Mali
L’Adema s’est choisi un candidat
L’Alliance pour la démocratie au Mali, Adema, parti au pouvoir a finalement désigné son candidat pour l’élection présidentielle d’avril prochain. Soumaïla Cissé, ministre de l’équipement de l’aménagement du territoire, de l’environnement et de l’urbanisme, a été désigné par la convention du parti qui s’est tenu les 5 et 6 janvier au palais des congrès de Bamako.
Soumaïla Cissé est le candidat officiel de l’Adema. Ainsi l’ont voulu les militants du parti réunis en convention à Bamako. Il a obtenu 221 voix contre 180 pour son adversaire Soumeylou Boubeye Maïga, l’actuel ministre des forces armées et des anciens combattants et premier vice-président du parti. Titulaire d’un diplôme supérieur en gestion des entreprises, Soumaïla Cissé avait débuté sa carrière en France dans les groupes, IBM, Pechiney et Thomson. A la faveur de la démocratie naissante au Mali, il retourne au pays où il occupe le poste de secrétaire général de la présidence avant d’être nommé ministre de l’économie et des finances en 1992. Rigoureux, il est bien connu des les instances financières internationales qui ont apprécié son passage au ministère des finances du Mali. Le projet de gouvernement qu’il proposera à l’approbation des militants de son parti et au peuple malien tourne autour de ce qu’il appelle: «la lutte contre la pauvreté par le micro-crédit, la décentralisation et le renforcement de l’Etat de droit». Soumaïla Cissé, 52 ans, ingénieur en informatique veut aussi changer son image de technocrate, pour devenir le candidat de tous, populaire et rassembleur. Mais pourra-t-il compter sur les instances régionales d’un parti divisé même s’il sauve aujourd’hui les apparences?
A quelques mois de l’élection présidentielle cette désignation officielle de candidat ne marque pas pour autant la fin des dissensions internes au sein du parti au pouvoir. Malgré les accolades de congratulations entre le vainqueur et son adversaire, personne n’oublie les violentes empoignades qui opposent les militants entre eux et qui ne sont que la banale traduction des querelles des chefs. Le président du parti, Dioncounda Traoré en appelle à la responsabilité des uns et des autres, mais il n’a visiblement pas été entendu. L’actuel Premier ministre, Mandé Sidibé qui était aussi candidat à l’investiture, s’est finalement retiré de la course, dénonçant publiquement des vices de forme, au mépris de certains textes du parti, dans le processus de désignation des candidats. Ses partisans, qui ont également boycotté cette convention, dénoncent des irrégularités qu’ils auraient constatées lors des primaires dans les régions. Qu’importe, le candidat officiel, Soumaïla Cissé salue la victoire de la démocratie interne au sein de l’Adema. Pour Alpha Oumar Konaré, président de la République, et fondateur du parti, ce mode de désignation du candidat est un gage de maturité politique, qui n’exclut a priori personne. Mais son Premier ministre Mandé Sidibé, officieusement et toujours candidat, n’a fait aucune déclaration au terme de la convention de l’Adema. Le parti a un candidat, mais qui n’est pas le champion consensuel souhaité par la base.
Les adversaires de Soumaïla Cissé
A l’image de l’Adema, c’est toute la classe politique malienne qui n’arrive pas à trouver dans ses différents groupes des candidats rassembleurs. Même des partis dits de la mouvance présidentielle vont présenter des candidats propres. Certes, c’est une attitude légitime pour toute formation politique qui veut mesurer sa capacité de mobilisation autour d’un projet, mais qui peut se révéler dangereuse pour l’Adema, dans la mesure où les clivages et alliances politiques ne sont pas faits sur des bases idéologiques, mais tout simplement sur des intérêts évidents et de partage du pouvoir. Par ailleurs dans les camps opposés, qui ne sont pas vraiment l’opposition, certains candidats déjà déclarés pourraient être des adversaires sérieux face Soumaïla Cissé. Parmi eux, l’ancien Premier ministre et ancien président démissionnaire de l’Adema, Ibrahim Boubacar Kéita, aujourd’hui à la tête du RPM, le Rassemblement pour le Mali, qui veut en finir avec une certaine manière de conduire les affaires du pays. Choguel Maïga du MPR, le Mouvement pour le renouveau, qui se réclame de l’ancien président de la république, Moussa Traoré, est le candidat le plus critique de l’ère démocratique inauguré par Alpha Oumar Konaré. Un autre légendaire opposant, Moutanga Tall mobilise au sein de son parti, le CNID, ce qui lui reste de militants fidèles pour se présenter au suffrage des Maliens. Des querelles au sein de son mouvement ont régulièrement entraîné des départs et qui ont alimenté les rangs d’autres formations politiques. Enfin la probable candidature du général à la retraite, Amadou Toumani Touré, tombeur de la dictature de Moussa Traoré, constitue aux yeux des militants de l’Adema le réel obstacle au maintien d’un des leurs à la tête de l’Etat.
