes, dont une demi-brigade de la Légion étrangère.

Parallèlement, Washington a entrepris des discussions avec la Russie, envisageant la possibilité de s'appuyer sur ses installations militaires en Asie Centrale, notamment dans l'ancienne République soviétique du Tadjikistan, frontalière de l'Afghanistan, en cas d'attaque contre les partisans d'Oussama Ben Laden ou le régime des Talibans. Elle a également officiellement demandé au Pakistan l'autorisation d'utiliser son espace aérien.



par Christophe  Champin avec Bruno Minas à Johannesburg et la rédaction Afrique de RFI

Article publié le 20/09/2001