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Commerce mondial

Les opposants à la mondialisation persistent et signent

Ne les appelez pas militants antimondialisation, ils récusent ce terme et préfèrent «mondialisation alternative». Deux ans après les manifestations de Seattle, acte fondateur du refus «citoyen» d'une globalisation ultralibérale, ces opposants devraient être satisfaits car leurs idées ont fait du chemin. Tel n'est pourtant pas le cas et ils le feront savoir, à nouveau, pendant la durée de la réunion de l'OMC, du 9 au 13 novembre à Doha (Qatar).
«Le monde n'est pas une marchandise» a déclaré François Huwart, secrétaire d'Etat français au commerce extérieur lors d'une rencontre consacrée à la mondialisation, en une phrase que n'aurait pas reniée José Bové. «Une autre mondialisation est possible» a ajouté en écho Béatrice Marre députée socialiste. A l'évidence, depuis l'échec de la réunion de l'OMC à Seattle en décembre 1999 les slogans et idées véhiculés par les militants des associations antimondialisation se sont largement répandus. Mais les efforts faits par l'Organisation mondiale du commerce pour améliorer son fonctionnement et la transparence des processus de décision, la prise en compte relative par les gouvernements des critiques les plus virulentes émanant des ONG, syndicats et associations n'ont pas suffi.

A Doha, Emirat du Qatar, il ne faut pas s'attendre à des manifestations de l'ampleur de celles organisées lors des dernières rencontres internationales, sommets de l'Union européenne ou du G8. Seules 600 ONG seront représentées pendant la réunion de la 4e conférence ministérielle de l'OMC, les accréditions et visas ayant été délivrés au compte-goutte.

La protestation des militants pour une mondialisation alternative n'en sera pas pour autant assourdie. Une coalition d'ONG américaines a déjà fait savoir qu'elle rejetait le projet de déclaration de Doha «comme une gifle à la figure du mouvement antimondialisation» estimant que les propositions en faveur des pays en développement et de la société civile sont ignorées. En pointe lors du sommet de Seattle, ces organisations prédisent à la conférence de Doha soit un désastre pour la majorité de ses membres soit un nouvel échec.

Soumettre l'OMC au droit international

En Europe, les organisations opposées à la libéralisation mondialisée se coalisent «face aux prétentions de l'OMC». Attac (Association pour une taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens) recense 94 manifestations dans 9 pays européens, le 10 novembre. Objectif : ne pas poursuivre le mouvement de libéralisation du commerce international avant d'avoir fait le bilan critique. Notamment les répercussions sociales, culturelles, environnementales des précédents accords de Marrakech en 1994.

Avant tout, ces organisations entendent rétablir une hiérarchie des normes qui régissent la communauté internationale et «soumettre l'OMC au droit international». Les règles du commerce ne devraient pas être considérées comme supérieures aux règles sociales édictées par l'Organisation internationale du travail (OIT) ou de n'importe quelle autre organisation spécialisée des Nations unies.

Et, s'ils refusent le terme d'antimondialisation, c'est qu'ils ne sont «pas opposés à toute forme de libéralisation des échanges», explique Pierre Khalfa, membre du conseil scientifique d'Attac.

Ainsi, le bénéfice pour les populations prime quand il s'agit de «libéraliser» les droits de propriété intellectuelle revendiqués par l'industrie pharmaceutique sur les médicaments ou d'interdire les brevets sur le vivant, humain, animal ou végétal. En revanche, les services publics tels l'eau, la santé, l'éducation, la culture, les transports, l'énergie doivent être exclus du projet d'accord sur la libéralisation du commerce des services. Dans un appel unitaire les organisations françaises se prononcent en outre pour la proclamation comme bien commun de l'humanité de l'eau de l'air et du patrimoine génétique.



par Francine  Quentin

Article publié le 08/11/2001