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Somalie

Pourparlers de paix à Nairobi

Des négociations de paix se sont ouvertes à Nairobi entre le Gouvernement national de transition et des chefs de guerre. C'est une nouvelle tentative pour tenter de sortir le pays du chaos.
De notre correspondant au Kenya

Pour la Somalie, ce pourrait bien n'être qu'une conférence de paix de plus -la treizième du genre- mais pour le Gouvernement national de transition (GNT) somalien, les négociations qui se sont ouvertes jeudi 1er novembre à Nairobi ont toutes les chances de s'avérer, de l'aveu d'un diplomate, celles de la «dernière chance».

Dans la salle de bal d'un grand hôtel de Nairobi, les délégués du GNT, avec à leur tête le président Abdulkassim Salat Hassan, ont entamé, à l'invitation du président kenyan Daniel arap Moi, des discussions avec leurs opposants, les principaux chefs de guerre somaliens du Conseil somalien de réconciliation et de restauration (CSRR). L'enjeu, «à l'approche du Ramadan, comme l'a souligné le président Moi, est de former un gouvernement et des institutions avec une vision (à) pour en finir avec les maux de la Somalie, (à)éviter que le pays ne devienne un havre pour les terroristes et ne présente une menace pour tous les pays de la région.»

En fait de gouvernement, la Somalie, après avoir passé pratiquement dix années sans Etat central après le renversement de Syad Barre en 1991, expérimente depuis quelques mois les limites du GNT. Formé au terme d'une conférence de réconciliation organisée à Arta sous le patronage des autorités de Djibouti, et à laquelle les principaux chefs de guerre de Mogadiscio avaient refusé de prendre part, le GNT et son président Abdulkassim Salat Hassan avaient fait leur entrée dans Mogadiscio en août 2000, suscitant des espoirs vite éteints par sa incapacité à s'imposer.

Démêler l'écheveau somalien

Qualifié par les observateurs de «gouvernement virtuel», le GNT ne contrôle qu'un tiers de la capitale somalienne, tient ses réunions dans une ancienne école de police puisque les bâtiments du gouvernement somalien, la Villa Somalia, se trouvent sous le contrôle du chef de guerre Hussein Aidid, président du CSRR, et se trouve à court de fonds, au point que ses responsables ont dû recourir à l'impression massive de shillings somaliens, déclenchant ainsi une dévaluation catastrophique. C'est dire si le GNT, qui vient de surcroît de s'offrir le luxe d'une crise politique en déposant son Premier ministre -un ancien homme d'affaire chargé de rassurer les bailleurs de fonds, mais rival du président Salat-, est au bord de la crise, et ne se trouve pas en position de force pour amener les chefs de faction à le rejoindre.

Aucun des poids-lourds du CSRR n'avait d'ailleurs fait le voyage jusqu'à Nairobi vendredi 2 novembre, laissant le président Salat face à des figurants, à l'exception du seul secrétaire général du CSRR, Mowlid Ma'an Mohamud, et d'Ali Osman «Atto», l'un des chefs de faction les moins agressifs à son égard. Dans le même temps, Hussein Aïdid, Hassan Mohamed Nur «Shatigudud» et Musa Sudi Yalahow, les trois locomotives du CSRR, étaient toujours réunis en Ethiopie, à l'invitation des autorités d'Addis Abeba,. Ce n'est pas un hasard. «Le règlement de la crise somalienne ne pourra se faire que lorsque les parrains régionaux se seront mis d'accord pour une solution négociée. En l'occurrence, l'Ethiopie doit accepter que le CSRR s'associe à un gouvernement d'union nationale pour que les chefs de factions viennent à Nairobi entamer de véritables pourparlers.» analyse un diplomate.

Faute d'un tel accord préalable, toutes les conférences organisées pour ramener la paix en Somalie se sont à ce jour révélées des pantalonnades. Or, sous la pression des événements internationaux, et du besoin d'éviter de transformer la Somalie en «second Afghanistan», l'imbroglio régional pourrait se démêler. Un responsable du dossier somalien au sein d'une grande institution internationale explique : «Nous avons travaillé au cours des jours derniers à convaincre l'Ethiopie de se laisser les chefs du CSRR de se joindre aux discussions de Nairobi.» A la clef, différents bailleurs de fonds estiment pouvoir débloquer près de 500 millions de dollars, gelés sur des comptes depuis le retrait des Nations unies du pays en 1995, donnant ainsi une véritable chance à un futur gouvernement de fonctionner. Les jours à venir diront si cette offre est parvenue à satisfaire l'ensemble des parties, et si les Somaliens peuvent s'attendre à sortir de leur exception.



par A Nairobi, Jean-Philippe  REMY

Article publié le 02/11/2001