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Zambie

La classe politique devant les électeurs

Les Zambiens se rendent aux urnes pour renouveler tout le personnel politique du pays. Du président de la République aux conseillers municipaux, en passant par les députés. Onze partis politiques présentent des candidats aux différentes consultations, espérant tous réaliser un bon score. Le véritable enjeu de ces élections est la désignation d’un nouveau président de la République, en remplacement de Frederick Chiluba qui ne peut briguer un troisième mandat à la tête de l’Etat.
Le président sortant et président en exercice de l’Organisation de l’unité africaine, OUA, Frederick Chiluba, n’a pu modifier la constitution comme il le souhaitait pour briguer un troisième mandat à la tête de l’Etat. Ses intentions avaient provoqué en avril dernier une grave crise politique au sein de sa majorité et de son parti, le Mouvement pour une démocratie multipartite. Ancien ministre des affaires étrangères, et vice-président, le général Christon Tembo avait mené une fronde avec une vingtaine de députés et ministres, obligeant le président Chiluba à renoncer à son projet de modification de la constitution. Le général qui avait démissionné de son poste a rejoint les rangs de l’opposition et est aujourd’hui un candidat sérieux au fauteuil présidentiel. Il jouit d’une réputation d’homme intègre et tire les bénéfices politiques de son opposition aux intentions présidentielles. Il se présente sous la bannière d’un nouveau parti politique, le Forum pour la démocratie et le développement (FDD).

Anderson Mazoka est aussi un prétendant sérieux à la présidence de la république zambienne. Riche homme d’affaires, il a mené sa campagne autour d’un thème essentiel, la pauvreté. La récente flambée des prix des denrées alimentaires et surtout la pénurie du maïs, ont été un terreau fertile pour le candidat du Parti uni pour le développement national (UPND). Le prix du sac de 50 kg de maïs est passé, ces derniers mois, du simple au double, hors de la portée du citoyen moyen; 45 000 kwacha, soit environ 15 000 francs CFA. Durant toute la campagne, l’homme d’affaires, a eu des mots très durs sur la politique économique ultra libérale de Frederick Chiluba. «Les électeurs ont entre leurs mains le pouvoir de décider si la Zambie doit continuer à glisser dans l’abîme créé par le MMD (parti au pouvoir) ou être sauvé du naufrage total».

Moins attrayant mais peut-être plus émouvant est le retour sur le devant de la scène politique du père de l’indépendance et ancien président Kenneth Kaunda. Il s’est présenté comme le fédérateur de toute l’opposition, en appelant à la création d’une coalition. Mais il a surtout été perçu comme roulant pour son fils Tilyenji, président du Parti unifié de l’indépendance nationale (UNIP) lui même candidat. Kenneth Kaunda a tiré des leçons du scrutin de 1996, pour lequel il avait appelé au boycott. Son parti n’a aujourd’hui aucun siège dans l’assemblée sortante. Kenneth Kaunda avait dirigé la Zambie pendant 27 ans, de l’indépendance en 1964 à 1991 où il a été battu par Frederick Chiluba.

Partir pour mieux rester

Frederick Chiluba ne pouvant plus briguer un nouveau mandat présidentiel, trouve en la personne de son ancien vice-président, Levy Mwanawasa le digne continuateur de son œuvre.
Il a retrouvé la confiance de Chiluba, lui qui avait bruyamment démissionné en 1994 de la vice-présidence pour divergence politique avec le président de la république. Candidat du parti au pouvoir, le Mouvement pour la démocratie multipartite, Levy Mwanawasa subit les attaques de toute l’opposition qui dénonce son opportunisme politique et les «grossières erreurs» qu’il multiplie lors de ses interventions publiques. «Ma sœur Frederick Chiluba», au lieu de mon frère, ou encore se trompant de date des élections, suffisent à l’opposition pour le déclarer incapable. Levy Mwanawasa reconnaît avoir eu quelques difficultés d’élocution après un grave accident de la circulation en 1994. Il affirme aujourd’hui être en possession de tous ses moyens. Il se défend par ailleurs d’être une marionnette du président sortant, qui va tout de même garder la présidence du parti, le MMD. A tous ses détracteurs Chiluba oppose les résultats de la croissance économique retrouvée qui serait de 4% au lieu de 2% à sa prise de pouvoir. Levy Mwanawasa confiant que les électeurs sauront au président sortant ne doute de remporter l’élection présidentielle.

Outre les enjeux présidentiels, les électeurs devront également élire 150 députés sur les 158 que compte l’assemblée nationale zambienne. Huit sont nommés par le président de la république. Ce scrutin concerne également l’élection de 1 100 élus locaux. L’importance de ce scrutin a nécessité la formation de 50 00 agents appelés à siéger dans les bureaux de vote. Leur formation a été supervisée par l’Institut national démocratique (NDI) basé aux Etats-Unis, dont les experts ont préalablement formé des représentants des onze parti politiques du pays.

L’Union européenne participe également à la bonne tenue de ces élections en proposant de prendre en charge chaque membre des bureaux de vote par une indemnité journalière de 40 000 kwacha soit environ 7 000 francs CFA. Plusieurs organisations non gouvernementales surveillent aussi ces élections. Le centre Carter, après plusieurs entrevues avec la Commission électorale zambienne s’est dit plutôt satisfait de la préparation du scrutin. Il a dépêché en Zambie une délégation de 33 personnes, conjointement dirigée par les anciens chefs d’Etat du Nigeria le général Abdulsalami Abubakar, et du Bénin, le présidents Nicéphore Soglo, ainsi que l’ancien Premier ministre tanzanien Joseph Warioba. La délégation du centre Carter comprend des observateurs venus d’Afrique du sud, du Malawi, du Mozambique, du Zimbabwe, des Etats-Unis, du Canada, de l’Allemagne et du Royaume-Uni. En leur nom le président Soglo félicite «les Zambiens pour la paix relative que le pays a connue pendant la campagne électorale et nous espérons que les électeurs se présenteront en masse pour accomplir leur devoir de citoyen».



par Didier  Samson

Article publié le 27/12/2001