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Economie française

Budget 2002 : Lionel Jospin garde le cap

Pour son premier budget en euro, et le dernier avant les échéances électorales de 2002, le gouvernement français a donné la priorité à l'emploi, la sécurité et l'éducation, en préservant une prévision de croissance optimiste, malgré les attentats survenus le 11 septembre dernier aux Etats-Unis. Le gouvernement mise toujours sur une croissance de 2,5% l'année prochaine, déjà considérée comme optimiste avant les attentats.
«Ce budget est à la fois réaliste et volontaire» a estimé Laurent Fabius, le ministre des Finances, alors qu'il venait de présenter son projet de budget 2002 à la commission des Finances. «Réaliste parce qu'il faut tenir compte des incertitudes de l'environnement général (à) volontaire parce qu'il faut se donner les moyens pour surmonter ces difficultés» a-t-il affirmé. Un budget semble-t-il optimiste malgré le climat d'incertitude grandissante créé par les attentats aux Etats-Unis le 11 septembre dernier.

Côté dépenses, priorité est donnée à l'emploi, la sécurité et l'éducation. «Les budgets concernés progresseront en 2002 deux fois plus vite que les autres» indique-t-on à Bercy. La police et la gendarmerie bénéficient ainsi d'une hausse de 4,5% de leurs crédits en 2002, la Justice d'une augmentation de 5,7% et l'Education nationale d'un budget en hausse de 3,8%. S'agissant de l'emploi, plus de 3 milliards d'euros (19,6 milliards de francs) seront consacrés au programme emplois-jeunes. Côté recettes, le gouvernement aura plus de difficultés à convaincre ses opposants, opposition en tête, qui lui reprochent des prévisions de croissance et d'inflation trop optimistes après le drame survenu aux Etats-Unis, la semaine dernière. Ainsi le ministère des Finances maintient-il sa prévision de croissance de 2,3% pour cette année et de 2,5% pour l'année prochaine. L'inflation, quant à elle, serait de 1,5% hors tabac en 2002.

En poursuivant son vaste plan d'allègements d'impôts sur trois ans, entrepris l'année dernière et en doublant la prime pour l'emploi, le gouvernement entend bien maintenir la consommation des ménages. Le refus de voir à la baisse les prévisions de croissance vise à ne pas aggraver l'inquiétude des Français, la consommation étant le principal moteur de la croissance, explique-t-on à Bercy pour répondre aux critiques acerbes et virulentes de l'opposition. En outre, ce projet de loi de finances 2002, ne contient pas, pour le moment, de dispositions particulières sur les fonds spéciaux dits secrets - qui ont fait grand bruit cet été -, car le gouvernement attend le rapport sur la question commandé au président de la Cour des comptes par Lionel Jospin.

Un budget «irréaliste» pour l'ensemble de l'opposition

C'est «un budget adapté à la période» a tenu à souligner le Premier ministre pour qui il n'y a «pas de raisons à ce jour de changer les priorités budgétaires». Un avis que ne partage pas l'opposition qui a aussitôt qualifié ce budget «d'irréaliste», après en avoir pris connaissance. Pour la majorité et pour le Parti socialiste (PS) en particulier, il s'agit avant tout de ne pas céder à la panique et de donner la priorité à la confiance et à la croissance. Ainsi Jean-Marc Ayrault, président du group PS à l'Assemblée nationale a jugé ce projet «volontariste, juste et équilibré» estimant que le gouvernement «envoie le bon message aux Français et à leurs entreprises». Côté majorité plurielle, le Parti communiste français (PCF) a emprunté une voie intermédiaire à celle du gouvernement et de l'opposition en estimant ce projet «insuffisant» et en déplorant qu'il «ne comporte pas de mesures assez fortes pour endiguer la baisse de la croissance». Le parti de Robert Hue a souhaité des efforts plus importants pour «favoriser la consommation donc l'emploi».

L'opposition a, sans surprise, tiré à boulets rouges sur ce projet. Jean-Louis Debré, président du groupe RPR à l'Assemblée nationale a déclaré que «la politique budgétaire du gouvernement Jospin est à bout de souffle et est contraint de recourir à des expédients pour boucler les fins de mois». Selon François d'Aubert, président du groupe Démocratie libérale (DL) ce budget «est conçu comme s'il n'y a avait pas eu le drame de la semaine dernière et est à la fois surréaliste et irréaliste». Quant aux partenaires sociaux, le MEDEF (le patronat français) a qualifié de «calamiteux» le projet de budget 2002 estimant «irréaliste» l'hypothèse de croissance de 2,5% retenue pour l'année prochaine. Enfin la CGT, syndicat ancré à gauche, a jugé que les choix budgétaires du gouvernement étaient «loin de répondre aux urgences du moment».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 19/09/2001