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Zone franc

Le pétrole ne fait pas forcément la croissance

Le rapport annuel du comité monétaire de la zone franc vient d'être publié. Le texte offre une photographie des zones CFA d'Afrique de l'Ouest, d'Afrique centrale pour l'année 2000, ainsi qu'un aperçu de l'économie comorienne. On en retiendra un chiffre global: la croissance a été de 2,4%, sur l'ensemble de la zone.
Afrique de l'Ouest

L'avance de l'économie ouest-africaine se poursuit, mais la locomotive tourne en roue libre. Les analyses présentées pour l'année 2000 dans le rapport du comité monétaire de la zone franc montrent que la récession en Côte d'Ivoire, -2,3% n'a pas bloqué la croissance des autres pays de la région.

Le voisin burkinabé, par exemple : +2,2%. Certes, c'est un tassement important, mais il faut rappeler que la production céréalière a connu une chute sévère en 2000. La croissance a en fait été soutenue par des investissements importants et une forte demande intérieure. Autre pays où la croissance s'est poursuivie : le Mali, +4,3% en dépit de la crise du secteur cotonnier. La production industrielle s'est en fait redressée, l'agroalimentaire, surtout. Les bâtiments et travaux publics ont profité de grands chantiers comme les préparatifs de la CAN 2002.

Enfin de façon générale, selon l'étude, le secteur tertiaire a continué à montrer son dynamisme en Afrique de l'Ouest. Il est à l'origine de la moitié du produit intérieur brut (PIB) de l'UEMOA. Dans le cas du Sénégal, ce secteur tertiaire, puise sa vitalité dans le tourisme, dans des activités informelles liées au commerce, au service aux ménages ou tout simplement dans de nouveaux métiers comme ceux liés à l'informatique.

Afrique centrale

A l'échelle de la CEMAC, la production pétrolière est en recul, et elle tire donc la croissance vers le bas, plus que n'elle ne la pousse. Certes, la production s'est intensifiée au Congo, certes elle tourne à plein en Guinée Equatoriale. Mais l'épuisement progressif des champs pétroliers gabonais et camerounais pèse plus lourd à l'échelle de la région. Production pétrolière, donc : -3,3% dans la CEMAC pour l'année 2000.

De ce chiffre découle en fait les performances des différents pays membres. Ainsi le Cameroun, qui possède d'autres moteurs de croissance, a vu son PIB augmenter de 4,6%. Contribution significative des Bâtiments et Travaux Publics. Croissance également des activités de transport, du téléphone mobile et des nouvelles technologies. Au Gabon, l'épuisement progressif des principaux champs de pétrole n'est pas encore compensé par d'autres secteurs. Celui du bois continue à se redresser. L'année 2000, au Gabon a, du coup, été marquée une nouvelle fois par la récession : PIB en baisse de 1,2%. C'est tout de même un progrès par rapport à l'année précédente.

Parmi les pays qui profitent de la manne pétrolière, il y a le Congo. Croissance en hausse de 7,5%, le pays profite de la normalisation. Et puis la Guinée Equatoriale, bien sûr : avec une croissance à deux chiffres : + 16,8%. Le pompage tourne à plein.

Les Comores

C'est l'histoire, pourrait-on dire, d'une économie qui s'est enfoncée dans la morosité et qui ne parvient pas à en sortir. Selon le rapport, le secteur manufacturier comorien a continué à souffrir, en 2000 d'un contexte politique tourmenté. Mais également de l'étroitesse du marché intérieur et de l'irrégularité dans l'alimentation en eau ou en électricité. Les exportations (elles) sont compliquées par l'insuffisance des communications aériennes et maritimes avec l'archipel.

Or, cette morosité industrielle, le secteur primaire n'est pas venu la compenser. La production de la vanille, principale produit d'exportation est restée stagnante : quelque 140 tonnes. Le clou de girofle : forte baisse des récoltes, les Comores ont payé le prix des méthodes de cueillettes rapide qui avaient été utilisées en 99. Quant à la pêche, elle contribue peu à la croissance, elle n'est pratiquée que sur une étroite bande côtière à l'aide de petites pirogues, les galawas.

Il reste une piste qui pourrait être un moteur de croissance pour l'archipel : le tourisme. Mais à condition que la vie politique s'apaise. Le rapport du comité monétaire de la zone franc signale également que les infrastructures font pour l'instant défaut. La capacité d'accueil du parc hôtelier n'a pas vraiment évolué depuis 91 et l'ouverture d'un complexe balnéaire au Nord de grandes Comores.

Pour en savoir plus :Lire le rapport
http://www.banque-france.fr/fr/zonefr/main.htm



par Laurent  Correau

Article publié le 22/09/2001