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Aviation

L'aviation civile dans la tourmente

Les attentats du 11 septembre dernier ont frappé de plein fouet les compagnies aériennes et les constructeurs américains. L'aviation civile est en perte de vitesse.
Malgré l'appel au civisme et le slogan lancé par le président George W. Bush, «la communauté économique sera à la hauteur», les valeurs boursières américaines sont en chute. Les compagnies aériennes en font les frais. Les valeurs TWA perdent 42%, Delta 41%, Continental 51%. Les compagnies européennes sont également touchées par cette dégringolade de leurs valeurs en Bourse. Air France enregistre une perte de 24%, British Airways 15,4%. Ces chiffres sont bien entendu provisoires. La crise dans le secteur était déjà persistante et ce ne sont pas les événements actuels qui favoriseront sa
relance.

Après un détournement d'avion par des pirates, où même après un crash, malgré un nombre impressionnant de victimes, jamais, les voyageurs n'ont jamais aussi vite boudé l'avion. La fatalité, pour l'heure, n'a pas eu raison de la peur. Selon des spécialistes de l'aviation civile et commerciale, les réservations seraient en chute de 28% dans le monde. L'essentiel de ces pertes concernerait le marché américain.

Les voyageurs boudent les avions et les Etats-Unis

Les vols domestiques américains sont les plus importants au monde, avec 1 200 000 voyageurs quotidiens. Un décollage sur deux, d'un avion dans le monde se fait aux Etats-Unis. C'est dire l'importance de ce secteur dans l'économie américaine. A ces mauvais chiffres, il faut rajouter la très lente reprise des communications internes, après quatre jours de fermeture de l'espace aérien américain. La réduction du trafic décuple les difficultés financières et conduisent les compagnies à envisager très sérieusement le dépôt de bilan.

C'est déjà le cas de Midway, qui pourrait être suivi par d'autres compagnies. La réduction du trafic qui entraîne automatiquement des baisses de revenus, fait craindre le pire: des licenciements massifs, et même la fermeture de certains aéroports pour manque de trafic nécessaire au maintien de l'activité. Seules les grandes compagnies, qui tentent par ailleurs des rapprochements, pourraient tirer leur épingle du jeu.

En Europe, Virgin Atlantic, spécialisé sur le trafic transatlantique, annonce déjà la suppression de 1 200 emplois. British Airways devrait souffrir aussi de cette nouvelle situation, parce qu'elle tire 40% de son chiffre d'affaires, du trafic avec l'Amérique du nord. Elle envisage par ailleurs de réduire son activité sur cette partie du monde. En revanche Air France semble mieux accuser le coup. Le trafic transatlantique ne représente que 18% de son chiffre d'affaires. A Air France, on affirme que l'impact de ces événements sur les activités de la compagnie n'est pas catastrophique. Progressivement, elle devrait recouvrer l'intégralité de sa vingtaine de vols quotidiens vers les Etats-Unis. Le premier chiffrage des pertes de la compagnie nationale française sera rendu public à la mi-octobre.

A la compagnie de vols charters Nouvelles frontières, les conséquences sont plus subtiles. Le voyagiste n'enregistre pas de pertes sèches mais plutôt un report de date, sinon un changement pur et simple de destination. L'Asie en profite avec 50% de réservations supplémentaires au détriment de l'Amérique du nord. Le voyagiste regagne donc d'une main ce qu'il perd de l'autre. Aujourd'hui, il ne transporte que 200 personnes pour l'Amérique du nord, au lieu de 400 par jour, avant les événements du 11 septembre.

La chute du trafic a bien sûr des répercussions chez les constructeurs. L'avionneur Boeing envisage de licencier 20 à 30 000 salariés dans sa division avions de ligne d'ici la fin 2002.

«Nous ne pouvons laisser les compagnies aériennes s'écrouler», a affirmé le secrétaire américain au Trésor, Paul O'Neil. Face à la catastrophe annoncée des transporteurs américains, les pouvoirs publics américains ont pris les devants en annonçant qu'ils étudient un plan de secours censé soutenir ce secteur. Les transporteurs partageront la manne financière avec la branche, pourvoyeuse de revenus, à laquelle ils sont liés: le tourisme. Le plan de sauvetage des compagnies aériennes devrait être présenté d'ici quelques jours par le gouvernement américain. Au pays du libéralisme, le réalisme politique peut parfois suppléer aux difficultés du marché.



par Didier  Samson

Article publié le 19/09/2001