Et pour réussir le scrutin d’avril 2002, le pouvoir a multiplié les différents niveaux de contrôle et réparti les tâches. En 1997 l’opposition avait déjà boycotté les élections dénonçant leur mauvaise préparation. Trois structures sont déjà installées pour préparer, conduire et vérifier le bon déroulement des élections générales. Le ministère de l’Administration territoriale est chargée de l’organisation matérielle des opérations, la Délégation générale aux élections est chargée de la bonne tenue du fichier électoral, du contrôle du financement des partis politiques et la Commission nationale électorale indépendante a la charge de la supervision des élections. Premières conséquences de ce dispositif qui doit assurer la transparence, l’annulation d’environ 5 millions de cartes d’électeurs, déjà confectionnées et qui ont coûté plus de 100 millions de franc CFA. La démocratie a un prix.
A quelques mois de l’élection présidentielle cette désignation officielle de candidat ne marque pas pour autant la fin des dissensions internes au sein du parti au pouvoir. Malgré les accolades de congratulations entre le vainqueur et son adversaire, personne n’oublie les violentes empoignades qui opposent les militants entre eux et qui ne sont que la banale traduction des querelles des chefs. Le président du parti, Dioncounda Traoré en appelle à la responsabilité des uns et des autres, mais il n’a visiblement pas été entendu. L’actuel Premier ministre, Mandé Sidibé qui était aussi candidat à l’investiture, s’est finalement retiré de la course, dénonçant publiquement des vices de forme, au mépris de certains textes du parti, dans le processus de désignation des candidats. Ses partisans, qui ont également boycotté cette convention, dénoncent des irrégularités qu’ils auraient constatées lors des primaires dans les régions. Qu’importe, le candidat officiel, Soumaïla Cissé salue la victoire de la démocratie interne au sein de l’Adema. Pour Alpha Oumar Konaré, président de la République, et fondateur du parti, ce mode de désignation du candidat est un gage de maturité politique, qui n’exclut a priori personne. Mais son Premier ministre Mandé Sidibé, officieusement et toujours candidat, n’a fait aucune déclaration au terme de la convention de l’Adema. Le parti a un candidat, mais qui n’est pas le champion consensuel souhaité par la base.
Les adversaires de Soumaïla Cissé
A l’image de l’Adema, c’est toute la classe politique malienne qui n’arrive pas à trouver dans ses différents groupes des candidats rassembleurs. Même des partis dits de la mouvance présidentielle vont présenter des candidats propres. Certes, c’est une attitude légitime pour toute formation politique qui veut mesurer sa capacité de mobilisation autour d’un projet, mais qui peut se révéler dangereuse pour l’Adema, dans la mesure où les clivages et alliances politiques ne sont pas faits sur des bases idéologiques, mais tout simplement sur des intérêts évidents et de partage du pouvoir. Par ailleurs dans les camps opposés, qui ne sont pas vraiment l’opposition, certains candidats déjà déclarés pourraient être des adversaires sérieux face Soumaïla Cissé. Parmi eux, l’ancien Premier ministre et ancien président démissionnaire de l’Adema, Ibrahim Boubacar Kéita, aujourd’hui à la tête du RPM, le Rassemblement pour le Mali, qui veut en finir avec une certaine manière de conduire les affaires du pays. Choguel Maïga du MPR, le Mouvement pour le renouveau, qui se réclame de l’ancien président de la république, Moussa Traoré, est le candidat le plus critique de l’ère démocratique inauguré par Alpha Oumar Konaré. Un autre légendaire opposant, Moutanga Tall mobilise au sein de son parti, le CNID, ce qui lui reste de militants fidèles pour se présenter au suffrage des Maliens. Des querelles au sein de son mouvement ont régulièrement entraîné des départs et qui ont alimenté les rangs d’autres formations politiques. Enfin la probable candidature du général à la retraite, Amadou Toumani Touré, tombeur de la dictature de Moussa Traoré, constitue aux yeux des militants de l’Adema le réel obstacle au maintien d’un des leurs à la tête de l’Etat.
Et pour réussir le scrutin d’avril 2002, le pouvoir a multiplié les différents niveaux de contrôle et réparti les tâches. En 1997 l’opposition avait déjà boycotté les élections dénonçant leur mauvaise préparation. Trois structures sont déjà installées pour préparer, conduire et vérifier le bon déroulement des élections générales. Le ministère de l’Administration territoriale est chargée de l’organisation matérielle des opérations, la Délégation générale aux élections est chargée de la bonne tenue du fichier électoral, du contrôle du financement des partis politiques et la Commission nationale électorale indépendante a la charge de la supervision des élections. Premières conséquences de ce dispositif qui doit assurer la transparence, l’annulation d’environ 5 millions de cartes d’électeurs, déjà confectionnées et qui ont coûté plus de 100 millions de franc CFA. La démocratie a un prix.
par Didier Samson
Article publié le 07/01/2002