Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Prix Nobel

Le centenaire des prix

D'un héritage colossal sont nés cinq prix, puis six, qui portent le nom devenu célèbre de celui les a imaginé, le Suédois Alfred Nobel, lui-même inventeur de la dynamite.
Alfred Nobel avait un rêve : que sa fortune serve à récompenser tous ceux qui faisaient progresser l'humanité. A sa mort en 1895, l'ouverture de son testament a presque fait scandale. Sa famille n'héritait que de deux millions de couronnes suédoises alors que trente trois millions devaient servir à créer une fondation dont la mission serait de décerner chaque année cinq prix : physique, chimie, médecine, littérature et paix. Alfred Nobel était un homme ouvert, curieux qui croyait en l'humanité. Dans son esprit, de telles récompenses, qui n'étaient pas qu'honorifiques puisqu'elles s'accompagnaient d'une somme conséquente, devaient participer à répandre la «connaissance» et la «prospérité».

Cette donation posthume, dont les objectifs étaient aussi généreux qu'utopiques, est donc à l'origine des célèbres prix Nobel qui fêtent cette année leur centième anniversaire. C'est, en effet, en 1901 que les premières récompenses ont été décernées après plusieurs années de querelles sur la répartition de la fortune de l'inventeur de la dynamite. Faire naître la fondation tant désirée n'a pas été chose facile. Elle a finalement vu le jour à Stockholm, en Suède, le pays d'origine du savant, en 1900 et a commencé la sélection des «nobélisables» du premier cru avec les institutions en charge de chacun des domaines choisis.

L'Académie suédoise de littérature décerne le prix Nobel dans cette discipline, l'Assemblée Nobel du Karolinska Institut celui de médecine, l'Académie royale des Sciences ceux de physique, chimie, et depuis 1968, celui d'économie. Ce dernier prix ne faisait, en effet, pas partie des disciplines sélectionnées par Alfred Nobel. C'est la banque centrale de Suède qui l'a institué en mettant à la disposition de la Fondation une dotation spéciale. Cela n'a pas été le cas des mathématiques, qui n'étaient pas mentionnées non plus dans le testament, et qui sont toujours privées de prix. Quant au Nobel de la paix, il fait un peu bande à part et est décerné par le Comité Nobel norvégien, à Oslo. Mais il faut rappeler qu'au début du siècle, Suède et Norvège ne formaient qu'un seul et même royaume.

Kofi Annan, Nobel de la paix 2001 ?

Les candidats au prix Nobel de la paix peuvent être désignés par différents circuits. Les anciens lauréats sont habilités à proposer des noms tout comme les parlementaires, les ministres de tous les pays ou encore des professeurs d'université et bien sûr, les membres du comité Nobel. La petite histoire de ce prix est pleine de candidatures insolites motivées par des arguments non moins surprenants. Pour 2001, un député suédois a proposé d'attribuer le prix Nobel de la paix à la Fédération internationale de football, parce que ce sport permet d'établir de bonnes relations entre les peuples !

Bien sûr, les prix Nobel ont connu quelques couacs. Certains lauréats ont refusé leur récompense. Jean-Paul Sartre, par exemple, prix Nobel de littérature en 1964, n'en a pas voulu. Des critiques ont aussi souvent mis en avant le fait que les prix Nobel laissaient de côté certains scientifiques éminents ou auteurs incontournables, que les femmes ne figuraient que très peu au palmarès, que les auteurs américains et européens avaient la part trop belle. Quelques accusations ont même affleuré sur des choix guidés par le copinage ou des intérêts commerciaux plus que par la valeur intrinsèque des élus. Comme, par exemple, lorsque l'Académie suédoise de littérature a choisi, en 1974, de récompenser deux de ses pairs, Harry Martinson et Eyvind Johnsson. Ou encore, quand cette même académie a refusé de condamner la fatwa qui frappait Salman Rushdie après la parution de son livre controversé Les versets sataniques.

Il n'empêche, les prix Nobel ont déjà vécu cent ans et ce n'est pas si mal. Ils ont récompensé plus de 700 personnalités et institutions plus ou moins connues du grand public. De François Mauriac (littérature, 1952) à Nadine Gordimer (littérature,1991), de Wilhelm Conrad Röntgen (physique, 1901) à Albert Einstein (physique, 1922), de Robert Koch (médecine, 1905) à Jean Dausset (médecine,1980), de Maurice Allais (économie, 1988) à Robert Mundell (économie, 1999).

Chaque année, la saison des Nobel est un événement attendu. Cette année plus encore, puisque la remise des prix et la révélation des noms des heureux lauréats vont être accompagnées des célébrations du centenaire de l'événement. Les Nobel 2001 seront prestigieux et symboliques. Il sont d'ailleurs dotés d'une somme plus importante que l'année dernière, 10 millions de couronnes suédoises. Le prix Nobel de médecine ouvre le bal, le 8 octobre. Il sera suivi le 9 octobre, par le prix de physique puis le 10, par ceux de chimie et économie et le 12, par le prix Nobel de la paix. Seule la date du prix Nobel de littérature n'est pas connue pour le moment. La cérémonie de remise des récompenses a traditionnellement lieu, le 10 décembre, jour anniversaire de la mort d'Alfred Nobel, à Stockholm et Oslo.

Les résultats des délibérations sont tenus secrets jusqu'au dernier moment. Mais cela n'empêche pas les spéculations. Notamment autour du prix Nobel de la paix. Le nom de Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, est celui qui revient le plus souvent cette année. Il devancerait au palmarès des sélectionnés en course pour le prix, le Tribunal pénal international et l'ancien président américain, Jimmy Carter. Tant et si bien que la surprise viendrait presque du fait que Kofi Annan ne soit finalement pas choisi.



par Valérie  Gas

Article publié le 07/10/2001