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Transports

Troisième aéroport:les sites candidats en piste

C'est mercredi 5 septembre qu'a été rendue publique la liste officielle des sites candidats à l'implantation d'un troisième aéroport dans le grand bassin parisien. Après quelques semaines de consultations, le gouvernement tranchera en octobre.
Le débat public sur le troisième aéroport «parisien», entamé depuis des mois, entre dans la dernière ligne droite, promettant quelques belles empoignades, tant les intérêts sont importants et les passions vives autour de ce projet. Atout économique pour une région, créateur d'emploi, un aéroport génère aussi des nuisances sonores et une dépréciation des biens fonciers et immobiliers. A la sortie du conseil des ministres, mercredi matin, le ministre de l'Environnement Yves Cochet relançait la polémique, quelques heures avant que la liste officielle des huit sites sélectionnés ne soit connue. Interrogé sur la candidature de Beauvilliers, dans l'Eure-et-Loir, le ministre, ouvertement opposé au principe même du projet, a estimé qu'il n'était «pas un bon site». Quant aux autres, «ils sont simplement des noms sur une carte et, pour certains de leurs élus, des propositions promotionnelles». Réclamant «des rapports, des études d'impact», il s'est réjoui que «le débat continue».

Huit dossiers de candidature ont été remis par les collectivités locales et les milieux économiques à la commission nationale de débat public, chargée de la mission Ducsai (Démarche d'utilité concertée pour un site aéroportuaire international). A part Beauvilliers (sud-ouest de Paris), tous les sites sont localisés dans un arc allant du nord à l'est du bassin parisien. Trois sont situés dans la Marne (Est): Vatry, Reims Grandes-Loges, et Reims-Bertaucry. Trois dans la Somme (Chaulnes, Hangest-en-Santerre et Montdidier-sud), et un dans l'Aisne (Juvincourt). Pour des raisons de procédure administrative, la candidature de Chaulnes était incertaine, mais elle a finalement été retenue dans la liste annoncée dans la soirée Pierre Zémor, président de la commission. Ce dernier a aussi présenté, dans ses grandes lignes, le déroulement des prochaines semaines de débat public. Suite à quoi, en octobre prochain, le gouvernement annoncera une décision définitive.

Un vol toutes les minutes

D'ici là, ce projet envisagé à l'horizon 2015 pour alléger le trafic de Roissy et Orly (officiellement au bord de la saturation avec 70 millions de passagers par an) donnera lieu à un vaste débat entre les opposants au projet et ses partisans, menés par le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot. Même si les consultations doivent porter aussi sur l'opportunité de construire une nouvelle plate-forme, ce dernier a pris les devants en affirmant début juillet qu'il y aurait bel et bien un troisième aéroport dans le Bassin parisien, même contre l'opposition de plusieurs élus. Ce que redoutent nombre d'habitants des régions sélectionnées, c'est que le nouvel aéroport absorbe rapidement un trafic équivalent à celui de Roissy: un vol toutes les minutes. Ainsi, en Eure-et-Loir, des associations, des syndicats, des élus et des résidents ont déjà prévu de protester à Chartres, dimanche 9 septembre.

Les experts de l'aviation civile, une administration qui dépend du ministère des Transports, affirment que la limite des deux aéroports existants est de 90 millions de passagers par an. Selon eux, l'augmentation annuelle du trafic est telle qu'ils seront totalement saturés dans trois ou quatre années. D'autres spécialistes estiment ces affirmations infondées. Dans Libération, un quotidien selon qui le troisième aéroport est «inutile», l'ancien président de la compagnie UTA, Antoine Veil, les qualifie de «plaisanterie» et de «fable». On peut donc attendre quelques escarmouches entre le ministre des Transports et celui de l'Environnement. A moins que, comme le redoutent certains adversaires du projet qui jugent révélatrice l'assurance de Jean-Claude Gayssot, la décision de construire une nouvelle plate-forme ne soit déjà prise, laissant au débat un caractère purement formel.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 05/09/2001